par Alistair Smout et Andrew MacAskill
LONDRES, 21 avril (Reuters) - Les députés britanniques votaient jeudi pour déterminer si le Premier ministre Boris Johnson doit faire l'objet d'une enquête parlementaire pour avoir sciemment induit en erreur le Parlement sur le respect des restrictions sanitaires liées au COVID-19.
Les critiques à son encontre montent dans la classe politique, y compris au sein du camp conservateur dont certains membres appellent à la démission de Boris Johnson.
Les élus accusent Boris Johnson d'avoir menti à la Chambre des communes sur des soirées organisées à Downing Street alors que la Grande-Bretagne était plongée en plein confinement.
S'il a reconnu avoir commis une erreur de jugement, Boris Johnson affirme n'avoir pas sciemment trompé le Parlement.
Mardi, il a présenté ses excuses au Parlement après s'être vu infliger une amende de police pour infractions aux règles du confinement.
En voyage officiel en Inde, Boris Johnson ne sera pas présent au Parlement lorsque les députés voteront pour déterminer s'il doit faire l'objet d'une enquête pour outrage par le Comité des privilèges.
Lors du débat précédant le vote, le conservateur Steve Baker, figure de la campagne en faveur de la sortie de l'Union européenne, a déclaré que Boris Johnson devrait démissionner.
Accusant le Premier ministre d'avoir enfreint "la lettre et l'esprit" de la loi, il a renchéri en disait que Boris Johnson "devrait maintenant être parti depuis longtemps", que "le concert était terminé".
"Le Premier ministre a été accusé d'avoir induit en erreur la Chambre de manière répétée, délibérée et routinière au sujet des fêtes organisées à Downing Street pendant le confinement", a déclaré le chef du parti travailliste, Keir Starmer, aux élus britanniques.
"C'est une accusation sérieuse et grave, cela équivaut à un outrage au Parlement", a-t-il ajouté.
PROTOCOLE PARLEMENTAIRE
Le gouvernement avait cherché à retarder le vote des députés jusqu'à ce que la police ait terminé ses propres investigations, qui pourraient aboutir à des amendes supplémentaires contre le Premier ministre.
Mais le gouvernement a finalement retiré le dépôt de l'amendement juste avant le début des débats à la chambre basse.
Des élus conservateurs ont manifesté leur gêne à l'idée de devoir s'opposer à un examen approfondi des agissements du Premier ministre, qui ont entamé la confiance des Britanniques dans le gouvernement.
Le porte-parole de Boris Johnson a affirmé que les conservateurs avaient été informés qu'ils pouvaient voter comme ils l'entendaient, voire ne pas participer au vote.
Le député conservateur William Wragg, critique du chef de son parti, a appelé à nouveau à la démission de Boris Johnson.
"Je ne peux pas me réconcilier avec le fait que le Premier ministre continue à diriger notre pays", a-t-il dit.
"Le parti porte les cicatrices des erreurs de jugement de sa direction (...) il est tout à fait décourageant de devoir défendre l'indéfendable", a déclaré William Wragg.
Si la motion est approuvée, Boris Johnson pourrait être confronté à la publication d'autres preuves sur les fêtes du 10, Downing Street et écoper d'une nouvelle amende.
Le fait d'induire délibérément en erreur le Parlement constitue une violation du code ministériel et, par convention, les ministres qui agissent ainsi sont censés démissionner.
Pour contraindre Boris Johnson à quitter son poste, 54 des 360 élus conservateurs doivent adresser une lettre de défiance au président du "Comité de 1922", un groupe parlementaire des Tories à la Chambre des communes.
(Avec Farouq Suleiman à London et Andrew MacAskill à Ahmedabad, rédigé par Kate Holton; version française Laetitia Volga, édité par Sophie Louet)
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