* Une trentaine de chefs de partis politiques reçus par Philippe * Presque tous demandent le gel des hausses des taxes sur les carburants * Les "Gilets jaunes" toujours soutenus par l'opinion * Macron reporte son voyage en Serbie prévu mercredi et jeudi (Actualisé avec réunion à l'Elysée) PARIS, 3 décembre (Reuters) - Une réunion interministérielle s'est tenue lundi soir à l'Elysée pour tenter de trouver une porte de sortie à la crise des "Gilets jaunes", objet de consultations de l'ensemble des forces politiques toute la journée à Matignon. Le chef du gouvernement, Edouard Philippe, le ministre de la Transition écologique François de Rugy, Bruno Le Maire (Economie), Christophe Castaner (Intérieur) figuraient parmi la douzaine de ministres conviés autour d'Emmanuel Macron, a fait savoir l'Elysée. Cette réunion a notamment permis "d'échanger sur les réponses à apporter aux mobilisations en cours", a rapporté l'entourage du chef de l'Etat. Edouard Philipe a annoncé qu'il ferait un geste "fort" dans les prochains jours pour tenter de dénouer la crise nouée autour des questions de pouvoir d'achat, a rapporté le ministre de la Culture, Franck Riester, après un entretien avec le Premier ministre dans l'après-midi à Matignon. Une trentaine d'élus, présidents des groupes parlementaires et responsables des forces politiques, se sont succédé à Matignon pour des entretiens avec le Premier ministre, coup d'envoi de grandes manoeuvres pour trouver une issue après une éruption de violence à Paris inédite depuis Mai-68, samedi. Mardi, des membres du collectif des "Gilets jaunes" ayant sollicité un rendez-vous devaient être reçus par le Premier ministre, avant un débat mercredi à l’Assemblée. Ces consultations doivent, selon Matignon, permettre au Premier ministre "d'annoncer les mesures destinées à permettre le déroulement serein" de la concertation de trois mois sur la transition écologique promise par Emmanuel Macron "et à assurer le maintien de l’ordre et le respect de la loi". "Il nous a dit qu’il allait annoncer un geste d’ouverture fort dans les prochains jours", a dit Franck Riester, reçu par le chef du gouvernement en tant que président du parti Agir. Aucune précision n'a filtré sur la nature des mesures qui pourraient être annoncées pour tenter de sortir d'une crise qui affecte sévèrement l'économie , sauf l'affichage d'une volonté d'accélérer la réduction des impôts. UN GEL DE LA HAUSSE DES TAXES PLÉBISCITÉ L'exécutif a jusqu'à présent exclu toute annonce avant la fin de la concertation territoriale visant à répondre aux "Gilets jaunes", qui réclament comme premier geste l'annulation de la hausse des taxes sur les carburants prévue le 1er janvier. "Pour la première fois depuis trois semaines, on a un gouvernement qui saisit l'ampleur du mouvement (...) mais les réponses restent à apporter", a dit le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, après son entretien avec Edouard Philippe. Il faut "des solutions durables qui répondent à la demande des Français", a-t-il ajouté, prônant le rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), une "discussion large" sur le pouvoir d'achat et un moratoire sur la hausse des taxes sur les carburants. Exclue jusqu'à présent par le gouvernement, qui assure que le "cap" en matière de transition énergétique sera tenu, cette dernière mesure est réclamée par la quasi-totalité des membres de l'opposition, au premier rang desquels le président du parti Les Républicains (LR). "Si le gouvernement veut sortir (de la crise-NDLR), ça ne passera pas juste par des rencontres polies ou des débats, ça passe maintenant par des mesures concrètes" et "des gestes d'apaisement", a prévenu Laurent Wauquiez. "Ces gestes d'apaisement doivent venir d'une seule décision attendue par tous les Français : l'annonce de l'annulation des hausses de taxe" sur le carburant, a-t-il ajouté. La présidente du Rassemblement national (ex-FN) Marine Le Pen, qui a réclamé ce week-end des élections anticipées, a demandé à Edouard Philippe "la suppression de l'augmentation des taxes sur l’essence", la baisse des prix de l’énergie, ainsi qu'une augmentation du salaire minimum et des petites retraites. "Si Emmanuel Macron ne veut peut pas être le premier président depuis un demi-siècle à faire tirer sur les Français, il faut que les solutions soient importantes, audibles et immédiates", a-t-elle déclaré à sa sortie de Matignon. AGENDAS BOUSCULÉS Emmanuel Macron a reporté lundi sa visite en Serbie, prévue mercredi et jeudi, alors que les violences de samedi avaient déjà contraint Edouard Philippe à renoncer à se rendre en Pologne pour la COP 24. La visite du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à l'Assemblée nationale, prévue mardi, a quant à elle été reportée. Le chef de l'Etat, qui ne s'est pas exprimé publiquement depuis samedi, a déjeuné lundi avec des CRS "pour leur témoigner de son soutien après une journée de violences totalement inédites", a dit une source à l'Elysée. Au-delà des "Gilets jaunes" et des membres de l'opposition, Emmanuel Macron doit composer avec des appels de plus en plus insistants, au sein de sa majorité, en faveur de mesures d'urgence et d'un accompagnement social renforcé de la transition écologique. Sur Facebook, des appels à descendre à nouveau dans la rue samedi sont apparus mais ils restent "assez disparates", selon le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nunez, qui se prépare toutefois à devoir faire face à des manifestations encore plus violentes. Pour Christophe Chalençon, porte-parole des "Gilets jaunes libres", invité mardi à Matignon, "une amorce de discussion est obligatoire". "Il faut arrêter de mettre des rustines sur une chambre à air qui est prête à exploser", a-t-il dit sur BFM TV. "J'irai (à Matignon) mais pas pour négocier une paire de cacahuètes." Le mouvement des "Gilets jaunes" continue de bénéficier d'un soutien massif des Français (72%), selon un sondage Harris Interactive pour RTL et M6 réalisée après les violences de samedi. Ils pourraient être rejoints par des lycéens contestataires, qui ont perturbé ou bloqué des dizaines de lycées lundi, affrontant par endroits les forces de l'ordre. Voir aussi : ENCADRE "Gilets jaunes"-Déclarations à l'issue des consultations à Matignon (Marine Pennetier, Jean-Baptiste Vey, Simon Carraud et Elizabeth Pineau, avec Ivana Sekularac à Belgrade, édité par Yves Clarisse)
Gilets jaunes-Réunion à l'Elysée, dans l'attente d'un geste "fort"
information fournie par Reuters 03/12/2018 à 22:11
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