* Gérants et analystes applaudissent le plan de relance
* Ils y voient une victoire pour la solidarité européenne
* Le plan sera financé par une émission de dette commune
* Un pas décisif vers la mutualisation de la dette
par Patrick Vignal
PARIS, 21 juillet (Reuters) - L'accord arraché à Bruxelles sur un plan de relance destiné à réparer les dégâts économiques de la crise du coronavirus est salué mardi dans le monde de la gestion d'actifs comme une avancée majeure vers davantage d'intégration en Europe.
Les dirigeants de l'Union européenne ont validé un fonds de relance de 750 milliards d'euros réparti entre 390 milliards d'euros de subventions et 360 milliards d'euros de prêts à l'issue d'un sommet marathon de plus de quatre jours à Bruxelles qui s'est conclu mardi à l'aube.
L'impact macroéconomique direct du fonds de relance sera relativement limité puisqu'il devrait se traduire par un gain de croissance pour l'économie du bloc de 6 à 7%, qui mettra des mois à se matérialiser, à comparer à une contraction de 15% sur un an attendue pour l'économie de la zone euro au deuxième trimestre, souligne Paul O'Connor, responsable de la gestion multi-actifs chez Janus Henderson Investors.
Mais l'essentiel est ailleurs, poursuit-il, avec le financement du fonds par une émission de dette commune qui représente, selon lui, la première avancée vers une mutualisation de la dette de la zone euro et un pas décisif vers davantage d'intégration budgétaire en Europe.
"Les sceptiques pourront dire qu'il s'agit d'une réponse ponctuelle à une crise exceptionnelle mais un précédent important n'en a pas moins été établi sur la manière dont la zone euro doit répondre aux chocs économiques", juge-t-il.
Assorti d'un budget pluriannuel de près de 1.100 milliards d'euros sur la période 2021-2027, le fonds d'aide viendra appuyer les mesures de stimulation monétaire massives mises en place par la Banque centrale européenne (BCE) et bénéficiera en priorité aux pays les plus touchés par la pandémie comme l'Italie et l'Espagne mais aussi la France.
"Il s'agit d'un moment historique dans l'histoire de l'Union Européenne en raison des sommes engagées, de l'abnégation de certains pays qui n'ont pas cédé face aux pays dits 'frugaux' qui souhaitaient réduire l'aide apportée, ainsi que des modalités de financement, grâce notamment à des obligations de l'Union Européenne", se félicite Sébastien Galy, stratégiste macro senior chez Nordea Asset Management.
UN FINANCEMENT NOVATEUR
Les modalités de financement retenues devraient servir d'exemple à d'autres institutions supranationales comme la Banque mondiale pour financer des investissements indispensables, notamment pour lutter contre le réchauffement climatique, estime de son côté Florence Pisani, directrice de la recherche économique chez Candriam.
"Il est à noter que le mode de financement de ce programme, avec le remboursement des prêts effectués grâce à des recettes futures à définir et le partage de la garantie de ces remboursements par les gouvernements européens, est assez novateur", souligne-t-elle.
Ce fonds de relance aura nécessairement des conséquences sur les marchés obligataires, où les écarts entre les pays de la périphérie de la zone euro et ceux du centre risquent de se réduire avec le temps pour deux raisons, fait valoir pour sa part Paul Brain, responsable de la gestion obligataire chez Newton IM (BNY Mellon IM).
"Premièrement, si tous les pays garantissent la nouvelle dette, le risque de crédit entre les souverains est réduit", explique-t-il. "Deuxièmement, si les 750 milliards d'euros sont utilisés à bon escient et entraînent une croissance économique, le risque de solvabilité est réduit dans toute l'Union européenne."
L'accord sur le plan de relance, qui doit encore être voté au Parlement européen et ratifié par tous les Etats membres, est salué mardi positivement mais sans euphorie sur les marchés européens, où les principaux indices boursiers gagnent de 1% à 1,7% vers 12h45 GMT tandis que les rendements obligataires de référence et l'euro progressent modérément.
A terme, les actifs financiers de la zone euro devraient surperformer assez nettement, portés notamment par le signal positif envoyé par l'accord arraché de haute lutte à Bruxelles, prévoit Paul O'Connor, chez Janus Henderson.
"Les caractéristiques économiques et l'environnement économique de la zone euro ont souffert de la comparaison avec les Etats-Unis ces dernières années mais la tendance paraît s'inverser", analyse-t-il.
"L'Europe a géré le coronavirus plus efficacement que l'Amérique et devrait, au moins sur les prochains mois, offrir aux investisseurs un refuge contre les tempêtes politiques qui se profilent aux Etats-Unis."
(édité par Jean-Stéphane Brosse)
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