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Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'Onu, est mort
information fournie par Reuters 18/08/2018 à 13:02

 (Actualisé avec réaction, éléments sur le Rwanda)
    par Stephanie Nebehay et Kwasi Kpodo
    GENEVE/ACCRA, 18 août (Reuters) - Kofi Annan, ancien
secrétaire général des Nations unies et lauréat du prix Nobel de
la paix, est mort samedi à l'âge de 80 ans au terme d'une vie
consacrée à la diplomatie, a confirmé la Fondation Annan.
    Patron de l'Onu de 1997 à 2006, le Ghanéen avait été pendant
dix ans le visage reconnu de la diplomatie internationale, mais
son nom reste aussi attaché aux échecs de la communauté
internationale au Rwanda pendant le génocide de 1994, en Bosnie,
au Darfour, en Somalie ou bien encore en Irak, où il n'avait su
empêcher l'intervention militaire des Etats-Unis en 2003.
    En 2001, Kofi Annan s'était vu décerner le prix Nobel de la
paix, conjointement avec l'Organisation des Nations unies, pour
leur travail "pour un monde mieux organisé et plus pacifique".
    Le comité Nobel avait salué le travail effectué par Annan
pour redynamiser la machine onusienne et faire des droits de
l'homme une priorité. Il avait également reconnu son engagement
dans la lutte contre le sida en Afrique.
    Kofi Annan est mort tôt samedi matin dans un hôpital de
Berne, en Suisse, ont précisé deux de ses proches à Accra, la
capitale ghanéenne.
    Dans un communiqué, sa Fondation a fait part de son "immense
tristesse". Elle ajoute qu'il a succombé à une brève maladie,
entouré de sa seconde épouse, Nane, et de ses enfants.
    "De bien des manières, Kofi Annan était les Nations unies.
Il en a gravi les échelons jusqu'à diriger l'organisation et la
faire entrer dans le nouveau millénaire avec une dignité et une
détermination sans égales", a réagi l'actuel secrétaire général
de l'Onu, Antonio Guterres, dans un communiqué.
    Pour Zeïd Ra'ad al Hussein, dont le mandat de haut
commissaire aux droits de l'homme des Nations unies s'achève, il
était "le meilleure exemple, la quintessence de la décence et de
la grâce".
    Et dans son hommage à Annan, le diplomate jordanien, qui
s'est souvent heurté aux grandes puissances pendant les quatre
années de son mandat, raconte que lorsqu'il se sentait isolé
politiquement, il allait chercher conseil auprès de son mentor,
au gré de longues marches à pied dans Genève.
    "Lorsque je lui ai dit un jour que le monde entier grognait
contre moi, il m'a regardé, comme un père regarderait son fils,
et m'a dit avec fermeté: 'Ce que tu fais, c'est ce qui doit être
fait. Laisse-les grogner'."
    
    LE CAUCHEMAR RWANDAIS ET LA GUERRE EN IRAK
    Né en avril 1938 à Kumasi, au Ghana, Kofi Annan avait fait
ses études aux Etats-Unis et à Genève avant de faire l'essentiel
de sa carrière au sein de l'administration onusienne, débutant
au tout début des années 1960 à l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) avant de siéger à la commission économique des
Nations unies pour l'Afrique puis de rejoindre le siège
new-yorkais de l'organisation en 1988.
    Entre 1993 et 1996, en pleine guerre en ex-Yougoslavie et
pendant le génocide rwandais de 1994, où 800.000 Tutsis et Hutus
modérés sont massacrés, il était sous-secrétaire général chargé
des opérations de maintien de la paix.
    "Je pensais à l'époque que je faisais de mon mieux. Mais
j'ai réalisé après le génocide que j'aurais pu faire plus et que
j'aurais dû tirer la sonnette d'alarme et battre le rappel",
avait-il déclaré des années plus tard à propos du cauchemar
rwandais.
    Il lui était notamment reproché de ne pas avoir réagi à un
télégramme du général canadien Roméo Dallaire, commandant des
casques bleus, l'exhortant d'agir contre les caches d'armes que
les extrémistes hutus multipliaient dans l'optique du génocide.
    Mais dans ses mémoires, le général Dallaire, implacable dans
son réquisitoire contre l'impuissance des nations à stopper les
meurtres de masse au Rwanda, n'avait eu que des louanges pour
Annan, décrivant "son humanisme et son dévouement pour la
détresse des autres".
    En 1997, il était devenu le septième secrétaire général de
l'Onu.
    L'intervention militaire américaine de 2003 en Irak - qu'il
avait qualifiée d'"illégale" - lui avait fait perdre sa voix
pendant plusieurs mois. 
    Un attentat à la bombe contre le QG de l'Onu à Bagdad, le 19
août 2003, avait fait ensuite 22 morts parmi des membres du
personnel onusien qu'Annan avait fini par accepter de renvoyer
en Irak à la demande des Etats-Unis. "Cela m'a presque autant
touché que la perte de ma soeur jumelle", avait-il confié.
    En 2003 éclate aussi le scandale du programme "pétrole
contre nourriture", dont il s'avère qu'il a été en partie
détourné de son objectif - compenser les effets sur la
population irakienne de l'embargo onusien sur l'Irak - par
Saddam Hussein. 
    Peu de responsables de l'Onu avaient été accusés
d'enrichissement personnel, mais l'organisation avait été taxée
de négligence et de manque de transparence et Annan
personnellement touché, puisque son fils, Kojo, avait été
impliqué.
    
    "NOUS AVONS POUSSÉ DE LOURDS ROCHERS"
    Après son départ de la tête de l'Onu, Kofi Annan avait
poursuivi son oeuvre de médiateur. En 2007, au Kenya, il avait
su stopper la spirale sanglante des violences post-électorales,
enfermant les protagonistes du conflit dans une pièce et les
conduisant à accepter un accord de partage du pouvoir.
    Mais une mission sur la Syrie avait en revanche tourné à
l'échec. En février 2012, au début de la guerre en Syrie, Annan
avait été nommé envoyé spécial de l'Onu. Il évoquait alors son
"devoir sacré" de tenter de résoudre cette crise. Mais il avait
jeté l'éponge deux mois plus tard, fustigeant la paralysie du
Conseil de sécurité des Nations unies.
    "L'Onu peut être améliorée, elle n'est pas parfaite mais si
elle n'existait pas, il faudrait la créer", avait-il dit en
avril dernier lors d'une interview accordée à la BBC à
l'occasion de son 80e anniversaire.
    Lors de son discours d'adieu devant l'Assemblée générale des
Nations unies en septembre 2006, celui qui se présentait comme
un optimiste inaltérable avait emprunté au mythe de Sisyphe:
    "Ensemble, avait-il dit, nous avons poussé de lourds rochers
vers le haut de la montagne, même si certains nous ont échappé
et sont redescendus. Mais cette montagne, avec ses bourrasques
et sa vue panoramique, est le meilleur point de vue sur la terre
(...) Même si j'aspire à me reposer du fardeau de ces rochers
obstinés dans la prochaine phase de ma vie, je sais que la
montagne me manquera."

 (avec Tom Miles à Genève
Henri-Pierre André pour le service français)
 

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