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France-L'exécutif doit trancher entre économies et hausse du déficit
information fournie par Reuters 11/12/2018 à 12:03

    * Des concessions aux "Gilets jaunes" à financer
    * Compte à rebours lancé pour revoir le projet de budget
2019
    * Vers des discussions serrées avec la Commission européenne

    PARIS, 11 décembre (Reuters) - L'exécutif, contraint de
revoir en catastrophe son projet de budget 2019 pour y intégrer
les concessions d'Emmanuel Macron aux "Gilets jaunes", va devoir
faire un choix : compenser ces nouvelles dépenses par des
économies supplémentaires ou renoncer à contenir le déficit
public dans les limites européennes.
    "Nous allons faire des économies, comme nous nous y sommes
engagés", a déclaré mardi Benjamin Griveaux sur BFMTV, au
lendemain de l'annonce par Emmanuel Macron de mesures notamment
à destination des salariés au smic et de certains retraités,
évaluées entre huit et dix milliards d'euros, sans compter un
manque à gagner de quatre milliards d'euros sur la fiscalité des
carburants.  
    Ces économies s'effectueront notamment "dans le mode de
fonctionnement de l'Etat", a poursuivi le porte-parole du
gouvernement. "Nous allons réduire la voilure de certains
services de l'Etat", a-t-il dit. 
    Benjamin Griveaux a en revanche exclu l'hypothèse d'un
décalage de la transformation du CICE (crédit d'impôt pour la
compétitivité et l'emploi) en baisse de charges pérenne, comme
suggéré par certains économistes.   
    "Elle n'a pas de raisons d'être reportée", a-t-il dit.    
    Pour l'instant, l'exécutif reste flou sur les économies
censées être inspirées par le programme "Action publique 2022".
    S'il a réaffirmé l'objectif de supprimer 50.000 postes dans
la fonction publique d'Etat d'ici à 2022, seules 1.600 ont été
confirmées en 2018 puis 4.500 en 2019. Pour 2020, l'objectif
dépasse les 10.000 suppressions mais rien n'est encore inscrit
dans le marbre. 
    De fait, la piste des économies ne convainc pas forcément. 
    Pour Michel Martinez, économiste de la Société générale, il
est peu probable que le coût des différentes mesures annoncées
pour répondre aux revendications des "Gilets jaunes" soit
compensé par des économies, "d'autant plus que le président
Macron n'en a évoqué aucune dans son discours". 
    "Selon toute vraisemblance, le déficit public 2019 dépassera
le seuil de 3%. Nous ne prévoyons cependant pas qu'il s'approche
de 3,5% du PIB, auquel cas il faudrait passer par des hausses de
taxes sur les entreprises", écrit-il dans une note. 
    
    VERS UNE ENTORSE AUX RÈGLES EUROPÉENNES
    Du côté de la majorité, le président de l'Assemblée, Richard
Ferrand, s'est prononcé en faveur d'une entorse ponctuelle au
pacte européen de stabilité et de croissance. 
    Pour ce proche du chef de l'Etat, on peut accepter une
augmentation "pas massive et strictement temporaire" du déficit
public et "on retrouvera un rythme en dessous des 3%" du produit
intérieur brut (PIB) en 2020.
    Seule l'année de mise en place de la transformation du CICE
sera marquée par un double coût pour les finances publiques,
l'Etat devant assumer à la fois verser les 20 milliards de
crédit d'impôt au titre de l'année précédente et les 20
milliards de baisse de charges au titre de l'année en cours.    
    L'Elysée a fait savoir lundi, après les annonces du
président de la République, que la France ne remettait pas en
cause son objectif de maîtrise de la dépense publique, précisant
que l'objectif initial de déficit public pour 2019 hors CICE
"laisse un peu de marge" pour la construction du budget.
     
    La prévision de déficit public pour 2019 s'élève à 2,8% du
PIB, mais hors impact ponctuel de cette bascule du CICE, elle
s'établit à 1,9%. 
    Mais les discussions avec la Commission européenne - déjà en
plein différend avec Rome autour de son budget - porteront sur
la totalité du déficit public en 2019, et non sur le déficit
corrigé de cet élément exceptionnel.    
    Les réponses de l'exécutif aux revendications hétéroclites
des "Gilets jaunes" ont compliqué la donne budgétaire, alors que
le projet de loi de finances 2019 doit être adopté d'ici la fin
du mois.
    Les mesures annoncées lundi par Emmanuel Macron viennent
s'ajouter aux concessions déjà consenties la semaine dernière
sur la taxe carbone et l'avantage fiscal sur le gazole non
routier pour les entreprises, qui vont se traduire par un manque
à gagner de quatre milliards d'euros.     
    Sans compter que le budget 2019 - dans sa version actuelle,
avant l'intégration de cette série de dispositions - a été
construit sur une prévision de croissance de 1,7%, qui apparaît
désormais quasiment impossible à atteindre. 
    Les répercussions de ce mouvement de protestation entamé
mi-novembre - qu'il s'agisse des blocages ou des violences qui
l'ont émaillé - devraient en effet pénaliser la croissance de la
fin d'année 2018 et par ricochet celle de 2019.      

 (Myriam Rivet et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)
 

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