(NEWSManagers.com) -
Est-il réaliste et nécessaire de créer un produit d' épargne retraite européen ? Le PEPP aura-t-il le même succès que le UCITS, comme certains l' appellent de leurs vœux? C' est à ces questions qu' ont tenté de répondre les intervenants d' une table ronde organisée vendredi matin par L' Agefi dans le cadre du Global Invest Forum.
Le PEPP est né d' une proposition faite par la Commission européenne. L' objectif est de créer un nouveau produit d'épargne retraite, accessible à tous les citoyens européens tout au long de leur vie - et ce même s'ils déménagent plusieurs fois sur le continent.
Katarina Ivankovic Knezevic, directrice des affaires sociales au sein du directorate general for employment, social affairs and inclusion de la Commission européenne, a rappelé le contexte sensible dans lequel se déroulaient les discussions, avec le renouvellement des dirigeants en Europe. Mais selon elle, le PEPP verra bien le jour en 2022, comme cela est prévu.
La création de ce produit est plutôt bien accueillie à travers l' Europe.
" Les populations ont de plus en plus besoin de retraites complémentaires, d' autant plus qu' elles n' ont pas forcément accès à des plans de retraite en entreprises. Même dans les pays où il existe beaucoup de plans de retraite en entreprises, il y a de plus en plus de personnes qui n' en bénéficient pas en raison de l' évolution du marché du travail, de la nouvelle économie digitale... " , a observé Matti Leppälä, CEO de Pensionseurope. " J' espère le PEPP a sa place pour de nombreuses personnes, et pas seulement les travailleurs mobiles. Si le PEPP fournit de meilleures opportunités par rapport à ce qui existe, alors ce sera un succès " , poursuit-il.
Dominique de Préneuf, directeur général de l' Association française de la gestion financière (AFG), pense aussi que la création du PEPP est " nécessaire " , notamment pour les jeunes générations qui sont très mobiles. Et ce, dans un contexte où " les premier et deuxième piliers souffrent " . " Pour nous la question n' est pas de savoir si cela est réaliste. Nous n' avons pas le choix. Nous devons le faire " , affirme-t-il.
En revanche, la création du PEPP laisse de marbre Gerard Riemen, general manager de Pensioenfederatie, l' association néerlandaise des fonds de pension. " Je ne pense pas que le PEPP est quelque chose que les gens attendent aux Pays-Bas " , lâche-t-il. " Mais si c' est utile pour l' Espagne, l' Italie ou la France, nous ne voyons pas le problème " , nuance-t-il. " Je ne pense pas que le PEPP apporte une quelconque solution aux problèmes des systèmes de retraite " .
Quoi qu' il en soit, nombre d' obstacles demeurent, comme la fiscalité, le " fees cap " , c'est-à-dire le plafonnement des frais à 1%, les techniques de réduction des risques, ont reconnu plusieurs intervenants.
Matti Leppälä a déclaré que les politiques sur les retraites étaient indissociables des politiques fiscales et des politiques sociales. " S' il n' y a pas de soutien des Etats membres sur la fiscalité, il sera très difficile d' obtenir du succès avec le PEPP " , prédit-il.
De plus, " s' il est impossible de fournir un conseil au sein de ce " fees cap " , il sera difficile de vendre le produit " , a-t-il poursuivi.
Pour Tobias Buecheler, responsable de la stratégie réglementaire au sein d' Allianz, les mesures d'accompagnement de niveau 2 seront déterminantes. En effet, nombre de choses sont restées ouvertes dans la réglementation, notamment sur les coûts, leur calcul et la manière de les comparer entre assureurs et sociétés de gestion…
Un élément crucial pour le succès des PEPP sera la communication et l' éducation autour des retraites à l' égard des citoyens, notamment auprès des jeunes. " Nous devons éduquer les populations pour que les gens soient davantage acteurs de leur épargne " , a souligné Dominique de Préneuf. " L' éducation sera un défi, car il faudra de plus en se fier aux choix personnels et comprendre les risques de chacun " , a renchéri Matti Leppälä.
Enfin, Gerard Riemen a rappelé que les retraites n' étaient qu' un aspect d' un défi plus global incluant le vieillissement de la population, le manque de culture financière, la pauvreté chez les personnes âgées, et que ces sujets devaient être pris en compte.
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