
La Grèce va revenir au coeur de l'actualité en fin de semaine, avec la tenue des élections législatives anticipées suite à la démission d'Alexis Tsipras.
Les deux prochains dimanches seront occupés par les élections en Grèce puis en Catalogne. Pour Thomas Page-Lecuyer, stratégiste chez CPR AM, l'élection grecque risque de déboucher sur une impasse politique qui pourrait provoquer de nouveaux remous.
Dimanche prochain, les Grecs se rendront aux urnes pour la troisième fois depuis le début de l'année. L'élection législative du 20 septembre aboutira à la désignation d'un nouveau Premier ministre, suite à la démission d'Alexis Tsipras le 20 août dernier.
« L'accalmie entourant le sauvetage de la Grèce et l'environnement politique grec n'aura duré que deux mois », affirme ainsi Thomas Page-Lecuyer, stratégiste chez CPR AM, qui ajoute : « le scrutin du 20 septembre ne sera que le premier d'une succession d'échéances politiques à haut risque pour l'Europe ».
Quelles prévisions pour l'élection grecque ?
En Grèce, suite aux rebondissements de cet été, le paysage politique semble plus éclaté que jamais. Alexis Tsipras affiche sa sérénité vis-à-vis de sa réélection, ayant déclaré hier à nos confrères d'Euronews : « je crois que la majorité absolue est un objectif totalement atteignable [pour Syriza] ». Cet optimisme de l'ex-Premier ministre n'est cependant pas confirmé par les sondages.
« Malgré la confiance affichée par l'ancien premier ministre, les sondages font état d'un scrutin très serré », explique Thomas Page-Lecuyer. « Pour la moyenne des douze derniers sondages publiés depuis le 1 er septembre, le parti Syriza est crédité de 24,5% d'intentions de vote contre 23,3% pour la Nouvelle Démocratie [droite modérée] ».
Le stratégiste de CPR AM explique : « indéniablement, M. Tsipras a perdu du crédit et des soutiens. D'une part, le nouveau parti des frondeurs de Syriza (Unité Populaire) a vraisemblablement arraché des électeurs à leur ancienne famille politique, et d'autre part, le parti des Grecs indépendants [Anel] ne semble pas capable de réunir les 3% de voix nécessaires pour entrer à l'assemblée ». Or, Anel faisait partie de la coalition gouvernementale avec Syriza entre janvier et août, permettant à Alexis Tsipras de disposer d'une majorité à l'assemblée.
Pour sa part, la Nouvelle Démocratie « profite de la crise humanitaire et de l'arrivée massive de réfugiés sur les côtes grecques pour chasser sur les terres historiques du parti d'extrême droite », affirme Thomas Page-Lecuyer.
Quoi qu'il en soit, selon les données des sondages, aucune majorité ne pourra se dégager lors de cette élection, et les faibles scores des autres partis seront « insuffisants pour former une coalition », affirme le stratégiste de CPR AM. En effet, « les deux partis centristes To Potami et l'Union des Centristes ne seraient crédités respectivement que de 5% et 3,7% de voix, et le parti socialiste PASOK de 4,6% (…). On voit mal par ailleurs un des deux gagnants bénéficier du soutien du parti communiste (KKE), d'Aube Dorée ou encore d'Unité populaire, crédités respectivement de 5,5%, 6,7% et 5,2% des voix ».
Impasse ou stratégie politique ?
D'où l'idée que les deux grands partis, Syriza et Nouvelle Démocratie, malgré leurs idéaux totalement opposés, n'auraient d'autre choix que d'accepter de réaliser une grande coalition gauche-droite. Un choix rejeté par Alexis Tsipras, mais pas par les dirigeants de la Nouvelle Démocratie. L'intransigeance de Syriza pourrait néanmoins être une façade.
« Si M. Tsipras remportait le scrutin, il ne pourrait a priori pas se passer de la Nouvelle Démocratie pour gouverner, tant la rancœur est vive avec l'ex aile gauche de son parti. Alors, certes, les responsables politiques du centre et de Nouvelle Démocratie tendent la main chaque jour vers l'ex premier ministre afin de trouver une issue et de former un gouvernement qui permettrait au pays de repartir de l'avant. Pour le moment M. Tsipras ne répond pas, persuadé de réunir une majorité en se passant des partis historiques qu'il accuse d'avoir détruit l'économie locale. Ou bien n'est ce qu'un calcul politique, un mutisme volontaire afin de conserver ses votants avant de se retourner et de former un gouvernement d'union nationale ? », s'interroge Thomas Page-Lecuyer.
Pour le stratégiste de CPR AM, « l'issue du scrutin résidera vraisemblablement dans le choix des 16,3% de votants indécis pour le moment, d'autant plus que le débat n'est plus centré uniquement sur la crise grecque et la politique d'austérité, mais également sur l'actualité géopolitique avec la vague de réfugiés qui atteint le pays »
Risque pour les marchés ?
Pour les investisseurs, les incertitudes sur la Grèce réveillent de mauvais souvenirs. L'élection pourrait-elle provoquer des remous en bourse ? Oui, affirme Thomas Page-Lecuyer, qui estime que « l'incertitude [du scrutin] pourrait bien agiter les marchés, surtout si la formation du gouvernement et les négociations qui lui sont associées s'avéraient lentes et indécises ».
Pour autant, il ne faut pas exagérer la situation. Certes, l'élection pourrait déboucher sur une impasse politique qui nécessiterait une nouvelle dissolution de l'assemblée, jusqu'à ce que les groupes parlementaires parviennent à s'entendre. Néanmoins, rien ne sera remis en cause en ce qui concerne l'actuel plan d'aide au pays de 86 milliards d'euros à échéance 2018. Les incertitudes grecques de l'automne devraient ainsi rester bien moindres que celles vécues cet été.
Pour autant, même si l'élection grecque parvient à déboucher sur une issue favorable, le suspense ne tardera pas à refaire surface avec les élections espagnoles. « A peine les marchés auront-ils eu le temps de respirer et de digérer ces nouvelles données [sur l'élection grecque] qu'un nouveau scrutin se tiendra en Espagne, dans un climat presqu'aussi tendu qu'en Grèce. Une semaine plus tard, le 27 septembre, auront lieu en effet les élections régionales catalanes », observe le stratégiste de CPR AM, qui rappelle le risque de victoire du parti indépendantiste.
X. Bargue (redaction@boursorama.fr)
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