Le CAC 40 progresse de plus de 4% alors qu'Emmanuel Macron est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle. (crédit : gouvernement français)
La Bourse adore quand un plan se déroule sans accrocs. Et c’est ce qui s’est passé hier... tout du moins pour les investisseurs. Très critiqués ces dernières années, les instituts de sondage ont cette fois pris leur revanche avec des estimations très proches du résultat du premier tour. Avec 23,8% des voix Emmanuel Macron apparait en tête devant Marine Le Pen, à 21,5%.
Comme le titre Oddo dans sa note d’aujourd’hui «Macron (presque) président». Selon un sondage Cevipof/Ipsos/SopraSteria pour le second tour, le candidat d’En Marche est en tête des intentions de vote à 62% contre 38 pour Marine Le Pen.
Le CAC 40 en forte hausse
Nous l’écrivions vendredi soir, une bonne surprise n’était pas à exclure sur les marchés et de facto, le CAC 40 a ouvert en hausse de plus de 4% à son plus-haut depuis avril 2015 et dans de gros volumes puisque 2 milliards d’euros ont déjà été échangés avant 10 heures.
Côté taux, le spread entre l’OAT 10 ans française et le Bund allemand a nettement baissé, à 47 points de base contre 68 points vendredi soir. Sur le marché des devises, l’euro prend plus de 1,2%, à 1,0855 dollar vers 9h50.
Les banques à la fête
De facto, les investisseurs voient aussi déjà nettement le candidat d’En Marche à l’Elysée. Sans surprise, ce sont les valeurs bancaires qui profitent de la probabilité beaucoup moins forte d’un scénario noir comprenant la sortie de l’euro.
Société Générale, Crédit Agricole, BNP Paribas et Axa dominent les progressions du CAC 40 avec des hausses comprises entre 6,5% et 8%. Plusieurs valeurs de l’indice touchent également des plus-hauts historiques dont L’Oréal, Safran ou encore Airbus...
Aucune valeur n’est en baisse sur l’indice SBF 120 à l'exception de Lafargeholcim avec le départ annoncé de son directeur général Eric Olsen et Sartorius Stedim dans la foulée de ses trimestriels.
Les Américains respirent
Les investisseurs américains, tétanisés par un risque de duel Mélenchon / Le Pen, retrouvent aussi le sourire. Pour Blackrock, ce virage en tête d’Emmanuel Macron est une surprise positive pour les actifs à risque à court terme. Le géant américain de la gestion d’actifs se dit désormais «positif sur les actions européennes et estime que la baisse du risque politique favorisera un regain d’attention pour la croissance qui s’améliore dans la région. L’Europe devrait bénéficier de la reflation à l’œuvre à l’échelle internationale et les secteurs cycliques présentent des valorisations attrayantes».
Pour Bill Street, Directeur EMEA des investissements chez State Street Global Advisors, «il est presque certain que Le Pen ne remportera pas le deuxième tour, et les actions peuvent poursuivre leur reprise jusqu’en 2018 car les risques non-existentiels peuvent être absorbés. L’économie mondiale n’est peut-être pas florissante, mais la croissance est de retour. Certaines primes de risque modérées sur le marché obligatoire disparaitront aussi, et ceci bénéficierait probablement le plus aux actifs de moindre qualité.
Cependant, il met en garde contre un optimsime excessif : «Un calendrier européen riche en activités pourrait réserver d’autres surprises : les élections au Royaume-Uni, les pourparlers sur la dette grecque, les élections en Allemagne, et la possibilité de la tenue d’élections en Italie dans un avenir proche, sont plus que suffisants pour maintenir les marchés en alerte. Dans un environnement susceptible de rester volatil, les stratégies de protection à la baisse sont essentielles.»
Christopher Dembik, de Saxo Bank rappelait aussi récemment que le Brexit pourrait venir se rappeler au bons souvenirs des investisseurs et peser plus durablement sur les marchés que l’élection présidentielle française.
Territoire inexploré
Au-delà du soulagement de court terme, la question de la gouvernabilité de la France en cas de victoire - pas encore acquise - d'Emmanuel Macron devrait aussi vite faire son retour sur le devant de la scène.
Pour CM-CIC : « L'issue de l'élection présidentielle devrait apporter un soulagement sur les marchés financiers avec un soutien de court terme pour la devise européenne, les obligations et les actions françaises ainsi que les obligations des pays périphériques. A l’inverse, les valeurs refuge telles que l’or, le yen ou les obligations allemandes devraient être à la peine. Toutefois, la question de la gouvernabilité de la France reste entière et dépendra des élections législatives dont le résultat paraît très incertain à l’heure actuelle. La prime de risque sur les taux français devrait donc baisser mais elle ne disparaîtra pas totalement. »
Même prudence du côté de Deutsche Asset Management qui, sous la plume de son président Stefan Kreuzkamp, joue la prudence : «Nous mettons un peu notre optimisme en sourdine concernant la France. Beaucoup de choses vont dépendre des élections legislatives à venir et comment ce résultat soutiendra le mandat d’Emmanuel Macron qui pour l’instant, ne peut compter ni sur un parti ou une grande expérience politique. Ce qui signifie qu’avec sa présidence, la France entrerait également en territoire inexploré… »
Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)
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