(Corriger le rendement de l'emprunt à 10 ans américain du §2, inversé avec celui du Bund à 10 ans) par Karen Brettell 31 mai (Reuters) - L'évolution du marché obligataire laisse présager des lendemains moroses pour la croissance et l'inflation aux Etats-Unis mais ce n'est pas pour autant que la Réserve fédérale se pliera à la volonté du marché à moins que la situation n'empire visiblement. Le rendement de l'emprunt américain de référence à 10 ans US10YT=RR est tombé ce vendredi à un plus bas de 20 mois de 2,17%, réagissant aux derniers développement d'une guerre commerciale qui n'englobe plus seulement les Etats-Unis et la Chine mais s'ouvre sur d'autres fronts. La courbe des rendements entre le bon à trois mois US3MT=RR et l'emprunt à 10 ans s'est encore inversée. Ce phénomène, s'il persiste, passe pour le signe avant-coureur d'une récession, à l'horizon d'un à deux ans. D'autres marchés, tels celui de la dette des entreprises et - dans une moindre mesure - la Bourse, ne dépeignent pas un paysage aussi lugubre que le font les Treasuries, même si leur volatilité tend à s'enflammer. Les rendements de la dette corporate ont en fait baissé ce mois-ci, alors même que les spreads de crédit se sont élargis. "Si les taux souverains et corporate évoluaient dans le même sens, ils auraient plus d'influence sur les décisions de la Fed mais ce décalage implique selon moi que la Fed ne se laissera pas dicter sa conduite", observe Michael Cloherty (RBC Capital Markets). Au vu de la baisse des rendements, les traders des futures de taux évaluent à plus de 50% la probabilité d'une baisse des taux par la Fed en septembre et à plus de 80% celle d'au moins une réduction d'ici à décembre, suivant le baromètre FedWatch de CME Group. Mais certains, comme Cloherty, ne voient rien venir en la matière avant la fin de l'année et ce dernier observe en outre qu'à cet horizon de prévision, "le marché n'est guère fiable pour prédire ce que la Fed va faire". Même si la Fed suit les évolutions du marché obligataire et les signaux qu'il peut envoyer sur la situation économique, certains analystes pensent qu'il faudra des éléments beaucoup plus tangibles pour qu'elle songe à abaisser les taux d'intérêt. "Ce n'est pas parce que les rendements obligataires baissent qu'elle devra réduire les taux; elle le fera parce que ça ne va pas du côté de l'inflation, parce qu'il y aura de nouveaux risques auxquels elle jugera nécessaire de réagir", dit Ian Lyngen (BMO Capital Markets). De fait, les déclarations de différents responsables de la banque centrale ne laissent en rien présager une prochaine détente des taux. Le vice-président Richard Clarida a ainsi dit jeudi que l'économie américaine allait bien, au point qu'elle n'avait jamais été aussi près, depuis 20 ans, d'atteindre les objectifs de plein emploi et de stabilité des prix. Mais le marché obligataire pourrait bien voir juste si l'inflation baisse encore, si les conflits commerciaux empirent ou si se présentent de nouveaux éléments freinant l'économie, comme certains le pensent. "Le marché obligataire nous dit qu'il pourrait ou qu'il va se passer quelque chose que les autres marchés ne perçoivent pas forcément", note Tom Galoma (Seaport Global Holdings). Avec un rendement à deux ans US1YT=RR à 2,008%, sensiblement inférieur au taux des Fed funds, pour lequel la Fed s'est fixé un objectif de 2,25%-2,5%, l'obligation approche de ratios qui par le passé ont précédé une réduction des taux. En moyenne, la Fed a abaissé les taux lorsque le rendement à deux ans tombait à 78% de son taux d'intervention, observe Citigroup dans un récent rapport. Ce ratio avait par exemple enfoncé ce seuil fin août 2007 et trois semaines plus tard à peu près, la banque lançait sa première salve de baisse des taux pour parer à une crise financière qui commençait à prendre de l'ampleur. Le ratio actuel est de l'ordre de 87% et si l'on suit cet étalon, une chute du rendement à deux ans autour de 1,95% déclencherait l'intervention de l'institut d'émission. Compte tenu que les taux sont à des niveaux historiquement bas, ce ratio est sans doute un meilleur indicateur que la différence absolue en points de base entre les deux taux, ajoute Citigroup. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ One signal to watch for a Fed rate cut https://tmsnrt.rs/2Kfkmny How close is the Fed to a rate cut? https://tmsnrt.rs/2WwPjdr ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Patrick Vignal)
La Fed ne se laissera pas dicter sa conduite par le marché
information fournie par Reuters 31/05/2019 à 11:47
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