(AOF) - L'action TotalEnergies (-2,64% à 58,71 euros) occupe la place de lanterne rouge de l'indice CAC 40 en raison d’une performance décevante au quatrième trimestre, même s’il affiche des résultats historiques en 2023. Le groupe français pâtit également de la comparaison avec son concurrent BP, qui a dévoilé mardi des profits plus élevés que prévu. TotalEnergies en avait d’ailleurs bénéficié en Bourse. UBS reste à l'Achat sur le titre TotalEnergies maintenant son objectif de cours à 67 euros.
Bénéfice net annuel record
Le résultat net ajusté 2023 de TotalEnergies ressort à 23,2 milliards de dollars, en chute de 36%, soit 9,40 dollars par action (baisse de 33% sur un an). L'Ebitda ajusté 2023 a chuté de 50% pour s'établir à 50 milliards de dollars.
Toutefois, le groupe pétrolier a dégagé un bénéfice net annuel record de 21,38 milliards de dollars en progression de 4%. En 2022, la société avait enregistré un bénéfice net de 20,53 milliards de dollars. Cette hausse du résultat net est dû à "la croissance des hydrocarbures, en particulier du GNL, et de l'électricité", précise TotalEnergies.
Concernant ces performances au quatrième trimestre, l'entreprise a enregistré un résultat net ajusté de 5,2 milliards de dollars en repli de 19%. Il est inférieur de 1% au consensus de 5,3 milliards de dollars et à la prévision d'UBS qui anticipait 5,5 milliards de dollars.
Sur cette même période, son Ebitda ajusté s'élève à 10,7 milliards de dollars en baisse de 10%.
Son cash-flow de 8,5 milliards de dollars a diminué de 9%. Il est inférieur de 1% au consensus de Visible Alpha de 8,6 milliards de dollars. UBS prévoyait un cash-flow de 9,8 milliards de dollars.
La production Oil & Gas du quatrième trimestre s'est établie à 2,46 millions de barils équivalent pétrole par jour (Mbep/j), bénéficiant d'une augmentation de la production de GNL de 7% sur le trimestre. Dans le contexte d'un cours du Brent en repli, l'Exploration-Production réalise un trimestre solide, avec un résultat opérationnel net ajusté de 2,8 milliards de dollars et un cash-flow de 4,7 milliards de dollars.
Sur l'année 2023, la compagnie a racheté pour 9 milliards de dollars d'actions dont 1,5 milliard de dollars liés au produit de la vente des actifs canadiens. Elle a poursuivi la réduction de sa dette nette à 6 milliards de dollars pour un ratio d'endettement de 5%, bénéficiant d'une amélioration du fonds de roulement de 5 milliards de dollars.
Dividende accru et rachat d'actions
En marge de ces résultats, le conseil d'administration, réuni le 6 février 2024, a décidé de proposer la distribution d'un dividende en 2023 de 3,01 euros action, en augmentation de 7,1%.
En outre, "le conseil d'administration confirme sa politique de retour à l'actionnaire à plus de 40% du cash-flow pour 2024, qui combinera une augmentation des acomptes sur dividende de 6,8% à 0,79 euro par action et des rachats d'actions pour 2 milliards de dollars au premier trimestre, niveau qui restera la base des rachats trimestriels dans l'environnement actuel."
Côté perspectives, les dépenses d'investissement devraient se situer dans la moitié supérieure de la fourchette à long terme en 2024, à 17-18 milliards de dollars. Ce montant est supérieur à l'estimation d'UBS : 16,8 milliards de dollars et aux 16 milliards de dollars de consensus.
La production devrait être supérieure à 2,4 Mbep/j au premier trimestre 2024 (légèrement inférieur aux prévisions d'UBS : 2,47 Mbep/j) et augmenter de 2% en glissement annuel pour l'exercice 2024, après ajustement pour la cession canadienne (contre +3% selon UBS).
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Groupe intégré de l’énergie, 3ème compagnie pétrolière mondiale, 2ème gazière et numéro mondial du solaire avec Sun Power ;
- Activité de 141 Mds$ organisée en 4 branches : 45 % pour le marketing & services (réseaux de distribution…), 40 % dans le raffinage & chimie, 11 % dans les renouvelables, le gaz et l’électricité puis l’exploration-production ;
- Modèle économique de transformation en dix ans en un groupe multi-énergies, producteur de pétrole & GNL (gaz naturel liquéfié), d’énergies renouvelables & électricité et d’hydrogène&biomasse ;
- Capital ouvert (6,4 % détenus par les salariés), le conseil d’administration de 12 membres étant présidé par Patrick Pouyanné également directeur général ;
- Bilan solide : ratio d’endettement de 7 % et rentabilité des capitaux propres de 32 %.
