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La finance quantitative pour les nuls
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 21/11/2019 à 10:50

François d'Hautefeuille
François d'Hautefeuille

François d'Hautefeuille

Evariste Quant Research

Cofondateur & président

https://www.evariste-quant-research.com/

Les fonds en Euros sont majoritairement investis en obligations pour des raisons règlementaires. Il n'est pas besoin d'être un grand financier pour comprendre que l'espérance de rendement de ce placement fétiche des Français est devenue très faible. (Crédits photo : Unsplash)

Les fonds en Euros sont majoritairement investis en obligations pour des raisons règlementaires. Il n'est pas besoin d'être un grand financier pour comprendre que l'espérance de rendement de ce placement fétiche des Français est devenue très faible. (Crédits photo : Unsplash)

Les fonds en euros représentent 1.300 milliards d'euros soit presque 50% du PNB de la France ou encore 20000 euros moyen par Français. Ces placements assurent un rendement annuel et un effet de cliquet sur les performances.

Les taux obligataires sont devenus négatifs. Les fonds en Euros sont majoritairement investis en obligations pour des raisons règlementaires. Il n'est pas besoin d'être un grand financier pour comprendre que l'espérance de rendement de ce placement fétiche des Français est devenue très faible.

Le but de cette note est de vulgariser les concepts de la finance quantitative pour montrer comment les utiliser pour le recyclage des fonds en euros.

Qu'est-ce que le rendement d'un portefeuille ?

Le rendement représente la variation en capital d'un portefeuille entre deux dates données. Ainsi, un rendement annuel moyen attendu de 4% sur un portefeuille de 100.000 EUR signifie que l'investisseur aura 4.000 EUR de revenus à la fin de chaque année.
On peut comparer ce concept à celui de la trajectoire moyenne d'un bateau. Dans la pratique, la trajectoire réelle ne correspond jamais aux trajectoires théoriques du fait de tous les impondérables qui affectent la traversée (courants, marées, tempêtes, etc…)
Qu'est ce que le risque d'un portefeuille ?

La déviation de la trajectoire réelle par rapport à la trajectoire théorique est mesurée par le concept de risque. Le risque d'un portefeuille est mesuré habituellement par sa volatilité historique. Ce terme technique correspond mathématiquement à l'écart moyen entre les performances réelles et leur moyenne, le rendement moyen.

On peut comparer cette mesure à la dispersion des flèches sur une cible. Plus le tireur est stable dans sa performance, plus la dispersion de ses tirs sera faible autour de la moyenne de ses tirs.

Comment stabiliser le risque ?

Quant il est confronté à une tempête, un marin va ajuster sa course. Il va réduire la voilure. Il va éventuellement détourner sa route pour contourner la tempête. Un gestionnaire de portefeuille agit de même. Il augmente la part de liquidités sans risques (fonds monétaires) quand il est confronté à une crise financière. C'est ce qu'on appelle une gestion active du risque.

Comment stabiliser le rendement ?

Il est impossible d'anticiper les rendements futurs d'un actif, si c'était le cas, nous serions tous riches ! On peut tout au plus définir une « prévision météo » des rendements. Par exemple, on peut se baser sur la saisonnalité économique des marchés financiers, et investir selon les différentes saisons du cycle économique : favoriser les actions pendant la saison « croissance » et les obligations pendant la saisons « récession »
On peut aussi définir une « géographie » des régions financières. Ainsi, les actions sont des régions « chaudes » c'est-à-dire avec un fort risque. Les obligations d'Etat sont au contraires souvent « froides » c'est-à-dire avec un risque plus limité, mais elles aussi peuvent être exposées à de grandes tempêtes comme cela a été le cas durant les années Volcker. Parmi les actions, certaines régions chaudes sont particulièrement fertiles comme les actions de croissance. D'autres sont au contraire arides et sans grand espoir de rendement comme les actions « value » en décroissance.

Comment diversifier un portefeuille ?

