La Guinée se rend aux urnes dimanche lors d'une élection présidentielle qui devrait largement accorder à Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2021, un mandat de sept ans.
L'ancien commandant des forces spéciales, que l'on pense âgé d'une quarantaine d'années, fait face à huit autres candidats dans un contexte politique fragmenté, sans véritable adversaire.
L'ancien président Alpha Condé et le chef de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, sont toujours en exil.
Une charte de transition adoptée après le coup d'État interdisait aux membres de la junte de se présenter aux élections. Mais en septembre, les Guinéens ont massivement approuvé une nouvelle constitution supprimant cette clause et portant le mandat présidentiel à sept ans, contre cinq, avec la création d'un Sénat.
Les intentions de vote prédisent un taux de participation de 86,42%, bien que des figures de l'opposition aient contesté ce chiffre.
La Guinée possède les plus importantes réserves de bauxite au monde et le gisement de minerai de fer inexploité le plus riche à Simandou, dont la production a officiellement commencé le mois dernier après des années de retard.
Cette année, le gouvernement de Mamadi Doumbouya a également révoqué la licence de Guinea Alumina Corporation, filiale d'EGA, à la suite d'un différend concernant une raffinerie, et a transféré ses actifs à une entreprise publique.
Le tournant vers la nationalisation des ressources – comme au Mali, au Burkina Faso et au Niger – a renforcé sa popularité, tout comme son jeune âge dans un pays où l’âge médian est d’environ 19 ans.
"Pour nous, les jeunes, Doumbouya représente l'occasion de mettre fin aux agissements de la vieille classe politique", a déclaré Mohamed Kaba, mécanicien à Conakry. "La corruption est très présente en ce moment, mais j'espère que ces problèmes vont s'atténuer."
DÉBAT POLITIQUE ÉTOUFFÉ
S’il est élu, Mamadi Doumbouya "utilisera probablement sa position pour consolider son pouvoir et celui de l’armée sur la Guinée", a estimé Benedict Manzin, analyste principal pour le Moyen-Orient et l’Afrique au sein du cabinet de conseil en gestion des risques Sibylline.
"Il est notamment probable qu'il positionne ses alliés et associés de manière à ce qu'ils profitent du boom économique attendu lié au lancement de la production" à Simandou, a-t-il ajouté.
Le débat politique est étouffé depuis le coup d'Etat. Des organisations de la société civile accusent le gouvernement d'interdire les manifestations, de restreindre la liberté de la presse et de limiter l'activité de l'opposition.
La période de campagne "a été sévèrement restreinte, marquée par l'intimidation des acteurs de l'opposition, des disparitions forcées apparemment motivées par des raisons politiques et des restrictions à la liberté des médias, a déclaré vendredi Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme. Ces conditions "risquent de compromettre la crédibilité du processus électoral", a-t-il ajouté.
Le gouvernement n'a pas répondu à une demande de commentaires.
Mamadi Doumbouya, de son côté, s'est fait discret durant la campagne, laissant ses porte-paroles défendre sa cause.
Lors d'un rassemblement de clôture de la campagne jeudi à Conakry, il a omis de prononcer un discours, mais a dansé avec sa femme pendant la prestation de la star congolaise Koffi Olomide.
Il portait une casquette de baseball blanche et une veste de survêtement ornée du nom de son mouvement : "Génération pour la modernité et le développement".
Environ 6,7 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales, et les résultats provisoires sont attendus dans les 48 à 72 heures suivant la fermeture des bureaux de vote.
(Reportage rédaction de Guinée, rédigé par Robbie Corey-Boulet ; version française Kate Entringer, édité par Camille Raynaud)

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