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Le taux de dépôt de la BCE reste à 2,0%
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L'inflation se rapproche de l'objectif de 2% de la BCE
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Spéculations sur une future hausse des taux de la BCE
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Les économistes prévoient des taux stables jusqu'en 2027
(Actualisé avec précisions, déclarations de Lagarde en conférence de presse, commentaires d'économistes, réaction des marchés financiers)
par Francesco Canepa et Balazs Koranyi
La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu jeudi ses taux directeurs et a revu à la hausse certaines de ses projections en termes de croissance économique et d'inflation, une décision qui ferme probablement la porte à de nouvelles baisses de taux à court terme.
Le taux de dépôt reste ainsi à 2,0% et celui du refinancement à 2,15%. Ce statu quo est le quatrième d'affilée dans le cycle d'assouplissement monétaire de la BCE après des décisions similaires prises en juillet, septembre et octobre.
Les chiffres récents de la croissance économique en zone euro ont dépassé les prévisions de la BCE, soutenus par les exportations qui ont résisté mieux que prévu aux droits de douane américains et par les dépenses intérieures qui ont compensé le ralentissement du secteur manufacturier.
L'inflation, quant à elle, s'est maintenue autour de l'objectif de 2% de la BCE et devrait rester à ce niveau dans un avenir prévisible.
Ces perspectives plus optimistes ont déjà conduit les investisseurs à tirer un trait sur un cycle d'assouplissement qui a vu la BCE réduire de moitié son taux directeur, passant progressivement de 4% à 2%. La dernière baisse des taux de la BCE remonte à la réunion du 5 juin où les coûts d'emprunt avaient été réduits de 25 points de base.
D'autres grandes banques centrales semblent également sur le point de mettre un terme à leurs baisses de taux. La Réserve fédérale américaine a indiqué la semaine dernière qu'une seule baisse du loyer de l'argent était prévue en 2026, tandis que la Banque d'Angleterre (
BoE
) a laissé entendre qu'elle pourrait ralentir le rythme de réduction de ses taux après la baisse de ce jour.
Lors de la conférence de presse qui a suivi les annonces de la BCE, Christine Lagarde a déclaré que les responsables de l'institution s'accordaient à dire qu'il n'y avait "aucune date fixée pour une quelconque décision", répondant à une question sur la prochaine décision de la banque centrale.
"C'était une décision unanime autour de la table", a-t-elle ajouté, réaffirmant le message de la BCE selon lequel la banque centrale fixerait les coûts d'emprunt "réunion après réunion", en fonction des données disponibles et qu'elle ne pouvait s'engager à l'avance sur une trajectoire de taux prédéterminée.
"Compte tenu du degré d'incertitude auquel nous sommes confrontés, nous ne pouvons tout simplement pas fournir de prévisions", a-t-elle ajouté.
Dans sa déclaration de politique monétaire, la BCE a noté que les perspectives incertaines dans le monde continueraient de freiner la croissance économique dans le bloc monétaire et a renouvelé son appel aux Etats membres pour qu'ils poursuivent les réformes visant à rendre l'économie plus efficace et compétitive.
DES HAUSSES DE TAUX À VENIR?
Des déclarations récentes d'Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, de Philip Lane, chef économiste de l'institution, et de Christine Lagarde elle-même, ont alimenté les spéculations quant à une hausse des taux en fin d'année prochaine.
Les marchés financiers ont commencé à intégrer dans leurs calculs la probabilité d'un éventuellement relèvement des taux de la BCE en fin 2026 ou début 2027.
Mais la plupart des économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que la BCE maintienne ses taux actuels jusqu'en 2026, voire 2027, même si la fourchette de prévisions pour cette dernière année est large, entre 1,5% et 2,5%.
"En réalité, la barre est probablement assez haute pour qu'un mouvement dans un sens ou dans l'autre se produise lors des prochaines réunions", a noté Isabelle Mateos y Lago, cheffe économiste chez BNP Paribas.
Sur les marchés financiers, les rendements des obligations d'Etat de la zone euro ont légèrement progressé et les investisseurs ont accru leurs paris sur de futures hausses de taux de la BCE après la décision de politique monétaire de l'institution.
Le rendement Bund allemand à 10 ans DE10YT=RR , référence pour la zone euro, prenait un point de base, à 2,87%. Il avait atteint 2,894% la semaine dernière, son plus haut niveau depuis mi-mars.
L'euro EUR= était lui inchangé, à 1,173 dollar, tandis que l'indice paneuropéen Stoxx 600 .STOXX conservait ses gains initiaux, avec une hausse de 0,29%.
RÉVISION DES PROJECTIONS DE CROISSANCE ET D'INFLATION
La BCE s'attend désormais à une croissance économique de 1,4% cette année, de 1,2% en 2026 et de 1,4% en 2027 et 2028.
Les économistes du secteur privé s'attendent eux aussi à ce que la croissance se poursuive l'année prochaine, soutenue par les investissements prévus par l'Etat allemand dans la défense et les infrastructures et par un marché du travail relativement tendu.
"Un marché du travail stable, un secteur des services en croissance et la relance budgétaire allemande donneront un coup de fouet à l'économie de la zone euro dans les mois à venir", prédit Felix Schmidt, économiste chez Berenberg.
Les prévisions d'inflation de base de la BCE pour 2026-2027 ont également été revues à la hausse.
"L’inflation a été revue à la hausse pour 2026, principalement car les services de l’Eurosystème anticipent désormais un tassement plus lent de l’inflation dans le secteur des services", écrit la BCE dans son communiqué de politique monétaire.
Ces prévisions sont essentielles car elles excluent l'effet d'un retard du nouveau système d'échange de quotas d'émission de carbone de l'Union européenne, qui entraînera mécaniquement une baisse de l'inflation globale en 2026-2027 et une hausse en 2028.
Parmi les facteurs susceptibles de peser sur l'inflation, figurent la vigueur de l'euro par rapport au yuan chinois et au dollar américain. D'autant que la devise américaine pourrait encore baisser si la Réserve fédérale réduit ses taux plus rapidement sous la houlette d'un nouveau président.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)

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