Selon Genomic Vision, l'objectif du partenariat est de mettre au point des méthodes adaptées pour l’édition du génome. (crédit : Adobe Stock)
C'est l'alliance de deux experts dans le domaine de l'édition du génome. D'un côté Genomic Vision, société de biotechnologie spécialisée dans le développement de tests diagnostic et dans le peignage moléculaire. De l'autre côté Editas, une biotech américaine qui détient le brevet de CRISPR-Cas9, considéré comme une révolution dans le domaine de biotechnologie.
Genomic Vision organisait lundi 16 octobre son deuxième R&D Day centré sur ses activités LSR, (Sciences de La Vie). L'occasion pour la biotech française d'annoncer, non sans satisfaction, un partenariat stratégique avec Editas. Explications.
Après le test de diagnostic qui permet de détecter de manière précoce les maladies génétiques, Genomic Vision souhaite se diversifier sur un axe qu'il estime stratégique, les Sciences de la Vie, avec deux domaines principaux, la réplication de l'ADN et en second lieu les activités liées à l'édition du génome.
Et concernant l'édition du génome, Genomic Vision a annoncé qu'il travaillait en collaboration depuis un an avec une société de biotechnologie américaine et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit d'Editas, l'une des rares biotechs qui possède la licence de Feng Zang du Broad Institute qui lui permet d'exploiter LA nouvelle technologie à la mode, le CRISPR-Cas9.
CRISPR-Cas9 : la révolution génétique qui bouleverse le champ des possibles
Découvert en 2012 par deux chercheuses, Jennifer Doudna de l'université de Berkeley et la microbiologiste française Emmanuelle Charpentier, la technologie CRISPR–Cas 9 a été perçue comme un véritable tsunami biotechnologique dans la communauté scientifique.
Appelé aussi «ciseaux à découper», cette technologie permet non seulement de découper l'ADN de manière ultra précise mais surtout d'identifier une séquence de l'ADN, de couper un gène, de le remplacer ou de modifier son expression. Une révolution dans le domaine de la génétique. Car en permettant de remplacer, inactiver, modifier le gène que l'on cherche à atteindre, ces ciseaux ont de quoi ouvrir le champ des possibles, notamment concernant les maladies génétiques, mais aussi dans l'oncologie et dans la biologie végétale. Editas possède d'ailleurs six programmes de recherche, notamment dans le domaine de l'oncologie.
Une alliance stratégique prometteuse
«L'objectif de ce partenariat est de mettre au point des méthodes adaptées pour l'édition du génome» explique Stéphane Altaba, qui ajoute que «l'objectif est de créer un outil qui permet de visualiser et de corriger les séquences génomiques avec plus de précision».
Et c'est là que le peignage moléculaire, la technologie développée par Genomic Vision entre en jeu. Cette technique permet d'étirer l'ADN en une seule étape et de collecter des millions de molécules.
«Ce sont en quelque sorte les yeux qui permettent aux ciseaux de couper avec précision le morceau de gènes ou de le remplacer par d'autres séquences. Et cela permet aussi de vérifier par un code couleur ce que font les ciseaux et que la cellule a été bien éditée», explique le vice-président développement de GV : «Les ciseaux à découper l'ADN ont besoin du peignage moléculaire pour manipuler l'ADN de manière encore plus précise et de "vérifier" que les ciseaux ont bien coupé au bon endroit.». La biotech française joue ainsi le rôle de controleur de qualité, car la moindre erreur de manipulation peut être létale pour la cellule.
Si l'édition du génome est porteuse de grands espoirs au niveau thérapeutique, les questions éthiques quant à la manipulation génétique suscitent des doutes chez certains investisseurs. Le 9 mars, Editas avait perdu 26% de sa valeur, en raison d'inquiétudes sur l'utilisation de sa technologie. Et récemment un panel d'experts de l'UNESCO a demandé un moratoire sur« l'ingénierie » de l'ADN humain pour éviter des modifications des caractères héréditaires qui seraient contraires à l'éthique. Quoi qu'il en soit, le marché a salué la nouvelle de ce partenariat. Le titre de Genomic Vision s'adjuge 14% sur la semaine pour s'échanger à 3,41 euros mais accuse encore un repli de 22% depuis le début de l'année.
Florentine Loiseau (redaction@boursorama.fr)
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