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L'offre conjointe pour SFR, test décisif pour la consolidation des télécoms en Europe
information fournie par Reuters 17/10/2025 à 15:22

L'offre conjointe de 17 milliards d'euros de Bouygues Telecom BOUY.PA , Free et Orange ORAN.PA pour la plupart des actifs du deuxième opérateur de télécommunications français SFR pourrait constituer une épreuve de vérité pour le marché européen des télécommunications.

Altice, la société mère de SFR, a rejeté l'offre non contraignante, qui ramènerait le nombre d'opérateurs français à trois. Cependant, les soumissionnaires souhaitent engager des discussions avec ses actionnaires, dont le milliardaire Patrick Drahi, afin de tenter de conclure un accord.

Toutefois, les autorités de régulation ont depuis longtemps tracé une ligne rouge pour maintenir quatre opérateurs par pays, résistant aux pressions en faveur d'une consolidation pour s'aligner sur les concurrents américains et asiatiques plus dominants.

QUELS SONT LES ENJEUX DE L'OFFRE ? Les régulateurs concurrence de l'UE ont imposé des mesures correctives sévères et ont même bloqué les accords dans le secteur des télécommunications qui prévoyaient de réduire le nombre d'opérateurs de réseaux mobiles de quatre à trois sur le marché d'un seul pays, afin de préserver la concurrence et d'éviter les hausses de prix.

Toutefois, un rapport de l'UE sur la compétitivité de l'Union européenne publié l'année dernière a exhorté les régulateurs à assouplir leur position, qui a abouti à un secteur très fragmenté, et à se concentrer davantage sur le soutien aux entreprises pour leur permettre de gagner en envergure et de rivaliser avec leurs concurrents américains et chinois.

Cela faisait écho à certains appels lancés par des dirigeants du secteur, qui exhortaient l’Union européenne à faciliter les fusions en évaluant les transactions à l’échelle régionale plutôt que nationale, et en tenant compte des plans d’investissement.

QUI EXAMINERAIT UNE OPÉRATION DE SFR ?

L’acquisition des actifs français d’Altice serait probablement soumise à un examen de la Commission européenne, qui dispose de 25 jours ouvrables après le dépôt d’un dossier pour mener une première évaluation.

Ce délai peut être prolongé de 35 jours ouvrables afin d’examiner d’éventuelles mesures correctives ou une demande d’un État membre souhaitant traiter le dossier.

La plupart des fusions sont approuvées, mais la Commission ouvre parfois une enquête approfondie de deuxième phase pouvant durer jusqu’à 90 jours ouvrables supplémentaires, voire 105 jours en cas de prolongation.

Selon Jan Frederik Slijkerman, analyste chez ING, la Commission devrait se concentrer sur la préservation de la concurrence dans plusieurs segments clés du marché français des télécommunications et veiller à ce que l'infrastructure reste accessible aux nouveaux entrants.

En cas d’accord, cela révélerait d’éventuelles évolutions dans la position des autorités antitrust, ont indiqué les analystes de Berenberg.

QUE DIT LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS ?

Paris jouera un rôle clé en cas d'accord, car le gouvernement français est le principal investisseur d'Orange.

En tant que membre du conseil d'administration, son influence peut s'étendre aux négociations, qui pourraient porter sur la protection de l'emploi et l'intérêt national.

Le ministre des Finances, Roland Lescure, a déclaré qu'il serait "extrêmement vigilant", notamment en ce qui concerne les prix et la qualité des services.

COMMENT SE COMPOSE LE SECTEUR FRANÇAIS ?

La France compte actuellement quatre opérateurs de télécommunications, Orange étant le leader du marché. Cela signifie qu'il ne pourrait acquérir que la plus petite part de SFR, qui compte 19 millions d'abonnés mobiles et plus de six millions d'abonnés à la fibre optique.

Le marché français a subi de nombreuses transformations, Orange ayant été racheté par France Télécom en 2000.

En 2014, Vivendi a vendu SFR à Numericable de Patrick Drahi, pour 13,4 milliards d'euros en numéraire et une participation de 20% dans l'entité combinée, donnant naissance à Altice France, aujourd’hui à son tour convoitée.

Altice a finalisé ce mois-ci une restructuration de sa dette, à l’issue de laquelle Patrick Drahi détient 55% d’Altice France et les créanciers 45%.

Bouygues Telecom, qui cherche à obtenir la plus grande part des activités d'Altice, s'est renforcé grâce à l'acquisition de La Poste Telecom, ajoutant 2,3 millions de clients en 2024.

Iliad est entré sur le marché français en 2012 sous la marque à bas prix Free, déclenchant une forte concurrence tarifaire.

Les trois opérateurs ont proposé d'acquérir la plupart des activités de SFR, à l'exception de ses participations dans les actifs fibre et dans les départements et régions d'outre-mer.

(Reportage Gianluca Lo Nostro et Elvira Pollina, version française Elena Smirnova, édité par Augustin Turpin)

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