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L’inflation, un phénomène transitoire qui dure
information fournie par TRIBUNE LIBRE 22/11/2021 à 13:50

Jonathan Baltora, Head of Sovereign, Inflation and FX chez AXA IM. (crédit photo : DR)

Jonathan Baltora, Head of Sovereign, Inflation and FX chez AXA IM. (crédit photo : DR)

Par Jonathan Baltora, Head of Sovereign, Inflation and FX chez AXA IM


Sous l'effet combiné de la hausse de la demande des consommateurs, des pénuries de matières premières et des perturbations persistantes qui affectent les chaînes d'approvisionnement, l'inflation demeure actuellement anormalement élevée.

On peut cependant penser que cette situation n'est que transitoire et devrait tendre à une normalisation dans les mois à venir. Avec une hausse de 0,9 % en octobre  et 6.2% sur les 12 derniers mois l'inflation américaine atteint un point haut de 30 ans.

En zone euro, si l'inflation annuelle a atteint son plus haut niveau depuis 13 ans à 4,1 % en octobre 2021 , la Banque Centrale Européenne a indiqué que cette flambée était due en grande partie à des facteurs ponctuels et que la croissance des prix devrait ralentir mi-2022.

D'après nos estimations, il est désormais probable que l'inflation américaine demeure supérieure à 4 % avant de se replier à la fin du premier trimestre 2022, tandis qu'en zone euro l'inflation devrait demeurer au-dessus de 2,5 % jusqu'à la fin du T2 2022, avant de ralentir.

Toutefois, même lorsque les hausses de prix commenceront à faiblir, celles-ci devraient rester relativement élevées au regard des niveaux historiques. Cet avis est partagé par l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), qui a indiqué anticiper une hausse des prix plus rapide qu'avant la pandémie dans l'ensemble des pays du G20 pendant au moins les deux prochaines années.

Des risques concernant le scénario d'inflation

L'expérience prouve que l'inflation peut surprendre. A titre d'illustration, le consensus de marché s'attendait à une hausse de l'inflation d'environ 1,3%  en Zone Euro en janvier pour l'année 2021, elle sera finalement supérieure à 4 %. Si le caractère transitoire de l'inflation élevée reste notre scénario central, il est cependant important de surveiller les risques. Nous voyons trois sources de risque à moyen terme.

Le phénomène de mondialisation du commerce mondial a été un élément majeur dans le contrôle des coûts pour les entreprises. L'entrée de la Chine dans l'OMC a coïncidé avec un important ralentissement de l'inflation dans les économies développées. La transition du modèle exportateur chinois vers un modèle de consommation domestique constitue un risque pour l'inflation mondiale. Le rôle d'usine du monde que joue la Chine pourrait s'amenuir, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur les prix.

A voir : AXA IM : quelle stratégie d'investissement pour s'adapter au retour de l'inflation ?

Nous observons également un changement radical dans la relation des états aux déficits publics, les Banques Centrales finançant presque sans limite la hausse des déficits budgétaires. L'austérité en zone euro est probablement une des raisons pour lesquelles la croissance économique du bloc a été décevante ces dix dernières années. Les balances primaires (déficit hors charge d'intérêt sur la dette) ont été proche de 0 %  alors qu'elles étaient structurellement négatives aux Etats-Unis. De fait, la croissance et l'inflation aux Etats-Unis ont été plus élevées qu'en zone euro. Le vertueux concept d'austérité budgétaire a laissé place à un « quoi qu'il en coûte » mondial qui pourrait soutenir de manière durable la demande des ménages et des entreprises et ainsi pousser les prix à la hausse.

Enfin, la transition écologique présente également des défis. Les matières premières permettant de fabriquer batteries, panneaux solaires et autres éoliennes sont très recherchées. Les prix du gaz s'envolent et il en est de même pour le prix de la tonne de CO2 dans l'Union Européenne, qui a vu son cours multiplié par 10 depuis 2017. Il y a fort à parier que ces coûts seront refacturés aux consommateurs.

Politique monétaire et stratégie d'investissement

S'il y a de nombreuses raisons de penser que le choc d'inflation actuel sera transitoire, il faut reconnaître que ce terme est devenu plus difficile à définir dans la mesure où l'inflation a continué de surprendre à la hausse.

Cette situation ouvre la voie à la normalisation des politiques monétaires des banques centrales. La Réserve Fédérale a, comme attendu, annoncé la réduction progressive de ses achats d'actifs lors de sa réunion de novembre, avec effet immédiat, tandis que le Comité de la Réserve Fédérale chargé de fixer les taux d'intérêt envisage désormais une première hausse potentielle dès 2022. De son côté, la Banque d'Angleterre a fait savoir, lors de sa réunion de novembre, qu'elle pourrait, dans l'éventualité où l'économie évoluait conformément aux prévisions actuelles, procéder au cours des prochains mois à une hausse de ses taux d'intérêt.

Dans la zone euro, il semble que l'assouplissement quantitatif soit devenu une constante de la politique monétaire tant que l'inflation reste relativement faible. Cela constitue toutefois un autre risque dans la mesure où une inflation plus durable remettrait en cause cette politique.
Depuis le début de l'année 2021, le choc inflationniste a été considérable et a largement dépassé les prédictions des économistes. Bien que nous soyons convaincus du caractère transitoire de l'inflation, cette année a montré qu'elle pouvait surprendre à la hausse sans crier gare. Pour l'heure, le maintien d'un niveau de protection contre l'inflation dans les portefeuilles d'investissement peut sembler pertinent, même dans la perspective d'une normalisation prochaine des politiques monétaires.

Nous favorisons les obligations indexées à l'inflation de maturités courtes dans nos portefeuilles. Celles-ci apparaissent peu sensibles aux fluctuations des taux d'intérêt et leur indexation peut permettre de tirer profit d'une inflation élevée. Tout en prenant en considération les risques potentiels qu'elle revêt, cette stratégie est, selon nous, pertinente pour faire face à la crise de l'énergie tout en permettant de négocier la normalisation des politiques monétaires.

2 commentaires

  • 22 novembre 14:27

    tout est transitoire


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