PARIS, 5 juillet (Reuters) - Une commission d'enquête parlementaire préconise dans un rapport rendu public jeudi de prendre des mesures pour améliorer la sûreté et la sécurité des centrales nucléaires en France, notamment en limitant le recours à la sous-traitance et en réexaminant les procédures de traitement des déchets. Il existe en effet des failles dans le dispositif actuel, selon une synthèse de ce document, fruit de cinq mois de travail et de 83 auditions, que Reuters a pu consulter. Perte de savoir-faire, vieillissement des installations, concentration des déchets, hypothèse d'attaques terroristes ou d'accidents : les facteurs de risque sont en effet nombreux et, pour chacun d'eux, des réponses sont esquissées. Selon les députés, qui ont travaillé sous la présidence du centriste Paul Christophe, l'accident survenu en 2011 à Fukushima (Japon) à la suite d'un tsunami a démontré qu'il fallait toujours se préparer au scénario du pire. Ils soulignent notamment les inconvénients liés à la sous-traitance : selon eux, 80% des tâches dans les centrales sont assurées par des prestataires. Il en résulte, jugent-ils, une déperdition des compétences chez les exploitants, une dépendance vis-à-vis des entreprises sous-traitantes et une dilution des responsabilités. Par conséquent, les parlementaires proposent de favoriser la réintégration de certains savoir-faire au sein des exploitants ainsi que la formation de jeunes. Inquiète des effets du vieillissement du parc français, la commission préconise aussi d'établir un calendrier de fermetures de centrales - un scénario auquel réfléchit le gouvernement dans le cadre de sa future programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) - selon des critères de sûreté et de sécurité. S'appuyant sur les conclusions d'une étude de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), elle propose également d'accorder plus de crédit à l'option d'un refroidissement des déchets à sec, une solution potentiellement plus avantageuse que l'entreposage dans des piscines - la règle aujourd'hui. Cette formule permettrait d'éviter tout risque lié à la fois à l'alimentation en eau et en électricité et à la trop grande concentration des combustibles usés. Au-delà, la commission d'enquête attire l'attention des autorités sur les risques sécuritaires, comme le fait régulièrement Greenpeace via, notamment, l'intrusion de militants sur le site de centrales. Mardi, l'ONG de défense de l'environnement a envoyé un drone s'écraser contre le mur d'une piscine d'entreposage de la centrale EDF de Bugey (Ain), une nouvelle preuve à ses yeux de la vulnérabilité des installations françaises. Ces coups d'éclats médiatiques sont à l'origine de la création de la commission d'enquête parlementaire. Pour parer à ce risque, les députés proposent de rendre obligatoire le floutage des centrales sur les photos aériennes mises à disposition du grand public, notamment par Google, et de rendre plus aléatoires les dates, horaires et itinéraires des convois de matières radioactives. (Simon Carraud, édité par Benoît Van Overstraeten)
France-Des mesures préconisées pour la sûreté des centrales nucléaires
information fournie par Reuters 05/07/2018 à 08:00
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