La première pilule contre la dengue s'avère prometteuse lors d'un essai sur l'homme

information fournie par Reuters •20/10/2023 à 17:05

(Corrige le paragraphe 9 pour indiquer qu'il y avait six participants au groupe placebo, et non cinq) par Jennifer Rigby

Une pilule contre la dengue développée par Johnson & Johnson JNJ.N semble protéger contre une forme du virus chez une poignée de patients lors d'un petit essai de provocation chez l'homme aux Etats-Unis, selon les données présentées par la société vendredi.

Il n'existe actuellement aucun traitement spécifique pour la dengue, une menace croissante pour la santé, a déclaré la société avant la présentation des données lors de la réunion annuelle de l'American Society of Tropical Medicine and Hygiene à Chicago.

"C'est la première fois que l'on observe une activité antivirale contre la dengue", a déclaré Marnix Van Loock, qui supervise la recherche sur les pathogènes émergents pour la division Janssen de J&J, à propos du médicament.

Dans les essais de provocation chez l'homme, les chercheurs exposent intentionnellement des volontaires sains à un agent pathogène afin de tester un vaccin ou un traitement, ou de mieux comprendre la maladie qu'ils provoquent.

La dengue, bien que souvent asymptomatique, est également connue sous le nom de "fièvre des os brisés" en raison de la gravité des douleurs articulaires et des spasmes dont souffrent certains patients.

Elle est depuis longtemps un fléau dans une grande partie de l'Asie et de l'Amérique latine, causant des millions d'infections chaque année et des dizaines de milliers de décès, et elle est susceptible de se propager davantage sur le site à mesure que le changement climatique rend les zones plus hospitalières pour les moustiques qui la propagent, a déclaré Jeremy Farrar, scientifique en chef de l'Organisation mondiale de la santé, au début de ce mois.

Dans le cadre de l'essai réalisé avec l'école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg, 10 volontaires ont reçu une forte dose de la pilule de J&J cinq jours avant de recevoir une injection d'un type de dengue. Ils ont continué à prendre la pilule pendant 21 jours.

Six des dix volontaires n'ont présenté aucune trace détectable du virus de la dengue dans leur sang après avoir été exposés à l'agent pathogène, ni aucun signe indiquant que leur système immunitaire avait réagi à l'infection par le virus au cours des 85 jours de surveillance.

Six personnes du groupe placebo, qui ont également reçu une injection de dengue, ont toutes présenté un virus détectable lorsqu'elles ont été testées. Les participants à l'essai ont reçu des soins standard de la part de professionnels de la santé lorsque cela était nécessaire, et le virus utilisé était une version affaiblie afin de minimiser les symptômes.

Selon J&J, ces premières données positives viennent étayer les essais de phase II en cours de la pilule pour prévenir les quatre différents types de dengue dans un contexte réel où la maladie est fréquente. La prochaine étape consistera à tester le médicament en tant que traitement.

Le médicament agit en bloquant l'action de deux protéines virales, empêchant ainsi le virus de se reproduire. Il a été bien toléré par tous les participants à l'essai, a déclaré J&J.

Une question clé pour l'avenir sera d'assurer l'accès au nouveau médicament, s'il fonctionne à plus grande échelle, dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire où il est le plus nécessaire, ce qui fait écho au défi posé par le vaccin contre la dengue que l'OMS a soutenu au début du mois.

"Nous y travaillons", a déclaré M. Van Loock, ajoutant qu'il n'en était qu'à ses débuts.