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Faut-il s’inquiéter pour les petites et moyennes capitalisations ?
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 30/04/2020 à 10:37

(Crédits photo : Adobe Stock - LUMINA IMAGES )

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Les inquiétudes économiques liées au coronavirus ont amené les marchés actions à sanctionner les entreprises qui leur semblaient les moins aptes à traverser la crise et à plébisciter celles qui devraient en ressortir renforcées. Si ce phénomène est vrai sur les grands indices boursiers mondiaux, il l'est d'autant plus sur le compartiment des petites et moyennes capitalisations. La forte volatilité des indices small et mid caps peut offrir de nombreuses opportunités d'investissement, alors est-ce le moment de miser dessus ? Réponse avec plusieurs gérants d'actifs.

Le marché des small et mid caps

Jusqu'au début du mois de mars, les indices small caps avaient un comportement relativement homogène par rapport aux indices large caps. Puis, la décorrélation s'est amplifiée. « A la fin mars, les indices small caps chutent de 32%, quand les indices large caps baissent de seulement de 26% », observe Stéphanie Bobtcheff, gérante spécialiste de ce segment à La Financière de l'Echiquier. Cette sous-performance des petites capitalisations s'explique selon la gérante par leur plus faible liquidité. Une donnée essentielle pour les investisseurs, qu'ils privilégient « dans des environnements où la visibilité est très faible ».

Mais cet affaissement des cours ne fut que passager. Durant le mois d'avril, les petites capitalisations ont repris des couleurs. Le CAC Mid & Small affiche actuellement une performance d'environ -22% depuis le 1er janvier, un décrochage quasi identique à celui du CAC 40. Plusieurs raisons expliquent ce réajustement. D'abord, les petites capitalisations n'ont pas sous-performé lors des journées de fortes baisses, comme le constatent Sébastien Lalevée et Alexia de Roquefeuil, respectivement directeur général et analyste gérante à la Financière Arbevel. D'autre part, beaucoup d'investisseurs sont à la recherche de valeurs liées au Covid-19, susceptibles d'apporter une réponse médicale ou technologique à la crise. Certaines entreprises dans les secteurs de la santé ou des biotechnologies se sont, pour cette raison, considérablement appréciées au cours dernières semaines. A titre d'exemple, la biotech Novacyt, qui vient de signer un contrat avec le gouvernement britannique pour lui fournir son test Covid-19, a vu son cours de bourse s'envoler de près de… 2 800%, depuis le début de l'année, pour une capitalisation qui avoisine désormais 330 millions d'euros.

Cet engouement pour les valeurs liées à la santé[AEA1] s'observe également le CAC MID 60, où seules 5 entreprises affichent une performance positive depuis le 1er janvier. Les deux premières places — avec performance positive de plus de 50% pour chacune d'elle — sont occupées par bioMérieux, expert du diagnostic in vitro, et Sartorius Stedim Biotech, spécialiste des équipements et services pour l'industrie biopharmaceutique.

En revanche, d'autres thématiques ont été fortement pénalisées. Les secteurs de l'industrie, de l'aéronautique et de l'énergie occupent en effet le bas du classement sur les indices boursiers des petites capitalisations tout comme ceux des large caps.

Dans ce contexte, que font les gérants de fonds ?

« Notre rôle de gérant stock-picker sur les petites et moyennes capitalisations (4 milliards d'euros de capitalisation moyenne pour un chiffre d'affaires moyen de 2,4 milliards d'euros) est de profiter de la volatilité », fait savoir Don Fitzgerald, gérant small et mid caps européennes chez DNCA Finance. Mais comment distinguer les gagnants des perdants ? Il faut d'abord « identifier les entreprises de qualité, souvent moins suivies et moins connues des analystes, qui sortiront gagnantes à moyen terme de cette période de fortes turbulences », explique-t-il. Cette « qualité » se caractérise selon lui « par une forte récurrence des bénéfices et un niveau d'endettement peu élevé ».

Afin de faire fructifier ses portefeuilles, Don Fitzgerald a aussi choisi de « renforcer le poids des titres trop sanctionnés par la baisse des marchés ». En parallèle, il a aussi « allégé certaines positions sur les sociétés un peu trop cycliques, un peu moins liquides ou un peu trop endettées ». Enfin, la gestion « a privilégié les sociétés bien positionnées pour tirer parti des changements de comportement des consommateurs » que la crise a induit, et « de l'émergence des nouveaux modèles économiques ».

La Financière Arbevel a, quant à elle, préféré piloter sa gestion de manière plus défensive. Ses analystes expliquent que les portefeuilles ont été mis en position de « crise ». Comment ? En surpondérant des sociétés avec une forte visibilité comme Illiad pour les télécoms, ou Ubisoft pour les jeux vidéo. Les positions sur les valeurs directement impactées par la crise ou dont la reprise demeure incertaine ont été réduites au profit de valeurs de qualité, de croissance ou sur des thématiques chères à la gestion comme la digitalisation, les business de l'abonnement et la cybersécurité.

