
( Belga / NICOLAS MAETERLINCK )
Le numéro un mondial du cacao Barry Callebaut a publié jeudi un chiffre d'affaires en forte hausse sur neuf mois, gonflé par la flambée du prix des fèves, qui a toutefois pesé sur les volumes de ventes du groupe suisse.
Pour la période allant de début septembre à fin mai, l'entreprise qui publie ses résultats sur une base décalée, a vu son chiffre d'affaires bondir de 16,3% à 7,3 milliards de francs suisses (7,5 milliards d'euros), sa croissance grimpant jusqu'à 23,1% en monnaies locales, a-t-il annoncé jeudi dans un communiqué. Durant ces neuf mois, le prix des fèves a gonflé de 131%.
Ce chiffre d'affaires dépasse légèrement les prévisions des analystes interrogés par l'agence suisse AWP qui l'attendaient en moyenne à 7,2 milliards de francs.
Les cours du cacao se sont emballés depuis janvier face aux inquiétudes sur les récoltes en Côte d'Ivoire et au Ghana, les deux plus gros producteurs mondiaux de fèves. Ils ont atteint un plus haut historique le 19 avril.
Les volumes de ventes de Barry Callebaut, qui fournit du cacao et préparations chocolatées aux géants agroalimentaires tels que Mondelez, Nestlé ou Unilever ainsi qu'aux pâtissiers et confiseurs, ont eux accusé le coup. Au troisième trimestre de son exercice (entre mars et mai), ils ont chuté de 0,3% après une augmentation de 0,4% au premier trimestre, et de 1% au deuxième trimestre. Sur neuf mois les volumes ressortent en hausse de 0,4% sur neuf mois, à 1,7 millions de tonnes, dans la lignée des prévision.
A 8H38 GMT, le titre dégringolait pourtant de 9,32% à 1.453 francs suisses, à contre courant du SPI, l'indice élargi de la Bourse suisse, en hausse de 0,94%.
- Résilience des marques distributeurs -
Dans le communiqué, Barry Callebaut explique que ses grands clients sont confrontés à un affaiblissement de la demande. Toutefois, les volumes sont "résilients" auprès des fabricants de marques distributeurs. Et sa division Gourmet et spécialités, qui fournit des produits haut de gamme aux pâtissiers et confiseurs, a quant à elle vu ses volumes de ventes grimper de 10,9%.
En cas de pression sur les prix, les consommateurs tendent à se tourner soit vers des produits moins chers, soit au contraire vers des produits plus haut de gamme, au détriment des segments de prix intermédiaires, le chocolat étant vu comme un petit luxe du quotidien sur lequel ils ne veulent pas transiger quand ils sont obligés de tailler ailleurs, dans d'autres dépenses.
Pour le reste de l'exercice, Barry Callebaut s'attend toujours à une stagnation des volumes et de son bénéfice opérationnel. Avec la restructuration, le groupe avait dit s'attendre à deux années de transition avant de renouer avec une croissance plus significative.
Ces chiffres ne comportent "rien de bien nouveau", a réagi Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, mais Barry Callebaut est confronté à des défis "exogènes significatifs" et "sans précédent" entre le cours du cacao et la faiblesse de la consommation, auxquels s'ajoute sa "lourde restructuration", écrit-il dans une note de marché.
En septembre, Barry Callebaut avait lancé une grande réorganisation. En février, son patron, Peter Feld, avait annoncé dans un entretien avec le quotidien allemand Handelsblatt que 2.500 postes pourraient être supprimés, soit environ 18% des effectifs.
Andreas von Arx, analyste chez Baader Helvea, estime pour sa part que les résultats publiés jeudi sont "solides" mais que "ces chiffres ne répondent pas à des questions clés", notamment concernant l'ampleur de la baisse des volumes face aux hausses de prix que les grands groupes agroalimentaires et fabricants de produits chocolatées devront imposer aux consommateurs, décrypte-t-il dans un commentaire boursier.
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