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La France embarrassée par la "perte" de missiles américains en Libye
information fournie par Reuters 10/07/2019 à 12:16

    * Des missiles achetés par la France aux mains des
pro-Haftar
    * Ils étaient "hors d'usage", dit Paris
    * Des munitions destinées à un détachement antiterroriste
français
    * Des révélations embarrassantes pour Paris 

 (Actualisé avec précisions, autres déclarations, contexte)
    par Sophie Louet
    PARIS, 10 juillet (Reuters) - La France a reconnu mercredi
que des missiles américains Javelin saisis par les forces
gouvernementales libyennes dans un camp de combattants
pro-Haftar au sud-ouest de Tripoli appartenaient à ses forces
armées, tout en soulignant que ces munitions étaient "hors
d'usage" et qu'elles n'avaient fait l'objet d'aucune vente ou
cession en violation de l'embargo de l'Onu sur les armes.
    La révélation est embarrassante pour les autorités
françaises, accusées de jouer double jeu en Libye et critiquées
par le Premier ministre Fayez al Sarraj pour leur positionnement
"ambigu" envers son rival, le maréchal Khalifa Haftar.
    Affichant sa volonté de transparence dans une rare
déclaration officielle, la France se voit contrainte de révéler
dans le même temps le maintien de forces spéciales sur le
territoire libyen, une première depuis le lancement de
l'offensive des forces pro-Haftar sur Tripoli, début avril.
    Le New York Times a révélé mardi que quatre missiles
anti-char Javelin, achetés par la France aux Etats-Unis, avaient
été retrouvés fin juin à Gharyan, ville à une centaine de
kilomètres au sud-ouest de Tripoli conquise en avril par l'armée
nationale libyenne (ANL), dont son chef voulait faire une base
arrière pour son projet de conquête de la capitale.
    Le maréchal Haftar, homme fort de l'Est libyen, a lancé
début avril une opération militaire pour la "libération" de
l'ouest du pays et de Tripoli contrôlés par le gouvernement
d'union nationale (GNA) de Fayez al Sarraj, seul organe exécutif
reconnu par la communauté internationale depuis 2015. Selon
l'Onu, les affrontements ont fait un millier de morts depuis
début avril, dont une centaine de civils.
    
    "ENDOMMAGÉES ET HORS D'USAGE"
    Surpris par une attaque-éclair des troupes du GNA sur
Gharyan, les combattants pro-Haftar avaient abandonné fin juin
dans leur fuite des armes et des munitions. Les troupes
gouvernementales avaient publié sur les réseaux sociaux des
photos de leurs saisies, notamment des missiles Javelin sur
lesquels était écrit en anglais "Forces armées des Emirats
arabes unis". Le maréchal Haftar se prévaut du soutien de
l'Egypte et des Emirats arabes unis, notamment.
    Les Etats-Unis avaient alors annoncé l'ouverture d'une
enquête pour déterminer la provenance de ces missiles.
    Le Conseil de sécurité de l'Onu a renouvelé le 10 juin pour
un an l'embargo sur les armes en Libye. Depuis le début de
l'offensive des pro-Haftar, le comité d'experts chargé de
contrôler l'embargo a signalé des transferts d'armes.
    Le Javelin est un lance-missiles anti-char portable
développé par Raytheon  RTN.N  et Lockheed Martin  LMT.N  dont
le coût de production à l'unité est de l'ordre de 78.000
dollars. Ces armes équipent de nombreuses armées dans le monde
et la France en avait commandé 296 en 2010 pour ses forces
déployées en Afghanistan.
    Selon le New York Times, l'enquête américaine a conclu à
l'origine française des quatre missiles découverts à Gharyan.
    "Les missiles Javelin trouvés à Gharyan appartiennent
effectivement aux armées françaises, qui les avaient achetés aux
Etats-Unis. Nous l'avons confirmé à nos partenaires américains",
a déclaré le ministère français des Armées.
    "Endommagées et hors d'usage, ces munitions étaient
temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur
destruction. Elles n'ont pas été transférées à des forces
locales", a-t-il ajouté. On se refuse au ministère à préciser où
ces armes avaient été stockées.
    
    LE PRÉCÉDENT DE 2016
    Ces armes, dit-on toutefois, "étaient destinées à
l'autoprotection d'un détachement français déployé à des fins de
renseignement en matière de contre-terrorisme".
    On fait valoir au ministère que la France "soutient depuis
longtemps la lutte de toutes les forces régulières engagées
contre le terrorisme, en Libye, aussi bien en Tripolitaine qu'en
Cyrénaïque, et plus largement au Sahel". "Il n'a jamais été
question ni de vendre, ni de céder, ni de prêter ou de
transférer ces munitions à quiconque en Libye", souligne-t-on.
    En juillet 2016, la mort de trois membres du renseignement
extérieur français (DGSE) dans l'accident d'un hélicoptère dans
la région de Benghazi, fief d'Haftar, avait révélé au grand jour
la stratégie de lutte antiterroriste française en Libye,
suscitant les premières accusations de "duplicité" de la part
des autorités légales de Tripoli.
    "Ce qui s'est passé à Gharyan est semblable. La débâcle des
Javelin suggère très probablement la présence d'officiers de la
DGSE avec l'ANL", estime Jalel Harchaoui, chercheur spécialisé
dans la Libye à l'institut Clingendaelorg, à La Haye.
    "Cela montre aussi, eu égard à la sophistication et au coût
élevé de ces missiles, que les officiers français se tenaient
probablement prêts à engager une action militaire dans des
circonstances données, qu'ils ne prodiguaient pas seulement
leurs conseils."

 (Avec John Irish, édité par Yves Clarisse)
 

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