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France-Algérie-Macron reconnaît un "système" recourant à la "torture"
information fournie par Reuters 13/09/2018 à 19:59

    * Maurice Audin "mort sous la torture" en Algérie
    * Macron annonce l'ouverture des archives sur les disparus
    * Des historiens qualifient le geste d'"historique"

 (Actualisé avec entretien Macron-Bouteflika §10)
    PARIS, 13 septembre (Reuters) - Emmanuel Macron a reconnu
jeudi la responsabilité de l'Etat français dans la mort "sous la
torture" de Maurice Audin, un mathématicien communiste et
anticolonialiste arrêté le 11 juin 1957 pendant la bataille
d'Alger, une décision réclamée de longue date et qualifiée
d'"historique".
    Soixante-et-un an après l'arrestation de ce militant de
l'indépendance algérienne, le chef de l'Etat a remis en main
propre à sa veuve, Josette Audin, "une déclaration reconnaissant
que Maurice Audin est mort sous la torture du fait du système
institué alors en Algérie par la France".
    "Vous n'avez jamais cédé pour faire reconnaître la vérité,
la seule chose que je fais, c'est la reconnaître", lui a-t-il
dit lors d'une rencontre à son domicile à Bagnolet
(Seine-Saint-Denis), demandant "pardon" et précisant qu'il
demanderait aux autorités algériennes leur aide pour la
recherche du corps. 
    "On ne peut pas régler (certains points) si on ne redéploie
pas tout cela, sinon on restera bloqué dans les ressentiments,
les secrets", a-t-il ajouté. "Il y a une page qui s'ouvre
aujourd'hui (...) et je l'espère une nouvelle ère pour nos
mémoires". 
    Dans sa déclaration écrite transmise par l'Elysée, le chef
de l'Etat "reconnaît, au nom de la République française, que
Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par
des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile". 
    "Il reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort,
le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible
par le système 'arrestation-détention' mis en place à la faveur
des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par voie légale
aux forces armées à cette période." 
    
    "HISTORIQUE"
    Au-delà du cas de Maurice Audin, Emmanuel Macron "souhaite
que toutes les archives de l’Etat qui concernent les disparus de
la guerre d’Algérie puissent être librement consultées et qu’une
dérogation générale soit instituée en ce sens".
    Cette décision, qualifiée d'"historique" par plusieurs
historiens qui dressent un parallèle avec la reconnaissance par
Jacques Chirac en 1995 de la responsabilité de la France dans la
déportation des juifs, était attendue.
    Lors d'une rencontre avec l'Association de la presse
présidentielle en février, il avait promis que "toutes les
pièces (seraient) ouvertes, y compris celles qui ne l'ont pas
été" et assuré que tout serait mis en oeuvre pour établir s'il
s'agissait d'un crime d'Etat.
    Selon la présidence algérienne, le président Abdelaziz
Bouteflika et Emmanuel Macron se sont entretenus jeudi au
téléphone de "sujets bilatéraux", ainsi que des dossiers malien
et libyen. Il n'a pas été précisé si le cas de Maurice Audin
avait été abordé par les deux hommes.    
    En 2014, le prédécesseur d'Emmanuel Macron, François
Hollande avait fait un premier geste en infirmant "la thèse de
l'évasion qui avait été avancée à l'époque" et en confirmant la
mort de Maurice Audin "durant sa détention". 
    "C'est un moment historique", a estimé l'historien et
président du Musée de l'Immigration Benjamin Stora, qui a
accompagné le chef de l'Etat au domicile de Josette Audin.
"Jusqu'ici il n'y avait pas eu de reconnaissance de la torture."
    "C'est un moment très important parce qu'on va pouvoir
avancer sur d'autres affaires liées à cette histoire
douloureuse", a-t-il ajouté devant des journalistes. 
    
    LE PCF CRIE "VICTOIRE", LE PEN S'INSURGE
    Pour le secrétaire national du Parti communiste français,
Pierre Laurent, cette reconnaissance "est une victoire
historique de la vérité et de la justice."
    Le rôle du chef de l'Etat, "ça n'est pas d'aller rechercher
des responsabilités criminelles dans une opération extrêmement
confuse comme l'a été cette guerre civile, complexe comme l'a
été la guerre d'Algérie", a en revanche estimé sur BFM TV le
cofondateur du Front national Jean-Marie Le Pen, qui a récusé
dans le passé des témoignages l'accusant d'avoir pratiqué la
torture durant le conflit algérien (1954-62). 
    "Il en va de l’apaisement et de la sérénité de ceux qu’elle
(la guerre) a meurtris, dont elle a bouleversé les destins, tant
en Algérie qu’en France", peut-on lire dans la déclaration sur
la mort de Maurice Audin. "Une reconnaissance ne guérira pas
leurs maux. Il restera sans doute de l’irréparable en chacun
mais une reconnaissance doit pouvoir, symboliquement, délester
ceux qui ploient encore sous le poids de ce passé". 
    La France espère que cette décision permettra d'avancer sur
certains dossiers, notamment la question d'un droit au retour
des Harkis en Algérie, selon l'entourage du chef de l'Etat. 
    Le texte prend également soin de "décharger du soupçon" une
grande partie des militaires français en assurant qu'il "en va
de l’honneur de tous les Français qui, civils ou militaires, ont
désapprouvé la torture, ne s’y sont pas livrés ou s’y sont
soustraits, et qui, aujourd’hui comme hier, refusent d’être
assimilés à ceux qui l’ont instituée et pratiquée." 

 (Marine Pennetier, avec Elizabeth Pineau à Paris et Lamine
Chikhi à Alger, édité par Sophie Louet)
 

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