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L'avenir d'Atos s'obscurcit, l'intervention de l'Etat se précise
information fournie par Agefi Dow Jones 19/03/2024 à 17:27

Le BullSequana XH3000 d'Atos (crédit photo : Atos /  )

Le BullSequana XH3000 d'Atos (crédit photo : Atos / )

Par Capucine Cousin

L'avenir s'assombrit encore plus pour Atos. Airbus a décidé de mettre fin aux discussions portant sur la reprise des activités de big data et cybersécurité (BDS) d'Atos, a annoncé le groupe d'aéronautique et de défense mardi matin dans un bref communiqué. De quoi alimenter le spectre d'une restructuration massive pour le groupe français de services numériques.

L'avionneur a indiqué avoir mis fin aux pourparlers avec Atos sans en préciser les motifs. Contacté, il ne commentait pas. Dans un communiqué distinct, Atos a dit "avoir été informé que les discussions avec Airbus concernant la cession de son activité BDS ne se poursuivront pas".

Par ailleurs, Atos va décaler de nouveau la publication de ses résultats annuels 2023 "dans un futur proche". Ils devaient être présentés ce mercredi 20 mars. De fait, les discussions avec Airbus sur BDS étaient "un des principaux leviers du plan de financement d'Atos", précise une source proche. Cet épisode renforce le risque d'impasse financière, alimentant la défiance des investisseurs. En Bourse, Atos s'effondrait de 21% en séance, à peine 1,70 euro l'action, ce qui porte son recul depuis le début de l'année à 75%, la plus mauvaise performance de l'indice SBF 120. A la clé, un nouveau plus bas historique pour une capitalisation ramenée sous 190 millions d'euros.

Esquisse de "solution nationale" par l'Etat

Face à cette menace d'impasse, l'Etat fait de plus en plus figure de recours. Atos va évaluer entre-temps les "alternatives stratégiques qui prendront en compte les impératifs de souveraineté de l'Etat français", précise-t-il. De fait, le gouvernement suit le dossier de près, alors que certaines activités d'Atos, telles que les supercalculateurs et la cybersécurité, sont politiquement sensibles. Bercy échange "avec tous les acteurs du dossier" et a demandé au Comité interministériel de la restructuration industrielle (Ciri) de participer à celles-ci, indique-t-il dans une déclaration, dont L'Agefi a pris connaissance. La priorité est "d'accompagner le groupe Atos et de dégager des solutions pour stabiliser sa situation financière". Concernant les activités sensibles d'Atos, en l'occurrence de BDS, "l'Etat construira ces prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques", y écrit Bercy. De quoi ouvrir la voie à une possible prise de participation de l'Etat ou de l'un de ses bras financiers ?

Avec la cession de BDS à Airbus, Atos comptait encaisser entre 1,5 milliard et 1,8 milliard d'euros - ce qui aurait été salvateur pour améliorer sa situation financière. Tous deux avaient annoncé l'ouverture de discussions début janvier. Mais d'emblée, Airbus avait naturellement voulu examiner de près les comptes et l'état financier d'Atos.

Pour quelles raisons leurs négociations ont-elles achoppé ? Selon plusieurs sources, ces dernières semaines, Airbus aurait cherché à faire baisser au maximum le prix de BDS. "La barre a été mise trop bas par Airbus", rapporte Hervé Lecesne, de l'Union des actionnaires constructifs d'Atos (Udaac), qui représente des actionnaires minoritaires.

Le groupe tricolore avait déjà connu un sérieux revers avec l'abandon, fin février, d'une autre piste majeure pour son avenir. Les discussions avec l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky portant sur une éventuelle cession de ses activités historiques d'infogérance, Tech Foundations, à son fonds EP Equity Investment (EPEI) avaient alors été rompues.

"Ça a été une erreur de croire, notamment chez les actionnaires minoritaires, que la direction d'Atos cachait quelque chose, alors que le deal avec Daniel Kretinsky avait vraiment pour objectif de sauver l'entreprise", observe un analyste basé à Paris. "La solution ne paraissait pas bonne, mais elle était peut-être la plus acceptable. S'il y a restructuration, garder Tech Foundations va rester un boulet".

Renégociation de la dette

Le calendrier serré d'Atos vire désormais à la course contre la montre en raison d'un flux de trésorerie mal orienté et de gros contrats menacés ou d'ores et déjà non renouvelés.

L'ex-fleuron numérique français a obtenu, début février, la désignation d'une mandataire ad hoc pour encadrer des négociations sur sa dette financière avec ses banques. Hélène Bourbouloux, qui s'est notamment chargée des dossiers Casino et Orpea, s'est attelée aux négociations avec 22 établissements bancaires sur la trajectoire de la dette et ses conditions.

"Pour Atos, cela va être plus intéressant de continuer de négocier avec les banques plutôt que de brader BDS, si c'est là où Airbus voulait aller, c'était contre-productif", estime un analyste financier qui couvre la valeur. Mais désormais, "l'Etat va devoir mettre son nez dans la restructuration pour voir qui sera le principal repreneur".

Car Atos doit toujours composer avec une dette qui affole les investisseurs. A fin 2023, sa dette financière brute s'élevait à 4,65 milliards d'euros. La publication de ses comptes pour 2023 est maintenant très attendu : elle révélera le réel niveau de trésorerie. L'évocation d'une enveloppe de 2,2 milliards d'euros, début mars, est considérée avec scepticisme par de nombreux observateurs.

Maintenant, quel scénario ? Pour plusieurs acteurs, le groupe de services informatiques se dirige tout droit vers une restructuration massive. Après l'échec des négociations pour revendre BDS et Tech Foundations, le groupe digital OnePoint compte bien faire entendre sa partition, lui qui est devenu actionnaire de référence. Il vient de décrocher deux postes d'administrateurs. Il était notoire que son dirigeant, David Layani, était défavorable aux termes initiaux des négociations avec Daniel Kretinsky. Selon nos informations, OnePoint multiplie les contacts sur la place parisienne pour mesurer l'appétit de concurrents sur le dossier Atos. Il a notamment échangé avec Sopra Steria, début mars. L'entreprise de services numériques a écarté tout intérêt pour Atos.

Depuis, plusieurs autres acteurs ont manifesté leur intérêt. La semaine dernière, Stanislas de Bentzmann, coprésident et cofondateur de l'entreprise de services du numérique Devoteam, autrefois cotée, est aussi sorti du bois. Les activités de BDS pourraient l'intéresser. "On ne va pas se mettre dans la course, sauf si Airbus ne reprend pas, ça rebattra les cartes", a-t-il expliqué, le 14 mars, à l'antenne de BFM Business. Il ne commentait pas ce mardi.

-Capucine Cousin, L'Agefi. ed : LBO

"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence Agefi-Dow Jones.

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