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La construction des portefeuilles risque d'être de plus en plus compliquée, selon Natixis CIB
information fournie par Reuters 11/04/2025 à 14:03

Le logo de la banque française Natixis est visible sur l'un de ses bâtiments à Paris

Le logo de la banque française Natixis est visible sur l'un de ses bâtiments à Paris

Les annonces douanières des derniers jours ont jeté la panique sur les marchés, compliquant la construction de portefeuilles et ravivant les inquiétudes sur la soutenabilité de la dette américaine, estiment vendredi des experts de Natixis CIB.

"Les niveaux de stress se sont envolés sur les marchés ces derniers jours", résume Émilie Tetard, stratège multi-actif au sein de la banque d'investissement.

L'indice de perception du risque calculé par la banque a bondi à son plus haut depuis 2020, tandis que la variation au cours d'une séance du S&P 500 a atteint un plus haut depuis 2008 et que la corrélation entre actifs a fortement progressé - ce qui signifie que la quasi-totalité des investissements financiers ont chuté.

"Il n'existe plus qu'un seul gros moteur de marché, et il est très changeant", résume la stratège, évoquant l'incertitude autour de la politique américaine.

Dans ce contexte, quelques rares stratégies se sont bien comportées: long/short (vendeuses et acheteuses), à faible volatilité, ou suivant les tendances (trend-following) sur les taux courts, notamment, remarque Natixis.

Reste qu'à moyen terme, le travail d'allocation risque d'être de plus en plus compliqué, explique Émilie Tetard.

"Les corrélations actions/obligations et actions/dollar sont devenues plus instables avec la montée du risque d'inflation, d'une part, et la défiance à l'égard des États-Unis d'autre part", rappelle la stratège.

Les actions sont historiquement positivement corrélées au dollar et négativement aux obligations, qui offrent donc de la protection lorsque les marchés des actifs risqués reculent.

"Et comment diversifier lorsque seul l'or et le franc suisse ont joué leur rôle de valeur refuge?", ajoute Émilie Tetard.

De fait, les Treasuries américains ont chuté en pleine débâcle boursière, un comportement inhabituel pour ces dettes considérées comme l'étalon-or des actifs refuges.

"Ce mouvement a pu faire craindre que la dette américaine, d'actif refuge, ne devienne un risque", résume Eya Chammakhi, stratège taux chez Natixis CIB, qui évoque plusieurs motifs d'inquiétude, dont un volume de dette jugé insoutenable et une diminution de l'exposition au dollar des acteurs financiers, ou "dédollarisation".

"Mais la raison principale demeure l'inquiétude liée à la politique américaine, le président semblant prêt à utiliser l'arme commerciale comme levier, même au prix de dommages sur sa devise", résume la stratège.

Si la trajectoire des marchés dépend désormais au premier chef des annonces en provenance des États-Unis et de la Chine, les investisseurs sont également attentifs à l'impact économique des droits de douane.

Des indicateurs de marché suggèrent que le scénario retenu par les opérateurs est celui d'un ralentissement des économies, plutôt que celui d'un rebond de l'inflation. Les swaps d'inflation à 5 ans dans 5 ans ont ainsi perdu 20 points de base pour les États-Unis comme pour la zone euro au cours de la séquence, tandis que les marchés revoyaient à la hausse leurs anticipations de baisses de taux pour la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne.

Ce n'est pas le scénario central de Natixis, qui s'attend toutefois à un ralentissement de la croissance à 1% aux États-Unis en 2025 (contre 1,8% attendu précédemment et 2,8% en 2024) et 4,2% en Chine, bien loin de l'objectif officiel de croissance "autour de 5%" annoncé par le gouvernement.

(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)

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