(AOF) - Sartorius Stedim Biotech dévisse de 16,14% à 188,60 euros après avoir lancé un nouveau profit warning sur 2023 et affiche la plus forte baisse de l’indice SBF 120. Le titre du fournisseur de l’industrie biopharmaceutique, qui va également mettre à jour ses objectifs 2025, évolue sur ses plus bas depuis avril 2020. En raison de la baisse des prévisions de volume et des effets du mix produit, la marge d'Ebitda courant du groupe est désormais attendue légèrement supérieure à 28 % cette année contre environ 30 % précédemment, après 35% lors de l'exercice précédent.
L'entreprise s'attend désormais à une baisse du chiffre d'affaires de près de 19 % et si l'on exclut les éléments liés au Covid-19, une baisse d'environ 14 %.
Sartorius Stedim Biotech anticipait auparavant une baisse du chiffre d'affaires " d'un pourcentage compris entre le bas et le milieu de la fourchette des dizaines ". Hors activités liées au Covid-19, il était anticipé en repli " d'un pourcentage compris entre le haut de la fourchette à un chiffre et le bas de la fourchette des dizaines ".
Sartorius Stedim Biotech avait déjà émis un profit warning en juin 2023. Celui d'aujourd'hui intervient alors que la société a enregistré une nette dégradation de ses comptes sur les 9 premiers mois de l'année.
D'après les chiffres préliminaires, Sartorius Stedim Biotech a enregistré un chiffre d'affaires consolidé d'environ 2,069 milliards d'euros, en repli de 19 % à taux de change constant. " Les raisons principales sont liées à une baisse des stocks plus longue que prévu après la fin de la pandémie de la Covid-19, les faibles niveaux de production chez certains clients, l'arrêt des activités en Russie et un niveau d'investissement globalement au ralenti de la part des clients, principalement en Chine et aux Etats-Unis ", a expliqué la société.
L'EBITDA courant préliminaire a chuté de 34,9% en raison de l'évolution des volumes et des effets du mix produits, pour s'établir à 594 millions d'euros. La marge correspondante s'établit à 29 %, contre 35,0 %, un an plus tôt.
La direction s'attend à une croissance rentable en 2024 et donnera des indications quantitatives lors de la publication des chiffres de l'année 2023 en janvier 2024. Son ambition à moyen terme jusqu'en 2025 est actuellement à l'étude et " une mise à jour sera également fournie en janvier 2024 ".
" Nous pensons que le retrait des objectifs du groupe pour l'exercice 2025, potentiellement suivi d'un abaissement significatif en janvier 2024, est bien intégré, le consensus impliquant déjà un abaissement de 15% à 20% ", a commenté Berenberg.
UBS reste à l'Achat avec un objectif de cours de 390 euros, soulignant que l'entreprise " confirme ses perspectives de marché positives à moyen et long terme " et " s'attend à une croissance rentable " en 2024, même si " la reprise espérée ne s'est pas encore concrétisée ".
Sartorius Stedim Biotech publiera ses chiffres sur les 9 premiers mois de l'année 2023 le 19 Octobre comme prévu.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Société créée en 1978, fournisseur de solutions intégrées pour l'industrie biopharmaceutique ;
- Chiffre d'affaires de 3,5 Md€ réalisé à 36 % dans les Amérique, 26 % en Asie-Pacifique et 38 % en Europe-Moyen-Orient-Afrique ;
- Modèle d’affaires d'offre aux groupes pharmaceutiques de produits centrés sur les étapes de production de substances biopharmaceutiques et procédés (milieux de culture cellulaire, lignées cellulaires, bioréacteurs, séparation, purification et concentration de produits intermédiaires) et sur celles de l’isolation du médicament souhaité (cryoconservation, filtration, concentration…) ;
- Capital contrôlé à 73,6 % (84,6 % des droits de vote) par le groupe allemand Sartorius, Joachim Kreuzburg étant président du conseil d’administration de 8 membres et René Faber directeur général ;
- Capacité à financer acquisitions et croissance rapide, grâce à un endettement maîtrisé avec un ratio de capitaux propres de 50,2 % et un effet de levier de 1,2.
Enjeux
- Stratégie 2025 fondée sur l'élargissement de l'offre par acquisitions, notamment en Amérique du nord et Asie, sur l'optimisation des process industriels et la hausse des capacités de production, avec pour ambition, relevée, un chiffre d’affaires de 4,4 Mds€ et une marge opérationnelle de + 35 % ;
- Stratégie d’innovation sur 3 piliers :
- développement en propre de produits spécialisés grâce à une R&D de 4,4 % et un portefeuille de 3 044 brevets, concentré sur les membranes, les plateformes et les technologies de contrôle,
- acquisitions d'entreprises innovantes et partenariats industriels ;
- stratégie environnementale intégrée à celle de la maison-mère ;
- Renforcement de l’activité de poches médicales avec le rachat, pour 2,4 Mds€, du français Polypus, spécialiste des réactifs de transfection pour les thérapies cellulaires et géniques et de l’ADN plasmidique, nécessaire aux produits à base d’ARN ;
- Visibilité avec des prises de commandes égales à un an de chiffre d’affaires.
Défis
- Impact faible de l’inflation des salaires ;
- Réalisation des anticipations de reprise des investissements du secteur biopharmaceutique ;
- Pause dans la croissance externe, la priorité allant à l’intégration de Polypus ;
- Après un recul de 18,7 % des ventes et de 40 % du résultat net, objectif 2023 abaissé d'une marge opérationnelle vers 30 % ;
- A moyen terme, maintien du taux de distribution à 16,7 % du bénéfice.
En savoir plus sur le secteur de la chimie
Rien ne va plus pour la chimie allemande
La chimie allemande, très dépendante du gaz russe, est en difficulté. Suite à des ventes en berne dans le secteur automobile et une demande en recul dans la construction, la production est en baisse de 8,5 % en 2022, avec un chiffre d'affaires global en repli de 1,6 % à 63,1 milliards d'euros. La chimie de spécialité s'en sort mieux. En revanche le taux d'utilisation des capacités de production dans la chimie de base a nettement ralenti pour atteindre moins de 80 %. Le troisième secteur industriel allemand est tenté par la délocalisation vers les Etats-Unis, où les coûts de l'énergie sont bien moindres. Avec l'Inflation Reduction Act, les Etats-Unis ont mis en place un environnement approprié aux défis actuels.
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Les biotechs mises à rude épreuve
Ces sociétés pâtissent d'un cycle économique beaucoup moins favorable, qui se traduit notamment par une baisse du financement par le capital-risque des start-up. Ces entreprises sont donc obligées de mener des plans de licenciement. A cela s'ajoute un cadre réglementaire bien plus contraint. D'abord, aux Etats-Unis, les mesures liées à l'Inflation Reduction Act (IRA) pourraient avoir un fort impact sur les marges des intervenants. En effet, à partir de 2026, le programme fédéral Medicare va pouvoir renégocier le prix des médicaments commercialisés depuis neuf ans (chimiques) ou 13 ans (biologiques), avec des rabais qui pourraient aller de 35 à 60 % pour les biotechs. De même, en Europe, avec la nouvelle réglementation du médicament présentée à Bruxelles en avril, la durée de protection d'un brevet va être réduite si le traitement innovant n'est pas commercialisé dans tous les pays-membres sous deux ans.
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