(Actualisé avec détails et réactions)
PARIS, 23 septembre (Reuters) - Le gouvernement français a fixé à trois euros au moins, toutes taxes comprises, les frais de port de livres pour toute commande inférieure à 35 euros, ont annoncé vendredi dans un communiqué commun les ministères des Finances et de la Culture.
Cette décision découle de la loi du 30 décembre 2021 visant notamment à protéger les quelque 3.000 librairies indépendantes du pays face aux géants du e-commerce.
Depuis 2014, les frais de port ne pouvaient être gratuits mais Amazon AMZN.O , suivi par d'autres groupes comme la Fnac FNAC.PA , les limitaient à 0,01 euro.
Le montant minimal de 3,00 euros est le fruit de négociations entre les deux ministères et l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep).
"La proposition de l'Arcep permet un équilibre entre l'atteinte de l'objectif fixé par le législateur et la préservation du marché du livre", peut-on lire dans le communiqué de Bruno Le Maire et Rima Abdul-Malak.
"Le tarif de 3 euros, couramment appliqué pour la livraison d'autres produits, n'apparaît pas dissuasif pour les acheteurs et le seuil de 35 euros favorise le groupement de commandes, geste vertueux en matière de transition écologique", ajoutent les ministres.
Le Syndicat de la librairie française, qui militait pour un prix plus proche de 5,00 euros, a fait part de sa déception dans un communiqué intitulé "Le compte n'y est pas".
"Les seuils retenus conduiront les libraires à continuer à vendre systématiquement à perte s'ils expédient des livres au domicile de leur client", écrit-il, estimant la perte nette à 3,00 euros en moyenne sur l'envoi d'un livre de poche ou d'une bande dessinée, jusqu'à 3,50 euros pour un livre grand format.
POUVOIR D'ACHAT
"En ce moment avec les problèmes de pouvoir d'achat, c'est une décision délicate mais les libraires ont une place particulière dans le coeur des Français", a dit à Reuters Laure Darcos, sénatrice Les Républicains à l'origine du texte de loi initial. "Jamais on n'aurait imaginé il y a quelques années qu'on torde ainsi le bras aux géants du e-commerce."
Interrogé par Reuters, Amazon a repris les arguments transmis à l'Arcep au printemps dernier, qui soulignent l'"effet inflationniste majeur" d'une hausse du coût d'expédition pour les lecteurs, "en particulier de ceux qui résident loin des points de vente physique et n'ont pas d'autre alternative".
Le géant américain ajoute que 46% des livrés achetés via son site le sont par des habitants de communes de moins de 10.000 habitants.
Amazon déplore le "surcoût" représenté, alors qu'il se vend chaque année plus de 400 millions de livres en France, dont 17% en ligne, selon une étude Kantar TNS Sofres pour le ministère de la Culture.
La tarification minimale sera obligatoire pour tous les vendeurs de livres neufs, sans dérogation possible via des programmes de fidélité, a précisé à Reuters le ministère de la Culture.
L'achat d'un livre avec d'autres produits nécessitera également le versement de trois euros. A partir de 35 euros d'achat de livres, une livraison à un centime sera possible.
La France va notifier à la Commission européenne un projet d'arrêté pour avis. La tarification entrera en vigueur dans les six mois suivant la publication de l'arrêté.
(Reportage Elizabeth Pineau avec la contribution de Geert de Clercq et Jean-Stéphane Brosse, édité par Sophie Louet et tangi Salaün)
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