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La France prend place dans la course au lithium
information fournie par DT Expert 03/11/2022 à 17:44

Imerys , leadeur mondial dans des spécialités minérales, vient d'annoncer ce lundi 24 octobre le lancement du projet Emili (Exploitation de Mica Lithinifère), projet qui devrait voir le jour en 2028 sur son site de Beauvoir, dans le département de l'Allier. La société table sur une production de 34.000 tonnes d'hydroxyde de lithium par an, soit de quoi équiper 700.000 batteries pour véhicules électriques. Tout cela permettrait de remettre l'Europe dans la compétition de production de batteries contre la Chine, et lui assurerait un rôle clef dans l'industrie mondiale du lithium.

UNE SOUVERAINETÉ EN JEU

La France était depuis un certain temps plus encline à fermer ses mines qu'à les ouvrir : le charbon, le fer ou l'uranium en ont fait les frais. Imerys a décidé de rompre avec cette idée en ouvrant une mine pour avoir accès au lithium. Alors que d'un côté le monde essaye doucement de sortir de sa dépendance au pétrole (N.B. la demande continue cependant d'augmenter, et l'Opep table sur un pic en 2030), l'industrie pour la transition écologique prend une part de plus en plus importante. Surnommé « l'or noir du 21ème siècle », le lithium qui est utilisé dans la construction des éoliennes, des céramiques ou encore dans la fabrication de certains médicaments, a pris une tout autre tournure depuis l'arrivée du véhicule électrique. D'après le cabinet de conseil Rare Earth Advisory, le lithium connaîtra bientôt une plus forte demande que le pétrole, avec l'avènement programmé de la voiture électrique.

La France dispose de nombreuses réserves de lithium, des études datant de 2018 menées par le BRGM (Bureau de Recherche Géologiques et Minières) recensent 41 zones d'extraction, ce qui correspondrait à 11 millions de tonnes de lithium, soit l'équivalent de 2% de la production annuelle mondiale.

Source : Emili.imerys.com

Lors de l'ouverture du mondial de l'auto à Paris, Emmanuel Macron s'est exprimé ainsi : « Il faut travailler sur toute la chaîne de valeur. Nous avons des mines de lithium en France et nous allons les développer grâce au nouveau code minier ; c'est clé pour notre souveraineté ».

Ces réserves sont pour le moment largement inexploitées, mais devraient permettre à la France de remettre un pied dans l'échiquier mondial du lithium.

LES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

Ce débat prouve encore que la transition énergétique n'est ni toute blanche ni toute noire. Concernant le lithium, c'est le souci de la consommation d'eau qui est d'abord pointé du doigt par ses détracteurs. Comme le souligne le journaliste économique François-Xavier Pietri, il faut un million de litres d'eau pour sortir une tonne de lithium. Un obstacle de taille pourrait se situer au niveau de l'acceptabilité sociétale. D'autres projets en Europe n'ont en effet jamais vu le jour à la suite du rejet des habitants, à l'image du Portugal, à Covas de Barroso, où les travaux ont été suspendus à la suite de nombreuses manifestations.

Imerys table tout de même sur un impact environnemental réduit, la carrière étant déjà en place : il n'y aura pas de changement de paysage. Ce projet respectera aussi la démarche de mine responsable du label international Irma défini par les ONG et industriels.

Pour expliquer le cheminement de la méthode :

  • L'eau qui sera utilisée évoluera en circuit fermé, le gisement sera exploité en mine souterraine et le mica lithinifère sera extrait entre 65 et 350 mètres de profondeur, puis écrasé en souterrain afin de réduire au maximum les émissions de poussières à l'air libre.
  • La roche une fois broyée doit ensuite être remontée à la surface où le lithium doit être séparé de l'étain, du tantale et du mica contenu dans le minerai.
  • Le concentré de lithium est après pompé vers le chemin de fer souterrain dans plusieurs tuyaux sur environ 10 kilomètres de long.
  • De là, il sera enfin acheminé par rail jusqu'à l'usine de conversion, qui se situera en Auvergne-Rhône-Alpes, mais le lieu exact n'a pas encore été décidé et communiqué.

« Notre lithium devrait avoir une empreinte CO2 deux fois plus faible que le lithium importé d'Australie ou de Chine, grâce au mix énergétique bas carbone français », ajoute Alessandro Dazza, directeur général d'Imerys. En ce qui concerne les résidus miniers, ils seront enterrés de nouveau dans la mine.

UN PROJET COÛTEUX

Cette entreprise se chiffre a plus d'un milliard d'euros ; la question du financement se pose donc naturellement, lorsque l'on sait qu'Imerys investit en moyenne 400 millions d'euros par an sur un chiffre d'affaires de 4,4 milliards d'euros (2021). Durant cette année 2022, le groupe a engagé des cessions d'actifs, notamment avec Syntagma Capital, pour 390 millions d'euros avec un ear-out dépendant de la performance future des actifs cédés, ce qui pourrait venir financer une partie de ce grand projet.

La question de possibles partenariats entre aussi en jeu, même si l'horizon semble lointain, les constructeurs automobiles pourraient être intéressés pour se prémunir de possibles futures pénuries ou encore afin d'avoir des prix exclusifs.

(Crédits photo :  - L. Grassin )

(Crédits photo : - L. Grassin )

L'investissement public pourrait aussi être une solution envisagée, Bruxelles voulant renforcer son autonomie dans les matières premières avec le raw materials act (acte qui devrait permettre une compréhension commune des matières premières critiques qui peuvent être considérées comme particulièrement stratégiques). Ce fonds permettrait d'investir dans les projets liés aux métaux stratégiques et ainsi de baisser sa dépendance à la Chine.

DE NOMBREUX AVANTAGES

Ce projet comporte tout de même de nombreux points positifs, le premier étant la promesse de la création de 1.000 emplois, qu'ils soient directs ou indirects, sur la région Rhône-Alpes. C'est une nouvelle qui peut séduire en France où les conditions sociales et le niveau de protection des ouvriers est bonne, là où elle aurait pu être remise en cause dans un pays où la protection sociale est moins importante.

La rentabilité est elle aussi impressionnante : Imerys a estimé ses coûts de production entre 7 et 9 euros le kilo. Le lithium étant un élément indispensable des batteries, son prix n'a cessé de battre des records, partant de 5 euros par kilos en en 2021, il atteint aujourd'hui presque 30 euros le kilos, une tendance qui ne devrait pas s'inverser au regard de la montée des véhicules électriques et de leur besoin en batterie.

Ce projet s'inscrit aussi malgré tout dans une démarche plus verte. Le lithium produit servira aux véhicules électriques et suit une logique de décarbonisation du secteur des transports. Tous les sites étant en France, le circuit court sera de mise ; la réindustrialisation du secteur minier est importante pour le pays, avec une idée de relocalisation de son secteur industriel à défaut de devoir dépendre massivement de partenaires extérieurs.

CONCLUSION

L'annonce de ce projet Imerys pourrait permettre à la France de regagner en souveraineté. L'Élysée, qui a accepté ce projet, a donc choisi son camp. Il reste à voir dans les prochains mois la réaction des partis écologistes ainsi que des principaux concernés : à savoir, les populations locales.

Réalisé par Mathis Erba, Charles Dhennin avec l'aide de Marc Dagher

Article initialement publié sur DT Expert

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21,1600 EUR Euronext Paris -0,84%

12 commentaires

  • 23 janvier 11:39

    Eramet a déjà découvert le moyen de récupérer le lithium des batteries dans un procédé de recyclage de celles ci.


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