L'UAW fait grève dans l'usine Escalade de GM, augmentant la pression pour des salaires plus élevés

information fournie par Reuters •24/10/2023 à 22:03

(Ajout d'une nouvelle estimation de GM selon laquelle les grèves coûteront 400 millions de dollars par semaine) par David Shepardson et Joseph White

Le syndicat United Auto Workers (UAW) a déclenché mardi une grève dans une usine d'assemblage de General Motors GM.N au Texas qui fabrique les véhicules utilitaires sport de grande taille rentables du constructeur automobile américain, dans le cadre d'une nouvelle extension de la grève.

En frappant l'usine d'assemblage de GM à Arlington, où sont fabriqués les grands SUV rentables Chevy Tahoe, Chevy Suburban, GMC Yukon et Cadillac Escalade, l'UAW a désormais fermé trois des usines automobiles les plus rentables au monde. Les travailleurs de l'usine de camionnettes lourdes Kentucky Truck de Ford F.N et de l'usine de camionnettes Ram STLAM.MI de Stellantis, propriétaire de Chrysler, à Sterling Heights, dans le Michigan, sont déjà sur les piquets de grève.

Le débrayage d'Arlington double le coût hebdomadaire du conflit syndical pour le porter à 400 millions de dollars, a déclaré GM dans un document déposé mardi après-midi. Auparavant, le constructeur automobile avait déclaré que les grèves lui coûtaient 200 millions de dollars par semaine.

"Nous sommes déçus par l'escalade de cette grève inutile et irresponsable", a déclaré GM dans un communiqué mardi.

Entre-temps, les négociations se poursuivent chez les trois constructeurs. L'UAW a remis à Stellantis une nouvelle proposition de contrat et devrait bientôt présenter une contre-offre à GM, a déclaré une personne au fait du processus. Les négociateurs syndicaux attendent une nouvelle offre de Ford et discutent avec les négociateurs de l'entreprise. Ford a déclaré que sa dernière offre était "à la limite" de ce qu'elle pouvait se permettre tout en restant compétitive.

La stratégie du syndicat, qui consiste à mener des grèves ciblées pendant 40 jours, a réduit de plusieurs milliards le chiffre d'affaires des trois constructeurs automobiles de Detroit, tout en obligeant moins de la moitié des 150 000 membres de l'UAW travaillant dans ces entreprises à renoncer à leur salaire et à participer aux piquets de grève. Le conflit s'est également propagé à l'adresse , et des entreprises allant des compagnies aériennes aux fabricants de pièces détachées ont commencé à ressentir les effets de la crise.

Plus tôt dans la journée de mardi, GM a annoncé un bénéfice supérieur aux prévisions pour le troisième trimestre, mais a retiré ses prévisions financières pour l'ensemble de l'année en raison de l'incertitude liée à la grève.

"Un autre trimestre record, une autre année record. Comme nous le disons depuis des mois: des bénéfices records sont synonymes de contrats records", a déclaré le président de l'UAW, Shawn Fain. "Il est temps que les travailleurs de GM, et l'ensemble de la classe ouvrière, obtiennent leur juste part

Vendredi, M. Fain a indiqué qu'un accord pourrait être proche mais que les négociations pourraient se durcir, qualifiant les pourparlers avant un accord de "partie la plus difficile d'une grève"

On ne sait pas exactement à quel point le syndicat et les constructeurs automobiles sont éloignés l'un de l'autre. Vendredi, M. Fain a déclaré que les trois constructeurs de Detroit s'étaient mis d'accord sur une offre d'augmentation salariale de 23 % et qu'ils avaient progressé sur d'autres points.

Mais M. Fain a déclaré aux membres de l'UAW qu'il restait encore beaucoup à gagner GM et Ford ont déclaré que les augmentations supplémentaires liées au coût de la vie portaient déjà leurs offres de rémunération totale à plus de 30 %.

La décision de M. Fain de pousser les Trois Détroit à aller encore plus loin que les salaires et avantages sociaux record qu'ils ont offerts est un pari que les constructeurs automobiles puiseront davantage dans leurs futurs dividendes, rachats d'actions ou budgets d'investissement pour améliorer les salaires et avantages sociaux de l'UAW. Jusqu'à présent, aucun des constructeurs automobiles n'a déclaré une impasse formelle. Mais les entreprises n'ont pas exclu cette possibilité.

L'impact sur les bénéfices des Trois Détroits pourrait également se traduire par des chèques de participation aux bénéfices moins importants pour les travailleurs de l'UAW à la fin de l'année. Au cours de l'exercice 2019, le bénéfice du quatrième trimestre de GM a été affecté à hauteur de 3,6 milliards de dollars par une grève de 40 jours de l'UAW qui a entraîné l'arrêt de toutes les usines du constructeur automobile aux États-Unis.

Mary Barra, directeur général de GM, a déclaré mardi aux investisseurs que l'entreprise "n'acceptera pas un contrat qui n'est pas responsable envers nos employés et nos actionnaires."

Les dirigeants de l'entreprise ont déclaré qu'ils étaient de plus en plus préoccupés par les petits et moyens fournisseurs qui pourraient se retrouver en situation de détresse financière si les débrayages de l'UAW réduisaient leurs liquidités. Même des fournisseurs plus importants, tels que Corning et Illinois Tool Works , avertissent que le conflit social à Detroit nuira à leurs finances.

Des milliers de travailleurs de l'UAW travaillant chez les fournisseurs des constructeurs automobiles sont touchés. Stellantis a licencié mardi 525 travailleurs dans une usine qui fournit l'usine de camions Ram, actuellement en grève.

Après cinq semaines de grève, les pertes économiques pour l'industrie automobile ont dépassé les 9,3 milliards de dollars, a estimé lundi Anderson Economic Group LLC.

Wells Fargo estime que le fonds de grève de l'UAW s'élèvera encore à 750 millions de dollars à la fin de cette semaine. Les responsables de l'UAW ont refusé de préciser le montant du fonds.

L'UAW et les constructeurs automobiles négocient également les futurs salaires et les politiques de syndicalisation pour les usines de batteries de véhicules électriques prévues par les coentreprises des constructeurs automobiles et leurs partenaires sud-coréens pour les batteries.

Ces négociations sont compliquées, car les coentreprises sont des entreprises distinctes et les constructeurs automobiles ne sont pas obligés de les couvrir dans le cadre de leur contrat-cadre avec l'UAW, conformément au droit du travail américain.

Les actions de GM, Ford et Stellantis ont peu varié mardi, reflétant l'opinion de Wall Street selon laquelle les négociations avec l'UAW sont peut-être sur le point de s'achever.

"Le syndicat joue ses cartes dans le but de parvenir à un accord le plus tôt possible", a déclaré Harley Shaiken, professeur de droit du travail à l'Université de Californie à Berkeley. "Le retrait des usines rentables vise à accélérer l'accord