* A 70 ans, l'ancien ministre est candidat à l'investiture LR
* Sécurité et immigration élevées au rang de priorités
* Il a géré le Brexit, un "avertissement" pour l'Europe
par Elizabeth Pineau et Richard Lough
PARIS, 23 novembre (Reuters) - Provoquer une "rupture" pour répondre aux problèmes de la France, à commencer par l'insécurité et l'immigration : c'est en homme d'expérience que Michel Barnier, 70 ans, ancien ministre et ancien négociateur du Brexit, demande l'investiture du parti Les Républicains pour l'élection présidentielle d'avril 2022.
A une semaine du vote réservé aux militants - le nombre d'adhésions vient de dépasser les 150.000 selon la direction - qui commencera le 1er décembre, quelque 300 Franciliens sont venus l'écouter lundi en réunion publique au siège du parti à Paris.
"Nous allons présenter un projet différent, un projet de rupture sur plusieurs sujets graves qui n'ont pas été bien traités depuis cinq ans : l'immigration, que plus personne ne contrôle, et la sécurité, qui est la grande demande des citoyens", a-t-il déclaré à Reuters. "On le voit actuellement avec la grande violence, la grande sauvagerie qui s'est emparée de beaucoup de quartiers et de beaucoup de campagnes aussi. L'autorité de l'Etat qui n'est plus respectée : ni les gendarmes et les policiers, ni les sapeurs-pompiers, ni les professeurs, ni les simples citoyens."
Le candidat propose un moratoire pour geler l'immigration en France pendant trois à cinq ans, et un référendum sur ce thème dès septembre 2022.
Le sujet s'est imposé en ce début de campagne, poussé par l'irruption du polémiste Eric Zemmour qui devrait officialiser début décembre une entrée dans la course à l'Elysée à même de capter une partie de l'électorat de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, mais aussi de celui des Républicains.
"Nous avons beaucoup de raisons d'être fiers. Et je ne laisserai pas la fierté nationale ni à M. Zemmour ni à Mme Le Pen", a dit Michel Barnier aux troupes LR, sous les applaudissements. L'ancien ministre de l'Environnement ne veut pas non plus "laisser la question du climat et de l'écologie aux Verts".
LE "BIDEN" FRANÇAIS ?
Des sujets qu'il entend aborder à Bruxelles, dont il connaît les arcanes pour avoir passé ces quatre dernières années à gérer le Brexit, un épisode qu'il qualifie d'"avertissement".
"Il faut tirer les leçons de cet échec, il faut continuer de changer à Bruxelles un certain nombre de choses qui expliquent le désenchantement ou la distance qui se crée entre les citoyens et le projet européen" dit-il, prêt à rejoindre, s'il entre à l'Elysée au coeur du semestre de présidence européenne de l'Union, les dirigeants des 26 "dont beaucoup sont des amis".
A la différence d'autres candidats comme Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, Michel Barnier a toujours conservé sa carte chez les Républicains, une fidélité dont il espère profiter au moment du vote. "Je n'ai jamais quitté ma famille politique, je suis membre depuis toujours", souligne-t-il, se présentant volontiers en homme "calme" et "sérieux", là où ses détracteurs voient plutôt un manque d'énergie.
Ses qualités ont séduit Aurélien Boulanger, militant de 26 ans. "Il ne cherche pas à faire le buzz, juste à trouver des solutions", dit le jeune auto-entrepreneur d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). "La France n'a pas besoin d'une troisième candidature qui se rapproche trop de l'extrême droite, il faut quelqu'un de rassembleur, prêt à amener des électeurs de toutes les franges de la population."
A 70 ans, Michel Barnier est le plus âgé des candidats en lice pour l'investiture - Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Eric Ciotti, Philippe Juvin - qui se retrouveront pour un dernier débat télévisé mardi prochain sur France 2.
A l'heure des portraits de campagne, l'expérience et l'allure de l'élu savoyard peuvent appeler la comparaison avec Joe Biden, entré à la Maison Blanche à 78 ans.
"Je me reconnais dans la ténacité de M. Biden. Je suis également quelqu'un de tenace, d'opiniâtre, parce que je suis montagnard et je suis habitué aux grandes randonnées, à faire attention où je marche, à regarder le sommet. Je n'ai pas de fébrilité", répond Michel Barnier. "(Mais) je suis plus jeune que lui, les Etats-Unis ne sont pas comparables à la France ni sur le plan politique, ni sur le plan institutionnel."
Pour Elisabeth Dominique, retraitée de 82 ans, le candidat LR devra avoir "du punch vis-à-vis d'Emmanuel Macron", qui reste le favori des sondages à cinq mois du scrutin même s'il n'a pas encore dit ses intentions quant à un deuxième mandat.
"Certains en ont plus que d'autres : M. Bertrand, M. Ciotti", juge cette Parisienne. "M. Barnier a des qualités autres, à l'international surtout, alors que les deux autres sont plus de l'Hexagone."
(Édité par Blandine Hénault)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer