
Pour redresser la dette publique, François Bayrou propose un plan choc comprenant la suppression de deux jours fériés. Une mesure qui devrait permettre de dégager 4,2 milliards d'euros d'économies. ( AFP / MYCHELE DANIAU )
Présentée comme une mesure phare du plan d'économies présenté par le Premier ministre mardi 15 juillet, la suppression de deux jours fériés fait débat. Comment le gouvernement compte l'appliquer ? Cela implique-t-il de devoir travailler gratuitement ?
Réaliser 4,2 milliards d'économies
Plaidant qu'"il faut travailler plus", le Premier ministre a proposé mardi 15 juillet la suppression de deux jours fériés, citant "comme exemple" le "lundi de Pâques" et le "8-Mai", une mesure qui doit dégager "4,2 milliards" d'euros , selon Matignon.
Concrètement, ces deux jours qui sont actuellement payés mais non travaillés deviendraient deux jours toujours payés, mais travaillés pour les salariés du public comme du privé.
Ces deux journées, qui ramèneraient à neuf le nombre de jours fériés en France, s'ajouteraient à la conversion depuis 2004 du lundi de Pentecôte en "journée de solidarité". Travaillée mais pas payée, elle est assortie d'un prélèvement correspondant à 0,3% de la masse salariale annuelle pour financer une meilleure prise en charge des personnes âgées ou handicapées. Les employeurs peuvent toutefois offrir cette journée à leurs salariés.
Jour férié, journée de solidarité : quelle différence ?
Selon le Premier ministre, la suppression de deux jours fériés "n'est pas du tout la même chose" qu'"une journée de solidarité dont on ne vérifierait pas vraiment si elle est accomplie ou pas, et qui se traduirait uniquement par des prélèvements sur les entreprises".
Mais les entreprises seront néanmoins mises à contribution, a expliqué ce mercredi la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet sur TF1 . En contrepartie "de la richesse créée, de la production créée par cette journée de travail, les entreprises devront s'acquitter d'une contribution ", a-t-elle déclaré.
La ministre n'a pas donné de précisions sur la contribution, mais son entourage a ensuite indiqué que "les modalités sont à définir" et qu' il ne s'agira pas nécessairement d'une contribution à hauteur de 0,3% .
Une mesure contestée par l'opposition et les syndicats
"Braquage", "provocation", "brutal"... Les oppositions à gauche, comme au RN ont réservé un accueil plus que défavorable à cette idée de suppression de deux jours fériés.
Même opposition farouche dans les rangs syndicaux. C'est "inacceptable", a tranché la CFDT, tandis que pour Thomas Vacheron (CGT) sur Franceinfo " on va travailler plus et gagner moins, ils nous volent des jours de congé ".
"Ce n'est même pas efficace économiquement", a aussi fustigé sur BFMTV Cyril Chabanier (CFTC), en notant que "le lundi de Pâques est l'une des journées où il y a le plus grand taux de consommation dans notre pays", pointant les "pertes en TVA" à mettre en balance des potentiels gains.
Le Groupement des Hôtelleries et Restaurations de France (GHR), l'une des principales organisations patronales du secteur de l'hôtellerie restauration représentant 15.000 établissements, a aussi vivement critiqué la mesure "qui touche de plein fouet un secteur qui travaille précisément ces jours".
L'hypothèse du 8-Mai, qui célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale, a en outre soulevé une levée de boucliers. Y voyant une "infamie", le PCF a lancé une pétition "ne touchez pas au 8-Mai!".
François Bayrou invité à "revoir (sa) copie"
Mais certains s'interrogent sur la pérennité de ces annonces par un gouvernement déjà menacé de censure à l'automne.
"Tout cela est un piège, c'est un chiffon rouge qu'on agite", a ainsi affirmé sur LCI la cheffe des écologistes Marine Tondelier, en estimant que "c'est un peu l'arbre qui cache la forêt" des autres mesures budgétaires. "A la rentrée, quand on discutera de la censure, François Bayrou pourra héroïquement lâcher", a-t-elle ironisé.
"Une fois le contrefeu des deux jours fériés éteint (parce que ce n'est qu’un leurre et qu’il sera lâché), c’est sur le diable des détails qu’il faut se pencher", a aussi estimé le député LR Julien Dive, appelant sur X le gouvernement à "revoir la copie" .
"Cette mesure-là manifestement, il la met sur la table en pensant que tout le monde va réagir de manière extrêmement dure. Je ne voudrais pas que ça devienne le grain à moudre pour faire passer le reste", a fait valoir le président LFI de la commission des Finances Eric Coquerel sur BFMTV .
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