Une compagnie maritime dont le succès dépend de la stabilité de ses approvisionnements ne va pas utiliser un seul type de flotte comme les bateaux à voile. Elle va au contraire équiper ses bateaux avec différents modes de propulsion et types de moteur. Ainsi, un bateau peut avancer grâce à ses voiles qui vont profiter d'un vent dominant comme les alizés, mais aussi via un moteur à essence, une propulsion nucléaire, une traction à rames, la portabilité d'un courant dominant comme le Gulf Stream.

Ainsi, même dans une saison contraire comme celle des ouragans à la fin de l'été, un bateau grâce à l'ajustement de sa trajectoire peut arriver à bon port dans les meilleures conditions.

Comment créer un fonds « toutes saisons » ?

Un fonds « toutes saisons » est un fonds qui est capable de performer dans toutes les conditions de marché. C'est donc le « nec plus ultra » de la finance. Cependant, la construction d'un tel bateau demande une grande technologie. Il faut maîtriser la géographie, la météo, les techniques de propulsion, les circuits de production, etc…

Performance comparée d'un portefeuille « toutes saisons »
avec un risque de de 5% et de 10%

Le portefeuille le plus risqué à une performance supérieure sur le long terme, mais au prix d’une volatilité et d’un risque de perte maximale plus important. (source :Bloomberg, Evariste Quant Research. Bloomberg LP n'est pas responsable de cette analyse)

Le portefeuille le plus risqué à une performance supérieure sur le long terme, mais au prix d’une volatilité et d’un risque de perte maximale plus important. (source :Bloomberg, Evariste Quant Research. Bloomberg LP n'est pas responsable de cette analyse)

Quel niveau de risque choisir ?

Le niveau de risque choisi par l'épargnant dépend d'un grand nombre de paramètres, comme son âge, sa situation financière actuelle et future, et naturellement de ses objectifs personnels (épargne de précaution, volonté de transmettre, nécessité de constituer un complément de retraite…)

Ne pas prendre un risque, c'est prendre un gros risque

Sur le moyen terme, les placements sans risques sont les plus risqués.  De fait, les placements dits sans risques (fonds monétaires, livrets A) ont des rendements les plus faibles et ne garantissent pas le pouvoir d'achat sur le long terme. Des études historiques prouvent cette affirmation. Elles sont à la base de l'euthanasie des rentiers (qui sont structurellement prêteurs) au profit de la santé des entrepreneurs (qui sont structurellement emprunteurs).
Seuls les fonds en Euros au cours des 20 dernières années ont livré des rendements supérieurs à l'inflation dans les placements dit sans risques. Mais ceci est dû avant tout à la capacité des assureurs à bien gérer ces placements particulièrement complexes dans un contexte favorable de baisse des taux obligataires.

Conclusion

La finance quantitative peut être assimilée au pilotage d'un bateau. Un bon capitaine utilise des instruments sophistiqués (prévision météo satellite, calcul d'itinéraires via les GPS, conception plus sophistiquée des bateaux) pour ajuster sa trajectoire par rapport au trajectoire optimal en fonction des impondérables de navigation.
Les allocations « all weather » permettent d'optimiser la « navigation financière » par tous temps afin de stabiliser le risque, mais aussi les performances via des ajustements de la voilure (gestion du risque), et de la barre (gestion des rendements).
La finance quantitative donne donc des réponses complexes à trois questions simples :
1.    quel est le risque à court terme (risque de volatilité) ou déviations de trajectoire
2.    quel est mon espérance de rentabilité à moyen terme (risque de rendement) ou trajectoire anticipée
3.    quel est mon risque de perte maximum sur un horizon donné (maximum drawdown) ou plus grande erreur de trajectoire
Le recyclage des fonds en Euros va augmenter l'importance de la finance quantitative. De fait, les investisseurs vont devoir accepter de transférer leur épargne des fonds en Euros vers des portefeuilles de fonds en unités de compte. La gestion du risque et la stabilisation du rendement vont donc devenir de plus en plus importantes dans une allocation d'actifs en unités de compte.


Cet article est adressé à titre d'information uniquement et ne constitue ni une offre de produits ou de services, ni une offre, une recommandation ou une sollicitation d'offre de fourniture de conseil ou de service d'investissement pour acheter/vendre des instruments financiers.

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