(AOF) - Renault (+1,39% à 36,91 euros) figure parmi les plus fortes hausses du CAC 40 alors qu’une introduction en Bourse d'Ampere pourrait avoir lieu au printemps 2024. C’est ce qu’a annoncé sur BFM TV Luca de Meo, directeur général de la marque au losange et patron de sa filiale dédiée aux logiciels et à l’électrique. Il a ajouté que le constructeur visait le 1er novembre 2023 pour que l'unité dédiée aux véhicules électriques soit scindée du reste de l'entreprise, en guise d'étape préparatoire à l’entrée en Bourse.
"La séparation de l'entreprise du reste (du groupe) a déjà été faite avec la partie Horse" (filiale dédiée aux moteurs thermiques et hybrides) et " cela s'est super bien passé ", rapporte Luca de Meo. La séparation a été effective le 1er juillet , " on a du revoir 20 000 contrats fournisseurs ", c'est " hyper complexe ". Pour Ampere " la cible qu'on se donne, c'est le 1er novembre ". " On a déjà commencé " à présenter le projet (Ampère) aux investisseurs.
Renault Group a annoncé début novembre 2022 qu'il s'appuierait sur 5 business spécialisés sur les nouvelles chaînes de valeur parmi lesquels Ampere, " pure player électrique et software ", dont l'introduction en bourse à Paris était alors envisagée au plus tôt au second semestre 2023. Renault visait alors une valorisation d'environ 10 milliards d'euros pour Ampere, selon Bloomberg.
Renault a annoncé le 20 juin 2023 que son patron Luca de Meo serait le futur Président-Directeur général d'Ampere, chargé d'assurer le lancement de la société et la réussite de son projet d'introduction en bourse : le Conseil d'administration a formé en son sein un comité ad hoc, présidé par Jean-Dominique Senard, chargé du suivi du projet d'introduction en bourse.
A cette occasion, le groupe avait confirmé les objectifs d'Ampere dévoilés en novembre dernier lors de la présentation du troisième chapitre de son plan stratégique, Renaulution. Ampere vise un taux de croissance annuel du chiffre d'affaires de 30 % jusqu'en 2030, un bénéfice d'exploitation et un free cash flow à l'équilibre dès 2025, et une marge à deux chiffres en 2030.
Nissan s'est engagé fin juillet à investir jusqu'à 600 millions d'euros dans Ampere, pour devenir un investisseur stratégique et détenir un siège à son conseil d'administration.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Quatrième constructeur automobile mondial créé en 1898 et présent sous les marques Renault, Dacia, LADA, Alpine et Mobilize ;
- Positionnement industriel mondial, avec un chiffre d’affaires de 46,2 Mds€ réalisé pour plus de 50 % hors d’Europe et avec des positions fortes principalement dans les pays suivants : France, Italie, Turquie, Espagne, Belgique-Luxembourg, Roumanie, Maroc et Pologne ;
- Modèle d’affaires : repositionnement sur les véhicules de taille intermédiaire, sur la qualité de l’offre en véhicules électriques ou hybrides et les services flexibles ;
- Capital détenu à 15 % (29,05 % de droits de vote) par l’Etat français, à 15 % par la filiale Nissan, et à3,61 % (5,88 %) par les salariés, le conseil d’administration de 17membres étant présidé par Jean-Dominique Senard, Luca de Meo étant directeur général ;
- Bilan renforcé avec une dette nette réduite à 426 M€, les disponibilités atteignant 15,8 Mds€.
Enjeux
- Stratégie “Renaulution“ en 3 étapes, dont les objectifs seront mis à jour à l’automne 2022 : résurrection jusqu’en 2023 : autonomie des marques, rationalisations des plateformes de 6 à 3, offre “milieu de gamme“ portée à 40 % des revenus contre 15 %, marge opérationnelle de + 3 %, autofinancement libre de 3 Mds€ / rénovation de 2023 à 2025 par le renouvellement des gammes / renaulution : montée en puissance de l’utilisation de l’hydrogène dans les véhicules professionnels avec un objectif de part de marché de 30 % en 2030 ;
- Stratégie d’innovation focalisée sur la connectivité, les services et le véhicule électrique : réseau d’experts, d’innovation labs (Californie, France, Israël), ReKnow Université dédiée à l’électrification, la cybersécurité des données… / partenariats : CEA et les pôles compétitivité Moveo, Sysematic et ID4Car… / projet NeVeOS d’architecture électronique des véhicules / technologie hybride E-TECH et batteries françaises et décarbonées / fonds d’investissement Renault Venture Kapital et Alliance Ventures pour le capital-risque et l’accompagnement de start-up;
- Stratégie environnementale visant la neutralité carbone en 2040 en Europe et en 2050 dans le monde : objectif d’une gamme de véhicules particuliers tous électriques en Europe en 2030 via 23 Mds€ d’investissements d’ici 2027 et 5 plateformes communes / économie circulaire de la mobilité portée par l’usine de Flins ;
- Effet mix produit positif pour le chiffre d’affaires avec le lancement de Arkana, Jogger et Mégane Electric ;
- Vers la filialisation des activités électriques et « software », qui seraient introduites en Bourse, et des activités de traction thermique.
Défis
- Impact du manque de semi-conducteurs : perte de 300 000 véhicules en 2022 ;
- Impact de l’inflation des matières premières compensé par la politique commerciale ;
- Impact de la guerre Russie-Ukraine : perte nette de 2,3 Mds€ des activités abandonnées mais réduction de la dette ;
- Lancement opérationnel de Mobilize, regroupant les services de mobilité, énergie, financement, assurances et maintenance, visant 20 % des ventes en 2030 ;
- Après une stabilité du chiffre d’affaires et un triplement , hors impact russe, du bénéfice net au 1 er semestre, objectifs 2022 révisés en hausse : autofinancement opérationnel de + 1,5 Md€ et marge opérationnelle de + 5 %.
Une performance paradoxale
Les données du cabinet EY soulignent que la performance des 16 premiers constructeurs mondiaux a été particulièrement élevée en 2021. Alors que la marge moyenne a reculé pendant trois années de suite, passant de 6,3% en 2017 à 3,5% seulement en 2020, cette marge s'est établie à 8,5% en 2021. Ce niveau constitue un record depuis dix ans. Pourtant le contexte a été particulièrement chahuté pour les constructeurs, confrontés à des pénuries inédites de composants. Les ventes mondiales ont chuté de 14% en 2020, année de la crise sanitaire, pour rebondir de seulement 5% en 2021. Toutefois, l'an passé, les acteurs ont pu tirer les fruits de leurs efforts sur la structure de leurs coûts fixes.
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