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La BCE abaisse ses taux directeurs, une pause estivale désormais attendue
information fournie par Reuters 05/06/2025 à 16:10

Des drapeaux de l'UE sont accrochés devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort

Des drapeaux de l'UE sont accrochés devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort

La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé jeudi ses taux directeurs comme prévu et souligné être désormais bien positionnée pour faire face à l'incertitude économique mondiale alors que les marchés financiers tablent désormais sur une pause estivale dans l'actuel cycle d'assouplissement monétaire.

Le taux de dépôt de la BCE a été réduit de 25 points de base, à 2,0%, huitième baisse des coûts d'emprunt dans la zone euro depuis juin 2024, afin de juguler l'inflation et soutenir une économie déjà en difficulté avant même l'annonce de nouveaux droits de douane par l'administration américaine.

L'inflation étant désormais sous l'objectif de 2% de la BCE, l'attention s'est portée sur le message de l'institution pour la suite, en particulier le niveau du taux "neutre", celui qui ne stimule ni ne freine la croissance économique.

"Au niveau actuel, nous pensons être en bonne position pour traverser les circonstances incertaines qui vont se présenter", a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de la conférence de presse qui a suivi les annonces de l'institution. Elle a répété que la BCE ne s'engagerait pas à l'avance sur une trajectoire de taux, tout en notant que le taux "neutre" est basé sur une absence de choc.

Selon la présidente de la BCE, les responsables de l'institution ont été "pratiquement unanimes" dans la décision de réduire les taux directeurs, poursuivant ainsi le cycle d'assouplissement le plus agressif de la banque depuis la crise financière mondiale de 2008/2009.

L'euro a peu varié après les annonces de la BCE, s'échangeant autour de 1,1426 dollar, tandis que les rendements des obligations souveraines en zone euro étaient en baisse. Les marchés monétaires ont légèrement réduit leurs anticipations de nouvelles baisses de taux d'ici la fin de l'année, tablant sur une nouvelle réduction de 25 points de base.

La baisse des prix de l'énergie et un euro plus fort pourraient exercer une pression à la baisse supplémentaire sur l'inflation, a expliqué Christine Lagarde, ajoutant que cet effet pourrait être renforcé si le relèvement des droits de douane entraîne une baisse de la demande des exportations libellées en euros et une réorientation des surcapacités vers l'Europe.

Une fragmentation des chaînes d'approvisionnement dans le monde pourrait cependant accroître l'inflation en faisant grimper les prix à l'importation et en accentuant les contraintes de capacité dans l'économie du bloc, a-t-elle également noté.

Les investisseurs anticipent déjà une pause dans les baisses de taux pour la réunion de juillet, et certains responsables de la BCE, perçus comme "hawkish", ont préconisé un statu quo sur les coûts d'emprunt afin de donner à la BCE davantage de temps pour examiner l'impact des incertitudes et des bouleversements politiques sur ses perspectives.

"RÉUNION APRÈS RÉUNION"

Dans son communiqué de politique monétaire, la BCE a donné peu d'indications pour la suite, s'en tenant à son message selon lequel les décisions seraient prises réunion après réunion et en fonction des données disponibles.

"Le conseil des gouverneurs ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière", a écrit la BCE.

"Les décisions du conseil des gouverneurs relatives aux taux d’intérêt directeurs seront fondées sur son évaluation des perspectives d’inflation compte tenu des données économiques et financières, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire", ajoute l'institution.

Le taux de dépôt, qui avait grimpé à 4,0% après dix relèvements consécutifs entre juillet 2022 et septembre 2023, son niveau le plus élevé depuis la création de l'euro en 1999, est désormais au même niveau que l'objectif fixé à moyen terme pour l'inflation par la BCE.

La BCE a par ailleurs réduit ses prévisions d'inflation pour l'année prochaine.

Les droits de douane de Trump nuisent déjà à l'activité et auront un impact durable même si une résolution à l'amiable est trouvée, étant donné le coup porté à la confiance et à l'investissement.

"Une nouvelle aggravation des tensions commerciales au cours des mois à venir se traduirait par une croissance et une inflation inférieures aux niveaux ressortant des projections de référence", écrit la BCE.

"À l’inverse, si un terme favorable est mis aux tensions commerciales, la croissance et, dans une moindre mesure, l’inflation seraient plus élevées que dans les projections de référence", ajoute l'institution.

Cette croissance atone, conjuguée à la baisse des coûts de l'énergie et à la force de l'euro, freinera les pressions sur les prix.

De nombreux économistes estiment que l'inflation pourrait tomber en dessous de l'objectif de 2% de la BCE l'année prochaine, ce qui rappellerait la décennie précédant la pandémie de COVID-19, lorsque la croissance des prix était constamment inférieure à 2%, même si les projections montrent qu'elle atteindra de nouveau l'objectif en 2027.

Les données préliminaires publiées mardi par Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne (UE), montrent que l'indice des prix à la consommation en zone euro est tombé à 1,9% en rythme annuel en mai.

Selon un sondage récent de Reuters, l'ensemble des 81 économistes interrogés prévoyaient une baisse du taux de dépôt d'un quart de point ce jeudi.

(Rédigé par Claude Chendjou, avec Balazs Koranyi and Francesco Canepa, édité par Augustin Turpin)

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