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Faux espions de Renault: le procès s'ouvre mercredi à Paris
information fournie par Boursorama avec AFP 15/01/2024 à 14:36

( AFP / ERIC PIERMONT )

( AFP / ERIC PIERMONT )

Des espions chez Renault: l'affaire avait fait scandale en 2011 et provoqué le licenciement de plusieurs cadres du constructeur. Les "traîtres" ont depuis été blanchis et seuls certains de ceux qui les ont mis en cause seront jugés à partir de mercredi à Paris, notamment pour... escroquerie.

Tout débute en août 2010 par une lettre anonyme envoyée chez Renault: trois salariés occupant des postes sensibles auraient accepté des pots-de-vin en échange d'informations confidentielles.

L'enquête interne, confiée au service de sécurité du constructeur, révèle très vite "des flux financiers importants et anormaux" sur des comptes bancaires au Liechtenstein et en Suisse, via des société écrans, notamment depuis des entreprises chinoises.

La machine s'emballe avec des soupçons d'espionnage industriel autour du programme phare de voitures électriques que développe Renault, et des rumeurs d'une implication de la Chine, qui se défend d'accusations "inacceptables".

Le ministre de l'Industrie d'alors, Eric Besson, parle de "guerre économique", le numéro 2 du constructeur, Patrick Pélata, assure que son entreprise est "victime d'une filière organisée internationale".

En janvier 2011, les trois salariés - qui nient farouchement - sont licenciés. Renault dépose plainte, notamment pour corruption et livraison d'informations à une puissance étrangère.

Très vite cependant, les policiers ont des doutes. Renault refuse de leur transmettre l'identité de la "source" de Dominique Gevrey, l'ex-militaire chargé de l'enquête interne, à l'origine des révélations.

Et puis le profil des salariés ne colle pas: parcours irréprochables, des décennies chez Renault pour deux d'entre eux, et le troisième, embauché à 19 ans, est un pur "Renault boy".

Fin janvier pourtant, le PDG Carlos Ghosn défend l'enquête interne. Renault a bien des preuves, "multiples", de l'espionnage, assure-t-il sur TF1.

Revirement complet quelques semaines plus tard: "je me suis trompé", confesse-t-il sur le même plateau, "nous nous sommes trompés et, d'après les conclusions que nous avons entendues du procureur de Paris, il semble que nous ayons été trompés".

- Tromperie -

Entre temps, l'enquête a démontré que les accusations avaient été montées de toutes pièces à partir de rapports prétendument confidentiels, alimentés par la mystérieuse source de Dominique Gevrey, grassement payée par Renault.

Car dans le dossier de Renault où les trois salariés visés ont été renommés "Roi mage" (l'un d'eux s'appelle Michel Balthazard), "Père Noël et "Saint-Pierre", il n'y avait que des faux numéros de comptes à l'étranger, aucun transfert occulte ni aucune société chinoise.

L'accusation soupçonne Dominique Gevrey, 65 ans, d'avoir "trompé" Renault pour lui soutirer quelques 300.000 euros pour payer sa "source" - qui n'aurait jamais existé.

Jugé pour escroqueries, il assure qu'il s'est fait avoir et n'a joué que le "facteur", explique son avocat, Me Jean-Paul Baduel. Arrêté en mars 2011 alors qu'il s’apprêtait à s'envoler pour la Guinée, il a passé huit mois en détention provisoire.

Un consultant en sécurité, Michel Luc, est lui renvoyé pour faux et complicité d'escroquerie, pour avoir envoyé des fausses factures à Renault et remis espèces et virements à Dominique Gevrey.

Marc Tixador, également chargé de l'enquête interne, est lui jugé pour recel de violation du secret professionnel. "Il n'a jamais été soupçonné d'avoir participé à l'escroquerie", insiste son avocate, Me Fanny Colin.

Deux des trois cadres blanchis ont quitté Renault. Le troisième y est resté et y travaille toujours.

Ce fiasco avait donné une image catastrophique du groupe automobile et entraîné la démission de Patrick Pélata.

Les enquêteurs avaient pointé du doigt l'amateurisme de Renault, qui s'est constitué partie civile. L'avocat de l'entreprise n'a pas souhaité s'exprimer avant le procès.

La présence des anciens salariés à l'audience n'est pas confirmée.

Michel Balthazard en tout cas, ne viendra pas. "Ni le classement sans suite", ni "l'indemnisation", "ni les excuses qui lui ont été adressées par Carlos Ghosn", n'ont "pu atténuer le traumatisme subi à l'époque" par celui qui avait investi "plus de trente ans au service de Renault", expliquent ses avocats, Mes Pierre-Oliver Sur et Mathias Chichportchich, dans une lettre envoyée au tribunal.

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