Les équipes d'ELEVA Capital ont quant à eux, misé sur « les gagnants structurels de la crise » selon leurs propres mots. On y retrouve « des sociétés qui bénéficieront des changements dans notre façon de consommer ou travailler (livraison de kits repas à domicile avec Hellofresh, travail à distance avec Teamviewer ou Avast, communication mobile avec l'opérateur de tours télécoms indépendant Cellnex) ou des sociétés répondant à des besoins essentiels (consommation de protéines avec Viscofan ; assurance domestique avec Homeserve, fabrication des vaccins avec Sartorius Stedim) », détaillent les gérantes Diane Bruno et Marie Guigou.

A La Financière de l'Echiquier, Stéphanie Bobtcheff « a mis en place trois grandes actions dans le portefeuille » de son fonds. Tout d'abord, elle explique avoir travaillé « sur la liquidité du fonds » en sortant « le cash qui était jusqu'à présent investi dans des biais de trésorerie ou dans des OPCVM monétaires », afin de pouvoir le « mobiliser immédiatement ».

Tout comme son homologue de chez DNCA Finance, la gérante a aussi réalisé des arbitrages au sein du portefeuille avec un « allégement des valeurs les plus sensibles à la crise ou trop endettées par rapport à la conjoncture actuelle ». Ces positions ont été par la suite remplacées par « des valeurs plus défensives, solides et résilientes » notamment dans la medtech, la pharmacie et les biens de consommation durables. La gestion d'Agenor Mid Cap Europe a également choisi « au cas par cas » de renforcer « des titres qui avaient beaucoup baissé, alors que la crise actuelle les impactait modérément ». Enfin, « la période a été mise à profit pour travailler sur de très beaux dossiers de croissance », commente Stéphanie Bobtcheff. Elle explique en l'occurrence qu'il s'agit de sociétés qui étaient « trop chères ou trop grosses en taille » pour rentrer dans son univers d'investissement mais sur lesquelles il est désormais « possible de trouver des points d'entrée ».

Quel timing pour investir sur le compartiment des small & mid caps ?

Le compartiment des small et mid caps peut offrir des opportunités particulièrement attrayantes, mais attention : le pari peut s'avérer risqué. Il y a certes « de très nombreux signaux d'achats sur nos modèles de valorisation », décrit Stéphanie Bobtcheff, avant de nuancer « qu'ils ont aujourd'hui peu de valeur car les croissances bénéficiaires vont être massivement révisées ». La visibilité demeure encore faible et « les marchés vont rester très volatils et n'ont pas encore atteint leur point bas », d'après elle. Si Stéphanie Bobtcheff recommande la prudence, elle concède néanmoins que « ce n'est pas nécessairement un mauvais moment pour acheter, pour se renforcer sur certains fonds actions, à condition que l'horizon d'investissement soit suffisamment long ».

D'ailleurs, chercher le point bas à tout prix n'est pas toujours une bonne idée. C'est « un jeu dangereux dont le coût d'opportunité peut être considérable », prévient Saad Benlamine, gérant small caps chez Kirao AM. D'autant que « le potentiel d'appréciation nous semble important pour de nombreuses valeurs », renchérit-il. Pas question de foncer tête baissée pour autant : « il faut faire le tri » car certaines sociétés de l'univers small et mid caps « vont avoir du mal à se relever de cette crise, notamment celles dont les modèles économiques ne sont pas assez solides ou les plus endettées ». In fine, Saad Benlamine préconise de se concentrer sur « des sociétés dont le modèle économique est robuste, capables de se développer et de gagner des parts de marché dans la durée ». Pour lui, une chose est sure : « si la valorisation est raisonnable, le risque sera correctement rémunéré ».

L'optimisme de Saad Benlamine se retrouve également dans la bouche de Sébastien Lalevée et Alexia de Roquefeuil. Les deux gérants de Financière Arbevel estiment que le cycle haussier vers lequel les marchés semblent se diriger actuellement devrait bénéficier aux small et mid caps. D'autant que cette classe d'actifs surperforme dans ce type de période d'après eux. Le tandem anticipe également un changement de paradigme économique une fois la crise terminée, qui devrait favoriser le raccourcissement des chaînes de production et la relocalisation des entreprises, au bénéfice des PME et des petites capitalisations.

Enfin, Don Fitzgerald met l'accent sur l'environnement concurrentiel qui sera « plus favorable » à l'issue de la crise, même s'il concède que « certaines entreprises souffrent à court terme ». Le gérant de DNCA Finance regarde aussi attentivement l'évolution de la crise car « une fois le pic derrière nous, les fusions-acquisitions seront aussi sources de création de valeur », selon lui. Pour ceux qui souhaiteraient faire leur propre « stock-picking », Don Fitzgerald chuchote que « les entreprises gagnantes ont souvent une composante technologique ou digitale dans leur business model ». Et peut-être même médicale au vu des dernières performances du secteur.

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