par Asif Shahzad FAIZABAD, Pakistan, 26 novembre (Reuters) - Des échauffourées ont continué d'opposer dimanche les membres du parti islamiste Tehreek-e-Labaik aux forces de sécurité dans la capitale pakistanaise Islamabad, paralysée par les troubles, ainsi que dans plusieurs autres villes du pays, ont rapporté les autorités. Les protestataires ont incendié plusieurs véhicules aux abords de la capitale, avant de se retirer lors d'un face à face tendu sur les lieux qu'ils occupent depuis deux semaines, a dit la police. Les activistes religieux accusent le ministre de la Justice, Zahid Hamid, d'avoir modifié la formulation d'une prestation de serment électoral dans un sens qu'ils jugent blasphématoire. En proclamant que Mahomet est le dernier prophète de l'islam, il n'est plus nécessaire de dire "Je jure solennellement" mais simplement "Je crois", un affaiblissement à leurs yeux qui équivaut précisément à un blasphème. La question du blasphème est très sensible au Pakistan. En 2011, le gouverneur progressiste de la province du Pendjab, Salman Taseer, avait été assassiné par un garde du corps pour avoir remis en question la loi sanctionnant de la peine de mort les insultes à l'islam ou au prophète Mahomet. Le Tehreek-e-Labaik considère Mumtaz Qadri, le meurtrier de Salman Taseer, qui a été exécuté l'an dernier, comme un héros de l'islam. Le Tehreek-e-Labaik est justement né d'un mouvement de protestation faisant de Qadri une idole. "Notre mouvement s'est propagé à travers le pays", a dit dimanche à Reuters le porte-parole du Tehreek-e-Labaik, Ejaz Ashrafi. "Des milliers d'autres personnes nous ont rejoints. Nous resterons ici jusqu'à ce que nos revendications aient été prises en compte", a-t-il affirmé. Bien que le gouvernement civil ait ordonné samedi soir à l'armée d'intervenir pour aider au rétablissement de l'ordre, la troupe ne s'est pas déployée dimanche autour du camp des protestataires à Faizabad, en lisière de la capitale, ont rapporté des témoins. POUR LE MAINTIEN DES LOIS SUR LE BLASPHEME Le service de presse de l'armée n'a pas répondu aux questions posées sur les consignes données par le gouvernement. Dimanche soir, le ministre de l'Intérieur, Ahsan Iqabal, a déclaré la force paramilitaire des Rangers serait autorisée à intervenir lors des manifestations. Samedi, au moins sept personnes, dont un policier, ont été tuées lors de l'intervention de plusieurs milliers d'agents des forces de sécurité qui ont tenté de disperser les manifestants, sans parvenir au bout du compte à les chasser des lieux qu'ils occupent, ont rapporté des médias pakistanais et un responsable de la province. Au moins 187 personnes ont en outre été blessées dans les heurts de samedi, a ajouté ce responsable, sous le couvert de l'anonymat. Au moins 80 membres des forces de l'ordre sont au nombre des blessés, a déclaré un haut gradé de la police, Amir Niazi. Tout au long de la journée de dimanche, des partisans du Tehreek-e-Labaik, armés de gourdins, ont bloqué plusieurs artères de grandes villes du Pakistan. A Lahore, dans l'est du pays, des milliers d'islamistes ont campé aux abords du parlement de la province et ils s'en sont pris à la résidence d'un ministre, ce qui a conduit la police à répliquer par des tirs de gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de Reuters. A Faisalabad, près de Lahore, les partisans du Tehreek-e-Labaik ont tenté de mettre le feu à la villa d'un autre ministre, a dit un responsable de la police, Niaz Mirza. Dirigé par Khadim Hussain Rizvi, le Tehreek-e-Labaik est l'un des deux nouveaux mouvements politiques ultra-religieux apparus ces derniers mois sur la scène politique pakistanaise. Le Labaik, qui milite pour le maintien des lois très strictes sur le blasphème, a surpris en obtenant 6% et 7,6% lors de deux récentes élections partielles. (Gilles Trequesser et Eric Faye pour le service français)
Heurts entre islamistes et police au Pakistan, des villes paralysées
information fournie par Reuters 26/11/2017 à 20:57
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