Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

La déroute de Casino, des responsabilités individuelles et collectives
information fournie par Boursorama avec AFP 22/03/2024 à 08:37

( AFP / DAMIEN MEYER )

( AFP / DAMIEN MEYER )

La fin de l'ère Jean-Charles Naouri chez Casino, entre cessions d'actifs, colère des syndicats et enquêtes judiciaires, doit autant à des "erreurs" de la direction, stigmatisées jusqu'au ministère de l'Economie, qu'au silence de tous ceux qui auraient pu avoir des réserves.

. Fin de partie

"A la date de réalisation de la restructuration financière, M. Jean-Charles Naouri démissionnera de l'ensemble de ses fonctions avec effet immédiat" et "sans indemnité de départ". C'est très abruptement que la communication financière du groupe décrit la fin de règne de celui qui a présidé à sa destinée pendant de si longues années.

Le futur repreneur, Daniel Kretinsky, avait dit souhaiter que Jean-Charles Naouri occupe un rôle dans "son" futur Casino. Il ne semble plus en être question.

Cette sortie par la petite porte contraste avec l'assurance martelée au fil des ans par l'ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy, et par ses équipes.

Un an avant de rendre les clés du distributeur, le bilan financier pour l'année 2022 s'ouvrait sur un "manifeste" dans lequel le PDG assurait que le groupe avait "démontré qu'il savait résister et se rendre toujours plus proche de ses clients".

C'est pourtant cette année-là que les prix pratiqués par le groupe avaient atteint des sommets, faisant fuir de très nombreux consommateurs.

. Groupe "très vertical"

En juillet puis en décembre 2023, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a dénoncé "les erreurs stratégiques commises depuis plusieurs années" par la direction de Casino, estimant que les salariés français n'avaient pas à en faire les frais.

Ce sera finalement bien le cas: les effectifs du distributeur vont passer de 50.000 fin 2022 à 28.212 après cession de nombreux magasins à ses concurrents Intermarché, Auchan et Carrefour. Pour ceux qui vont changer d'enseigne, les conditions sociales ne seront plus les mêmes.

Après avoir "apporté" le distributeur Rallye à Casino, c'est Jean-Charles Naouri qui réoriente le groupe d'origine stéphanoise vers la proximité et les centres-villes à fort pouvoir d'achat, à une époque où la grande distribution ne jure que par l'hypermarché. Monoprix, Franprix, les enseignes fortes dans ce que reprend Daniel Kretinsky, sont des achats réalisés par le futur ex-PDG.

. Erreurs et isolement

Autrefois décrit comme une "pépinière de talents", Casino a vu partir au fil des ans ses meilleurs éléments.

Les contre-pouvoirs pouvant exister en interne se sont peu à peu éteints, et les remontées de terrain, notamment les alertes sur les prix trop élevés ou la grogne sur la multiplication des caisses automatiques, n'ont pas été suivies d'effet, accusent les syndicats.

Président du conseil d'administration, directeur général, premier actionnaire: Jean-Charles Naouri concentrait les pouvoirs au sein du groupe Casino, depuis au moins 2005.

Son très brillant parcours - Inspection des Finances, doctorat en mathématiques, direction du cabinet de Pierre Bérégovoy aux ministères des Affaires sociales et de l'Economie, banque d'affaires chez Rotschild... - et de nombreux succès économiques lui ont permis de jouir d'une aura longtemps immaculée, n'encourageant pas les oppositions.

Plusieurs bons connaisseurs de l'entreprise ont confirmé ce constat d'un ancien proche: "Les gens n'osaient pas parler face à lui, et faisaient ce qu'il disait même en sachant que c'était une bêtise."

. Quels contre-pouvoirs externes?

La déroute du distributeur pose aussi la question des responsabilités externes. C'est un vendeur à découvert américain, Muddy Waters, qui a mis en lumière en 2015 les fragilités d'un groupe qui a grossi par la dette.

Casino et son PDG martèlent que ce sont les attaques de ces fonds, qui parient sur la chute de l'action d'entreprises, qui ont asphyxié le groupe.

Quelle responsabilité par ailleurs des pouvoirs publics? Difficile d'intervenir dans la gestion d'une entreprise privée.

Dans une interview au quotidien local Le Progrès, l'ancien président de la République François Hollande avait pointé la responsabilité des banques créancières: "comment ont-elles pu soutenir" Casino "alors même qu'il y avait des alertes" ?

L'Autorité des marchés financiers (AMF), saisie dès 2016, a attendu juillet 2023 pour sanctionner lourdement la maison mère du distributeur, Rallye, pour diffusion d'informations "fausses ou trompeuses" en 2018-2019.

Et les conclusions d'une enquête judiciaire sur des faits présumés de manipulation de cours de bourse et corruption privée active et passive notamment, qui auraient eu lieu également en 2018-2019, ne sont toujours pas connues.

Enfin, les actionnaires, familiaux ou particuliers, ont longtemps suivi la direction.

"Personne sur la place de Paris ne peut prétendre avoir été pris par surprise" par la déroute du distributeur, observait en janvier le quotidien économique Les Echos dans un éditorial. "Il faudra tirer les leçons d'une descente aux enfers dont on aurait au moins pu réduire le coût."

Valeurs associées

Euronext Paris +1.97%

10 commentaires

  • 25 mars 17:15

    Je ne savais pas que ce gus était aussi passé par Rothschild !!! Bizarre aussi que certains, dont j'ai l'honneur de faire partie, dénoncaient par posts sur les forums l'incongruité (je suis gentil) de la situation de la nébuleuse, alors que tout le monde se la fermait. Merci l'AMF qui ne sert à rien !


Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.