(Actualisé avec précisions, contexte, réaction des marchés)
L'inflation en zone euro a accéléré plus que prévu en octobre et pourrait encore monter dans les mois à venir, renforçant les arguments des partisans d'une plus grande prudence dans le cycle actuel de baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE).
L'inflation dans les 20 pays partageant la monnaie unique est remontée en octobre à 2,0%, contre 1,7% en septembre, principalement en raison de la hausse des coûts alimentaires et énergétiques, montrent les données préliminaires publiées jeudi par Eurostat.
Le consensus des analystes et d'économistes interrogés par Reuters prévoyait une inflation globale à 1,9%.
En excluant les éléments les plus volatils que sont les produits alimentaires non transformés et l'énergie, l'inflation s'est cependant établie à 2,7% en octobre, comme en septembre.
Une mesure plus étroite de la hausse des prix, qui exclut alimentation, énergie, alcool et tabac, montre que l'inflation a également stagné à 2,7% le mois dernier.
Le consensus pour ces deux derniers indicateurs était néanmoins à 2,6%.
L'inflation a chuté rapidement depuis qu'elle a atteint un taux à deux chiffres, il y a deux ans, et la plupart des économistes la voient revenir à l'objectif de 2% de la BCE au cours du premier semestre 2025, après une certaine volatilité au cours des derniers mois de 2024.
Ce retour relativement rapide à l'objectif d'inflation a également alimenté un débat ces dernières semaines, certains responsables de la BCE affirmant qu'il y avait un risque accru que la croissance des prix tombe sous le seuil de 2% et que la BCE soit contrainte d'opter pour des mesures de relance afin d'éviter une inflation trop faible.
Face à une telle menace, la BCE pourrait décider d'une accélération du rythme de baisse de ses taux, ce qui réjouirait les partisans d'une réduction plus importante que prévu du coût du crédit lors de la réunion de décembre.
Cet argument des "colombes" ne convainc toutefois pas les membres de la BCE dits "faucons", qui plaident pour des initiatives mesurées et progressives, car de nombreux éléments pourraient encore pousser les prix à la hausse.
L'une des principales préoccupations est que l'inflation dans les services, le poste le plus important du panier de prix à la consommation, reste beaucoup trop élevée et se maintient à 3,9%.
La croissance des salaires en zone euro est également plus rapide que le taux de 3% que la BCE considère comme compatible avec son objectif, tandis que les ménages continuent de disposer d'une épargne conséquente, ce qui pourrait stimuler la croissance globale.
Le marché du travail dans le bloc monétaire reste par ailleurs tendu, le taux de chômage se maintenant à un niveau historiquement bas, à 6,3% de la population active en septembre, selon des données distinctes d'Eurostat publiées jeudi.
CROISSANCE TROP FAIBLE ET RISQUE D'UNE INFLATION TROP BASSE
L'argument des colombes selon lequel la croissance globale est tout simplement trop faible pour soutenir une inflation de 2% a également été mis à mal cette semaine avec de nouvelles données sur le PIB ayant montré que l'économie avait progressé de 0,4% au troisième trimestre. Ce rythme est deux fois plus rapide que celui prévu, l'Allemagne, la France et l'Espagne ayant fait preuve remarquable résistance.
Les économistes semblent toutefois s'accorder sur le fait qu'aucun rebond significatif de la croissance n'est probable et que la zone euro continuera à croître à un rythme lent, en deçà de son potentiel intrinsèque.
C'est la raison pour laquelle de nouvelles baisses de taux de la BCE sont presque assurées le mois prochain alors qu'aucun responsable de l'institution n'a pour le moment contesté la nécessité d'une nouvelle baisse du loyer de l'argent le 12 décembre.
Les investisseurs financiers parient désormais que le taux de dépôt de la BCE, actuellement à 3,25%, pourrait descendre à 2%, voire en dessous, d'ici fin 2025.
Sur les marchés obligataires, le rendement du Bund allemand à dix ans DE10YT=RR , référence pour la zone euro, prend 3,3 points de base, à 2,408%, après avoir touché en séance un plus haut depuis fin juillet, à 2,425%.
Aux changes, l'euro EUR= avance de 0,1%, à 1,0866 dollar.
Les responsables de la BCE voient dans le résultat de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre la principale incertitude sur les prévisions, car en fonction de l'identité du nouveau locataire de la Maison blanche, les conséquences sur le commerce, la croissance et l'inflation pourraient être profondes.
(Reportage Balazs Koranyi; version française Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer