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La crise du coronavirus pourrait favoriser l’investissement responsable
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 20/03/2020 à 13:33

Cette crise sanitaire remet totalement en question les fondements du système économique actuel. (Crédits photo : Adobe Stock )

Cette crise sanitaire remet totalement en question les fondements du système économique actuel. (Crédits photo : Adobe Stock )

En pleine épidémie de coronavirus, la question d'une finance davantage responsable semble gagner du terrain. Et pour cause, la crise a fait prendre conscience aux gérants et aux investisseurs qu'un phénomène extra financier pouvait avoir des conséquences désastreuses sur l'économie, les marchés et les chaînes de production… remettant ainsi en question le modèle établi.

Il y a moins d'un mois, les places financières mondiales étaient au beau fixe : les indices boursiers frôlaient des plus hauts historiques et certaines valeurs voyaient leur cours s'envoler de manière irrationnelle. Depuis, un événement inattendu est venu bouleverser cette euphorie, déclenchant dans le même temps la pire crise financière qu'ait connu le monde depuis 2008.  « Ce que le coronavirus montre aujourd'hui est que l'on a construit des modèles qui sont très imbriqués et assez vulnérables », explique Anne-Claire Abadie, gérante ISR chez Sycomore AM, avant d'ajouter « qu'on avait tendance à penser que ces modèles étaient insensibles à des phénomènes de santé ou environnementaux ». A tort.

Alors que la pandémie progresse, les bourses sont en chute libre et les chaînes de production à l'arrêt. Un environnement anxiogène au centre duquel il y a tout de même une bonne nouvelle. Depuis le début de la crise, les émissions de gaz à effet de serre ont drastiquement chuté, notamment en Chine. Images satellites de la NASA à l'appui. « Le point positif du coronavirus est qu'avec la diminution de la production, les émissions qui polluent l'air et qui réchauffent la planète ont été réduites. On voit donc qu'il y a des moyens activables, possibles à mettre en œuvre », analyse la gérante de Sycomore AM.

Cette crise sanitaire remet totalement en question les fondements du système économique actuel. « On voit qu'une utilisation trop intense de ressources nous a conduit dans un monde avec un réchauffement et des dérèglements climatiques qui seront insoutenables, des ressources qui s'épuisent, des limites planétaires qui sont déjà en train d'être dépassées », insiste Anne-Claire Abadie. D'après elle, il faudra désormais « raisonner croissance mais pas croissance à tout prix ». Comment ? Peut-être grâce à l'investissement responsable. C'est en tout cas ce que croient de nombreux acteurs de la finance, convaincus que l'extra financier n'est pas un obstacle à la performance.

Une nouvelle manière d'investir ?

Aujourd'hui, ils sont de plus en plus à naviguer vers cette nouvelle manière d'investir, visant des entreprises moins polluantes et des business models plus durables.

C'est le cas par exemple de CPR AM. Son Directeur Général Délégué, Arnaud Faller, estime que la prise en compte des critères ESG permet d'avoir «une vision à 360°» car ils signent «l'alignement d'intérêts entre les gouvernements qui donnent le cap, les ONG qui servent d'aiguillons et les corporate qui sont à la manœuvre». Sans oublier les investisseurs, sur lesquels il est possible de «réallouer, réorienter l'épargne pour lui donner encore plus de sens».

Une vision globale que partage Anne-Claire Abadie de Sycomore AM : «Notre mission c'est humaniser l'investissement. C'est la conviction que la création de valeur n'est durable que si elle est partagée entre l'ensemble des parties prenantes. Et ça se traduit en termes d'investissement, dans des investissements qui sont qualifiés d'ISR mais aussi dans des thématiques au service du développement durable.»

Mais pour ce faire, encore faut-il que les entreprises communiquent sur leur situation extra financière. Arnaud Faller s'en réjouit, la situation s'est, d'après lui, nettement améliorée au cours des dernières années. « Il y a 20 ans, les entreprises commençaient à communiquer mais timidement … Aujourd'hui, elles publient de plus en plus concernant leur politique environnementale, la RSE mais aussi sur les enjeux de diversité ».

Tandis que les gérants d'actifs cherchent à verdir leurs portefeuilles, les assureurs aussi se mettent au vert, mais parfois avec plus de discrétion. Bernard Le Bras, Président du Directoire de Suravenir, déplore d'ailleurs que ses efforts sur la prise en compte des critères ESG soient « aujourd'hui peu visibles ou insuffisamment visibles pour la clientèle retail ». Pour mettre en lumière cette démarche, la filiale d'assurance-vie et de prévoyance du Crédit Mutuel Arkéa a récemment lancé « toute une gamme de mandats baptisée " Conviction Responsable " » qui repose sur « des thématiques que le client choisit en fonction de sa sensibilité », précise-t-il. L'objectif : donner du sens à son épargne.

C'est justement le comportement qu'anticipent les sociétés de gestion chez les épargnants une fois la crise terminée. « Au moment d'entrer à nouveau dans le marché, l'investisseur va se poser plus de questions sur quel véhicule choisir et dans ce cas-là, je pense qu'il va nettement privilégier ceux qui ont plus de sens et notamment les fonds avec des thématiques ESG », prévoit Arnaud Faller de CPR AM.

Attention au «greenwashing»

A ce moment-là, il faudra montrer patte blanche ou plutôt… patte verte. Car dans certaines bouches, l'investissement responsable est davantage perçu comme un argument commercial qu'une réelle conviction. C'est la raison pour laquelle certaines sociétés de gestion ont décidé d'agir en développant notamment leur propre outil d'analyse des critères ESG.

Sycomore AM a mis en place un système de notation et une grille d'évaluation interne. « Les agences de notation extra financières s'arrêtent beaucoup à la seule pratique de l'entreprise, à la politique RSE. Or nous, aujourd'hui, on cherche à dépasser ça et voir si le business model de l'entreprise est aligné avec les grands enjeux de développement durable », explique Anne-Claire Abadie.

Dans certains cas, il s'agit aussi d'accompagner des sociétés dans leur processus de transformation. A l'heure actuelle, des fonds labellisés ISR ou Greenfin peuvent investir dans des secteurs qui a priori polluent, comme la mobilité, la construction, l'énergie ou encore les utilities, si l'entreprise montre une volonté de progrès. De bonnes intentions que l'on devrait également retrouver en force chez les investisseurs une fois la crise sanitaire et financière dépassée.

2 commentaires

  • 22 mars 08:47

    Et une fois la crise terminée, on va repartir comme si de rien n'était !!!!


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