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L'envolée des taux britanniques ne reflète pas le scénario de la crise du "mini-budget"
information fournie par Reuters 15/06/2023 à 16:24

        * 
      Les taux britanniques à deux ans atteignent un plus haut
depuis
deux ans
    

        * 
      La baisse des titres obligataires est liée à la
persistance de
l'inflation
    

        * 
      La hausse n'est pas liée à des inquiétudes sur la
situtation
budgétaire britannique
    

  
    par Yoruk Bahceli et David Milliken
       LONDRES, 15 juin (Reuters) - Les obligations d'Etat
britannique affichent leur plus fort déclin depuis la crise du
"mini-budget" de l'automne 2022, portant le rendement à deux ans
à son plus haut niveau depuis juillet 2008 - mais les
investisseurs affirment qu'il y a moins de raisons de paniquer
que l'année dernière, cette baisse pouvant même représenter une
bonne affaire.
    Le rendement des Gilts à deux ans  GB2YT=RR  a atteint un
pic d'un peu plus de 4,9% mercredi, après avoir dépassé la
veille le précédent record de 4,76% atteint en septembre 2022.
    L'augmentation rapide des rendements n’est pas sans
conséquence : les banques ont augmenté leurs taux hypothécaires
ces derniers jours, et le parti travailliste, dans l'opposition,
a déclaré que l’augmentation du coût de la dette pourrait le
forcer à limiter ses projets d'investissements verts s'il
accédait au pouvoir l'année prochaine.
    Mais si le marché des Gilts refait parler de lui, après les
turbulences de l’automne dernier qui avaient déstabilisé les
fonds de pension, forcé la Banque d’Angleterre (BoE) à
intervenir et fini par coûter son poste à la Première ministre
Liz Truss, les investisseurs estiment que la situation actuelle
est différente.
    Les évolutions journalières restent contenues, et affectent
essentiellement les obligations à maturité courte que le
contexte de hausse de taux et d’incertitudes sur l’inflation
avaient déjà rendues plus volatiles.
    A l’inverse, les mouvements de septembre et d'octobre
étaient plus violents et concentrés sur les titres à plus long
terme, dont l’effondrement des valorisations a pris de court
certains détenteurs, dont les fonds de pension.
    "Le cercle vicieux lié aux fonds de pension ne s’est pas
déclenché en 2023", explique Jim Leaviss, directeur des
investissements obligataires chez le gestionnaire de fonds M&G.
    "Cette baisse de valorisations n'est pas si importante que
cela, et moins liée à des questions de stabilité budgétaire qu'à
l'environnement des taux d'intérêt et d'inflation", a-t-il
ajouté.
    La publication, mardi, de données sur les hausses de
salaires ont déclenché des ventes de Gilts, les titres à court
terme enregistrant leur plus forte baisse en un jour depuis
octobre.
    Cette donnée s’est ajoutée à une série d’autres indicateurs
qui montrent que les pressions inflationnistes demeurent
persistantes au Royaume-Uni, malgré une faible croissance
économique, ce qui a incité les marchés à revoir à la hausse
leurs anticipations de taux de la BoE.
    Les marchés estiment désormais que les taux de la BoE
pourront atteindre 6% au début de l'année prochaine, contre 4,5%
à 5,5% avant la publication des données de mardi, ce qui a fait
baisser le prix des Gilts à court terme sensibles aux taux
d'intérêt anticipés pour la BoE.
    Le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, s'exprimant devant
une commission parlementaire mardi, a reconnu que la baisse de
l'inflation avait été plus lente que prévu par la banque
centrale et que les dernières données sur le marché du travail
étaient "très solides".
    L'inflation des prix à la consommation au Royaume-Uni était
de 8,7% en avril, le taux le plus élevé des principales
économies avancées à égalité avec l'Italie, et la BoE ne
s’attend pas à voir l’inflation retomber à 2% avant début 2025.
    
    LES GILTS SONT-ILS BON MARCHÉ ?
    Pour certains investisseurs, les Gilts sont de plus en plus
attractifs, car un taux directeur à 6% apparaît irréaliste.
    "Nous étions négatifs sur les Gilts comparé à d’autres
marchés sur les 18 derniers mois (...) mais leur baisse commence
à sembler exagérée, et nous avons revu notre positionnement à la
hausse cette semaine", détaille Mike Riddell, gestionnaire de
portefeuille obligataire chez Allianz Global Investors.
    Le rendement des Gilts à deux ans a augmenté de 110 points
de base (pdb) cette année, contre une hausse de 30 pdb pour le
rendement allemand à deux ans  DE2YT=RR  et de 20 pdb pour le
taux des bons du Trésor américain de même échéance  US2YT=RR .
    Une augmentation des taux d'intérêt à 6% "détruirait la
demande" dans l'ensemble de l'économie, estime Mike Ridell.
    Alors que les marchés tablent sur une inflation britannique
à environ 3% à moyen terme  GBIL1YF1Y=R , Mike Riddell explique
qu'une partie de ce chiffre représente le coût de la protection
contre l'inflation, suggérant que les marchés parient sur une
inflation autour de 2,5%.
    "Par rapport à d'autres marchés, les valorisations suggèrent
que le marché des Gilts est en difficulté, mais il n'y a pas de
problèmes tangibles cette fois-ci", a ajouté Mike Riddell.
    PIMCO, l'un des plus grands gestionnaires d'actifs au monde,
a également déclaré lundi que les Gilts pouvait avoir de la
valeur et indiqué avoir surpondéré l’actif dans certains fonds. 
    Le rendement des Gilts à dix ans  GB10YT=RR  offre désormais
un taux d'intérêt supérieur de près de deux points de
pourcentage à celui de l'obligation d'Etat allemande équivalente
 DE10YT=RR , la surprime la plus importante depuis 1997 si l'on
exclut les turbulences de l’automne dernier.
    Même si l'inflation s'atténue plus rapidement que ne le
prévoient les marchés, le marché obligataire demeure confronté à
des vents contraires.
    Les perspectives de hausses de taux d’intérêt n’expliquent
que la moitié de la sous-performance des Gilts par rapport aux
titres souverains américains et de la zone euro, l’autre partie
de la sous-performance étant due à d’autres facteurs, comme des
émissions de dette plus importantes, selon Moyeen Islam,
stratège obligataire chez Barclays.
    Les émissions brutes du gouvernement britannique sont en
baisse par rapport aux records de la pandémie, mais demeurent
considérables puisqu'elles devraient atteindre 238 milliards de
livres (277,51 milliards d'euros) pour l'année fiscale en cours.
    En parallèle, la BoE est devenue vendeuse de Gilts : elle
cède environ 10 milliards de livres de titres chaque trimestre
et ne réinvestit pas le produit d'un volume similaire de Gilts
arrivant à échéance chaque trimestre.
    "Les marchés commencent à intégrer la surabondance d’offre
qui, ajouté à la hausse des rendements, met les marchés sous
pression", résume Moyeen Islam.

    
 (Reportage Naomi Rovnick, Dhara Ranasinghe; rédaction David
Milliken; version française Corentin Chappron, édité par
Blandine Hénault)

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