(Rpt coquilles)
par Steve Holland
WASHINGTON, 10 décembre (Reuters) - Israël et le Maroc ont accepté jeudi de normaliser leurs relations dans le cadre d'un accord négocié avec l'aide des Etats-Unis, a annoncé l'administration américaine, dévoilant un nouveau succès "historique" à moins de six semaines de la transition à Washington.
Le Maroc devient le quatrième pays arabe en autant de mois à ouvrir un nouveau chapitre diplomatique vis-à-vis de l'Etat hébreu, à la suite des Emirats arabes unis (13 août), de Bahreïn (11 septembre) et du Soudan (23 octobre).
Comme pour ces trois précédents pays, la Maison blanche a joué un rôle moteur dans ce rapprochement. "Une nouvelle percée historique aujourd'hui !", a tweeté Donald Trump. "Nos deux grands amis que sont Israël et le royaume du Maroc ont accepté des relations diplomatiques totales, une percée massive pour la paix au Moyen-Orient!"
Même adjectif dans la voix de Benjamin Netanyahu. "J'ai toujours cru que cette paix historique adviendrait, j'ai toujours travaillé en ce sens", a déclaré le Premier ministre israélien dans une allocution télévisée, remerciant Donald Trump et le roi Mohammed VI du Maroc.
Les Palestiniens y vont vu pour leur part une attaque contre leur lutte pour l'instauration d'un Etat indépendant et souverain.
"Toute défection d'un pays arabe de l'Initiative arabe de paix de 2002, qui prévoit qu'une normalisation ne pourra advenir qu'après la fin de l'occupation israélienne des terres palestiniennes et arabes, est inacceptable et accentue l'agressivité d'Israël et son refus des droits du peuple palestinien", a déclaré Bassam as Salhi, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Le palais royal a indiqué dans la soirée que le roi Mohammed VI du Maroc s'était entretenu par téléphone avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lui redisant que Rabat restait favorable à une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien.
"SOUVERAINETÉ MAROCAINE SUR TOUT LE SAHARA OCCIDENTAL"
Jared Kushner, gendre et conseiller spécial de Donald Trump, chargé des dossiers liés au Moyen-Orient, a précisé à l'agence Reuters que les deux pays allaient immédiatement rouvrir leurs bureaux de liaison respectifs, à Rabat et Tel Aviv, "avec l'intention d'ouvrir des ambassades".
"Et ils vont promouvoir la coopération économique entre les entreprises israéliennes et marocaines", a-t-il ajouté.
Dans le cadre de cet accord, Donald Trump a accepté de reconnaître la légitimité du Maroc sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975 et que revendiquent les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.
L'accord a été scellé lors d'un entretien téléphonique entre le président des Etats-Unis et le roi Mohammed VI, a précisé un haut responsable de l'administration américaine.
De son côté, le Maroc va établir des relations diplomatiques pleines et entières avec Israël. Il ouvrira son espace aérien à des vols israéliens et autorisera également des vols directs à destination et au départ d'Israël pour tous les Israéliens.
Au cours de son entretien avec le roi du Maroc, indique la Maison blanche dans un communiqué, Donald Trump "a réaffirmé son soutien à la proposition marocaine sérieuse, crédible et réaliste d'autonomie comme seule base possible pour une solution juste et durable du conflit sur le territoire du Sahara occidental".
"Et comme tel le président a reconnu la souveraineté marocaine sur la totalité du territoire du Sahara occidental", ajoute la Maison blanche, engageant les parties impliquées dans ce vieux conflit à engager sans attendre des discussions sur la base du plan d'autonomie marocain - que rejette le Front polisario.
Oubi Bchraya, représentant du mouvement indépendantiste en Europe, a "déploré vivement" la décision américaine, parlant d'un choix "étrange mais guère étonnant" qui, a-t-il ajouté, "ne changera pas d'un iota la réalité de ce conflit et le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination".
OBJECTIF RYAD
A 41 jours du départ de Donald Trump de la présidence et de l'investiture de Joe Biden, le 20 janvier prochain, l'accord annoncé ce jeudi pourrait être l'un des derniers négociés par Jared Kushner et Avi Berkowitz, représentant spécial de la présidence pour les relations internationales.
L'objectif de ces spectaculaires initiatives diplomatiques vise largement à former un front uni contre l'Iran et à faire reculer son influence dans la région.
Une normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite, principal adversaire régional de l'Iran, est "inévitable", a déclaré jeudi devant la presse Jared Kushner, qui s'est rendu la semaine dernière avec son équipe en Arabie et au Qatar.
Joe Biden n'a pas réagi dans l'immédiat à ce nouvel accord mais a déjà indiqué que, dans ce dossier précis de la politique étrangère, il entendait poursuivre sur la voie tracée par Donald Trump.
(avec Matt Spetalnick et Jeff Mason à Washington, Ahmed El Jechtimi à Rabat, Stephen Farrell et Dan Williams à Jérusalem et Angus McDowall à Tunis version française Henri-Pierre André, édité par Nicolas Delame)
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