* Le Hamas tire des roquettes en direction de Jérusalem
* Vingt morts dans la bande de Gaza
* Israël commémore la prise de la partie orientale de Jérusalem en 1967
* La tension reste vive dans la ville sainte
(Bilan actualisé, précisions)
par Jeffrey Heller et Nidal al-Mughrabi
JÉRUSALEM/GAZA, 10 mai (Reuters) - Vingt Palestiniens dont neuf enfants ont été tués lundi dans des raids lancés par Israël sur la bande de Gaza après des tirs de roquettes du Hamas en direction de Jérusalem, en réponse aux violents heurts qui secouent depuis des jours la ville sainte, selon les services médicaux palestiniens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé les groupes armés palestiniens d'avoir "franchi une ligne rouge" alors qu'Israël célébrait ce lundi l'anniversaire de la prise de la partie orientale de Jérusalem durant la Guerre des Six-Jours en 1967. La région de Jérusalem n'avait plus été visée par des tirs de roquettes à partir de la bande de Gaza depuis la guerre de 2014 entre Israël et le Hamas.
L'armée israélienne a dit avoir frappé des groupes armés et des postes militaires dans l'enclave. Peu avant minuit (21h00 GMT), selon elle, les Palestiniens avaient tiré quelque 150 roquettes sur Israël, dont des dizaines ont été interceptés par le système de défense aérienne de l'Etat hébreu.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a appelé à l'arrêt "immédiat" de ces attaques palestiniennes et demandé à toutes les parties de réduire les tensions.
Les sirènes d'alerte ont retenti et plusieurs explosions ont été entendues à Jérusalem et dans plusieurs villes du sud de l'Etat hébreu quelques minutes après 18h00 (15h00 GMT), à la fin d'un ultimatum lancé par le Hamas, qui exigeait le retrait des forces israéliennes de l'esplanade des Mosquées et du quartier voisin de Cheikh Jarrah, où des manifestants se mobilisent depuis plusieurs semaines face au risque d'expulsion de familles palestiniennes.
Une maison a été touchée dans les faubourgs de Jérusalem mais aucune victime n'a été signalée. Le long de la frontière entre l'Etat hébreu et la bande de Gaza, un Israélien a été blessé par le tir d'un missile anti-char palestinien qui a touché un véhicule civil, a déclaré l'armée israélienne.
Avant les tirs du Hamas, des violences avaient de nouveau éclaté devant Al Aqsa, troisième lieu saint de l'islam. Des Palestiniens ont jeté des pierres sur des policiers israéliens qui ont répliqué avec des tirs de grenades incapacitantes et des balles en caoutchouc sur l'esplanade qui abrite la mosquée et que les Israéliens nomment le mont du Temple.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 300 Palestiniens ont été blessés dans les heurts. La police israélienne a quant à elle fait état de 21 blessés dans ses rangs. Enflammé par une fusée d'artifice tirée par des protestataires selon des témoins, un arbre a pris feu près de la mosquée mais celle-ci n'a pas été endommagée. Les affrontements ont cessé à l'approche de l'expiration de l'ultimatum du Hamas mais les tensions demeuraient vives à Cheikh Jarrah.
Un porte-parole de l'armée israélienne, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, a déclaré vérifier les informations selon lesquelles des enfants auraient trouvé la mort dans les rais israéliens.
"Nous avons de multiples exemples de roquettes tirées par les terroristes de Gaza qui ratent leur cible. Ce pourrait être le cas", a dit l'officier.
MÉDIATIONS EN COURS
Cette flambée de violence survient à un moment délicat pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont les opposants négocient la formation d'un gouvernement de coalition pour l'évincer du pouvoir après les élections législatives du 23 mars dernier, qui ont encore accouché d'un parlement fragmenté.
"Israël répondra avec beaucoup de force. Nous ne tolérerons pas d'attaques contre notre territoire, notre capitale, nos citoyens et nos soldats", a-t-il prévenu.
Des médiations ont semble-t-il déjà été engagées afin de faire retomber les tensions. Selon un responsable palestinien, l'Egypte, le Qatar et les Nations unies, qui ont déjà aidé à la conclusion de trêves entre Israël et le Hamas par le passé, sont en contact avec le chef du Hamas Ismail Haniyeh.
S'agissant du Hamas, estiment certains commentateurs, cette attaque contre Israël pourrait être un signal envoyé aux Palestiniens dont les propres élections, présidentielle et législatives, prévues le 22 mai, ont été reportées par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Le mouvement islamiste chercherait ainsi à mener le jeu en tenant Israël pour responsable des événements à Jérusalem, qui préoccupent la communauté internationale.
Les tensions dans la ville sainte sont alimentées depuis plusieurs semaines par le risque d'expulsion de plusieurs familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est.
Dans le but d'éviter une escalade, la police israélienne a dévié lundi le parcours de la marche traditionnelle de la Journée de Jérusalem au cours de laquelle des milliers de jeunes juifs brandissant le drapeau israélien traversent la porte de Damas et le quartier musulman de la vieille ville.
Israël considère l'ensemble de Jérusalem comme sa capitale, y compris la partie orientale annexée sans la reconnaissance de la communauté internationale. Les Palestiniens souhaitent que Jérusalem-Est soit la capitale d'un État qu'ils veulent créer en Cisjordanie et à Gaza.
(Avec Stephen Farrell et Ali Sawafta, version française Hayat Gazzane et Jean-Stéphane Brosse)
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