* Une disparition inexpliquée au large de Toulon * 52 membres d'équipage avaient péri * Les familles disent leur "soulagement" * Des innovations technologiques ont permis la découverte (Actualisé avec conférence de presse du préfet maritime de Méditerranée) TOULON, Var, 22 juillet (Reuters) - L'épave du sous-marin d'attaque La Minerve, disparu le 27 janvier 1968 au large de Toulon avec ses 52 membres d’équipage, a été retrouvée dimanche au large du port varois. Pour Hervé Fauve - dont le père, le lieutenant de vaisseau André Fauve, commandait le bâtiment -, c'est "un soulagement" pour les familles, qui avaient sollicité le gouvernement pour reprendre les recherches dans ce dossier classifié. "C'est un succès, un soulagement et une prouesse technique. Je pense aux familles qui ont attendu ce moment si longtemps", a écrit lundi la ministre des Armées, Florence Parly, sur son compte Twitter. La ministre avait autorisé fin 2018 la reprise des explorations, rendues possibles par des technologies plus modernes, notamment des sous-marins autonomes. Une première phase technique avait débuté le 5 février, suivie par une nouvelle phase de recherches en juillet. C'est le navire américain privé Seabed Constructor, arrivé à la mi-juillet, qui a localisé les débris de La Minerve dimanche soir grâce à deux drones. Ce même bateau, équipé des technologies les plus pointues, avait retrouvé en novembre 2018 au large de l'Argentine le San Juan, un sous-marin de la marine argentine qui avait implosé en novembre 2017 avec 44 membres d'équipage à son bord lors d'exercices de surveillance maritime. "C'EST LA FIN DE QUELQUE CHOSE" "Les Américains ont effectué la semaine dernière 60 heures de recherches avec plusieurs drones, qui naviguent à quelques mètres au-dessus du fond et qui possèdent des capteurs ultra-modernes", a expliqué à Reuters le capitaine de vaisseau Eric Lavault, directeur du Sirpa Marine. "Ils ont sorti un écho qui semblait très vraisemblablement celui de la Minerve. Ils ont envoyé deux drones en identification formelle et ils ont pu lever le dernier doute", a-t-il précisé. Le vice-amiral d’escadre Charles-Henri du Ché, préfet maritime de Méditerranée, a précisé lors d'une conférence de presse à Toulon qu'une photo montrait "le massif, le kiosque, avec en rouge les lettres MIN et un S". "On n’a aucun doute, c’est un sous-marin de type Daphné." Le bâtiment, qui avait implosé sous la pression de l'eau, a été retrouvé en trois parties. Hervé Fauve a fait part de la "très forte émotion" et du "soulagement" de l'ensemble des familles. "On attendait cette nouvelle depuis longtemps, certains n’espéraient plus, même si à titre personnel je me disais que l’on finirait par trouver. Aujourd’hui, c’est la fin de quelque chose, on voulait savoir où ils étaient, nous le savons maintenant", a-t-il dit à Reuters. Florence Parly a dit espérer que cette découverte, plus de cinquante ans après, aiderait les familles à "faire leur deuil". Une cérémonie commémorative en mer sera prochainement organisée en leur présence, vraisemblablement à l'aplomb de l'épave. Celle-ci a été repérée par 2.370 mètres de fond, à 45 kilomètres au Sud/Sud/Ouest de Toulon, une vingtaine de kilomètres plus au sud que les zones où elle avait été recherchée dans les années 70. Le naufrage de La Minerve, intervenu le matin par gros temps après un dernier contact radio avec un avion d'accompagnement au large du Cap Sicié, reste inexpliqué à ce jour. "UN MAUSOLÉE SOUS-MARIN" Trois campagnes de recherches étaient restées infructueuses : l'une après la disparition du sous-marin, la seconde un an plus tard et une autre après le naufrage d'un bâtiment de la même classe, l'Eurydice, en 1970 au large de Saint-Tropez, avec 57 hommes à bord. La Marine nationale avait entamé des explorations en février avec le concours de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) et du Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM). Lors de cette première phase technique, un navire océanographique (le "Pourquoi pas?") avait été engagé dans la zone supposée du naufrage avec des sondeurs, des drones, et le sous-marin Nautile de l'Ifremer. "La France a pu réduire la zone de recherches à quelques dizaines de kilomètres carrés, alors qu'auparavant ça correspondait en gros à huit fois la surface de Paris sur un terrain très accidenté. Là-dessous, c'est de la moyenne montagne", explique Eric Lavault. "A partir de cette étape, le Seabed Constructor est intervenu sur une zone plus réduite." Les récents travaux d'analyse du Commissariat à l’énergie atomique sur les mesures sismiques enregistrées lors de la disparition du sous-marin ont aussi permis de circonscrire la zone. "A ce stade, on n'envisage pas de remonter les débris, d'abord et avant tout parce que c'est un sanctuaire", a déclaré le capitaine de vaisseau Eric Lavault. "Cette épave doit rester où elle est, c’est un mausolée sous-marin", a estimé Hervé Fauve. "La Marine va désormais investiguer pour connaître les causes de l’accident et nous communiquera les réponses. Cela va permettre de mettre un terme à tout un tas d’hypothèses sur ce qui s’est passé." "Quand vous verrez l'ensemble des photos, vous verrez que trouver des explications, c'est bien compliqué", a souligné le préfet maritime de Méditerranée. (Sophie Louet avec Marc Leras à Toulon)
France-Le sous-marin La Minerve, disparu il y a plus de 50 ans, a été retrouvé
information fournie par Reuters 22/07/2019 à 18:08
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