Enjeux
- Stratégie 2020-2030 + d’énergie, - d’émissions :
- évolution de la répartition des ventes -30% de produits pétroliers, 50% de gaz, 15% d’électricité et 5% de biomasse et d’hydrogène,
- discipline dans les investissements -13 à 15 Mds$ par an sur 2022-2025, dont 50% alloués aux renouvelables et à l’électricité et 50% au gaz naturel ;
- Stratégie d’innovation menée par One Tech, dotée de 850 M$ pour 18 centres de R&D :
- 3 hubs : industriel, de développement et de support,
- 5 programmes : production, CO2 et durabilité, efficacité opérationnelle de l’upstream, aval & polymères, fuel et lubrifiants,
- une usine digitale pour dégager 1,5 Md$ d’économies d’ici 2025 ;
- Stratégie environnementale 2050 :
- neutralité carbone pour les opérations du groupe et les produits vendus en Europe, réduction de 60% ou plus de l’intensité carbone des produits utilisés hors d’Europe ;
- 4 axes : croissance dans les chaînes de valeur du gaz (naturel, biogaz et hydrogène), dans l'électricité bas carbone (enveloppe annuelle de 1,5 à 2 Md$,) dans le pétrole à point mort bas, dans les biocarburants, dans les activités contribuant à la neutralité carbone (puits naturels, forêts…),
- solaire et renouvelables : capacité de production de 25 Gw d’ici 2025,
- fonds carbone doté de 400 M$ à investir d’ici 2025 ;
- Montée en puissance des activités renouvelables & électricité, désormais regroupées au sein de la division Integrated Power, avec un portefeuille de capacités de 35 GW à horizon 2025 dont + 20 GW sécurisés par des contrats d'achat à long terme ; ;
- Accélération de la transition énergétique avec des prises de participation dans 2 projets qatari et indien (solaire, GNL et hydrogène) et dans Clearway, 5ème américain des renouvelables, 29 % des investissements industriels allant aux énergies bas-carbone;
- Excellence industrielle de la production de pétrole avec un point mort à - 20 $/b, avec de nombreux projets en cours (Nigeria) et 4 découvertes (Brésil, Chypre, Namidie et Surinam).
Défis
- Sensibilité aux cours du baril de pétrole et au dollar, une variation de 0,1 $ ayant un impact de 100 M$ sur le bénéfice opérationnel, une variation de 10$ le baril ayant un impact de 2,7 Mds$ ;
- Confirmation des anticipations pour le 2 nd trimestre : prix de vente moyen du GNL de 10 à 12 $/Mbttu et production d’hydrocarbures de 2,5 Mbep/j ;
- Après une hausse de 12 % du résultat net au 1 er trimestre, perspectives 2023 d’une production d’hydrocarbures en hausse de 2 %, portée par les démarrages des champs omanais, brésilien et azerbadjanais, par des avancées dans le GNL (2 nouveaux terminaux en Europe) et par, une hausse de 30 % de la production d’électricité renouvelable, le tout soutenu par 16 à 18 Mds$ d’investissements dont 5 Mds$ dans les énergies bas carbone ;
- Dividende total 2022 de 2,81 €, prévision de 3 acomptes en 2023 d’un montant de 0,74 € après rachats d’actions pour 2 Mds$ au 2 ème trimestre, déclenchés selon la formule 40 % du cash-flow généré par des prix d’hydrocarbures supérieurs à 60 $ le baril.
En savoir plus sur le secteur "pétrole et parapétrolier"
Le biogaz pour verdir les activités
Obtenu grâce à la décomposition des déchets, il entre dans la catégorie des énergies vertes. Il s'inscrit dans la stratégie de nombreux pays, notamment en Europe, de réduire leur dépendance aux importations d'hydrocarbures. Les groupes pétroliers ont de fortes ambitions dans le domaine, comme le révèlent deux opérations récentes. Le britannique BP a repris l'américain Archaea Energy pour 4,1 milliards de dollars. Puis, l'anglo-néerlandais, Shell, a annoncé l'acquisition du danois Nature Energy pour 2 milliards de dollars. Ces opérations affichent des niveaux de valorisation élevés, soulignant le fort potentiel du secteur. TotalEnergies avait déjà pris, en 2018, une participation dans l'américain Clean Energy Fuels Corp, dont il détient aujourd'hui 19%. Il s'est récemment allié avec Veolia pour valoriser le biométhane issu des installations de traitement des déchets.
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