(AOF) - Le chiffre d'affaires ajusté d' Eramet (en intégrant la contribution proportionnelle de PT Weda Bay Nickel) s'élève à 1,67 milliard d'euros au premier semestre 2024, en baisse de 12%. Il a reculé de 10% à périmètre et change constants, avec un effet change négligeable. Cette baisse reflète principalement un effet prix négatif (-16%) dans un environnement de marché toujours difficile, notamment pour le nickel.
L'effet volume positif reste limité à 5% sur le semestre : la croissance des ventes de manganèse et de sables minéralisés a été en grande partie compensée par le recul des ventes de nickel, en particulier à la SLN.
L'Ebitda du groupe s'élève à 102 millions d'euros en hausse de 10%. L'Ebitda ajusté (y compris la contribution proportionnelle de PT WBN) s'élève à 247 millions d'euros, en baisse de 27% par rapport au premier semestre 2023.
Sa perte nette s'élève à 41 millions d'euros sur le semestre, incluant la quote-part de résultat de PT WBN (98 millions d'euros) ainsi que les pertes liées à la SLN (72 millions d'euros). Au premier semestre 2023, Eramet affichait un bénéfice net de 98 millions d'euros.
Le free cash-flow s'élève à - 521 millions d'euros dont les dividendes reçus de Weda Bay, limités à 35 millions d'euros, en raison du faible niveau de ventes externes de minerai sur le semestre.
"La conjoncture économique reste atone en ce début de second semestre. En Chine, la croissance de 4,7% au deuxième trimestre, inférieure aux prévisions, montre que l'objectif de 5% de croissance pour l'année 2024 sera plus difficile à atteindre que prévu", explique Eramet.
Si la production industrielle et les exports continuent de surprendre à la hausse, le niveau de la consommation des ménages révèle la faiblesse de la demande interne et les marchés du groupe continuent de souffrir de la profonde crise de l'immobilier. Aucune mesure significative de soutien à l'économie n'a par ailleurs été annoncée à date par le gouvernement.
Au deuxième semestre 2024, les prix du fret maritime devraient se stabiliser légèrement au-dessus du premier semestre à des niveaux plus élevés qu'en 2023, sous réserve de l'évolution de la situation en Mer Rouge. Les prix des réducteurs devraient s'inscrire en hausse sur le deuxième semestre 2024 par rapport au premier semestre, bien qu'à des niveaux inférieurs à 2023.
Les fourchettes d'objectifs de croissance de volumes sur l'année, qui intègrent la saisonnalité plus favorable du second semestre, sont révisées à la baisse par rapport à la guidance communiquée précédemment : entre 7,0 et 7,5 Mt de minerai de manganèse transporté au Gabon (contre entre 7,0 et 7,7 Mt) ; entre 40 et 42 Mth de minerai de nickel commercialisé à Weda Bay, dont deux tiers de saprolites haute teneur et un tiers de latérites (contre entre 40 et 50 Mth, y compris 10 Mth de saprolites basse teneur) ; environ 1 kt-LCE de carbonate de lithium produit à Centenario (contre entre 5 et 7 kt-LCE).
Calculé à partir de la fourchette d'objectifs de volume du Groupe, et sur la base indicative des consensus de prix à date, l'Ebitda ajusté se situerait, " à titre illustratif ", entre 1,2 milliard et 1,3 milliard d'euros en 2024, traduisant une performance financière au second semestre " très nettement supérieure " à celle du premier semestre.
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Points clés
- Producteur, créé en 1880, de minerais et métaux d'alliages, leader mondial dans le minerai de manganèse et le ferronickel, 4ème dans le zircon et les matières titanifères;
- Chiffre d’affaires de 5,4 Mds€, recentré sur les mines et métaux - manganèse pour 59 % des ventes, nickel pour 33 %, sables minéraux pour 9 %, le lithium étant en développement ;
- Ventes réalisées en Asie pour 50 % (dont 20 % en Chine), en Europe pour 28 % (dont 6 % pour la France), en Amérique du Sud pour 12 % et en Amérique du nord pour 6 % ;
- Modèle d'affaires fondé sur la valorisation des métaux et minéraux essentiels au développement économique (manganèse, nickel, sables minéralisés) et à la transition énergétique (lithium, sels de nickel/cobalt, recyclage des batteries) ;
- Capital contrôlé de concert à 64,21 % par l’Etat français dont la STCPI (4 %, Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle, détenue par les provinces néo-calédoniennes), Cristel Bories étant PDG du conseil de 18 administrateurs ;
- Bilan assaini avec effet de levier de la dette de 0,7 à fin juin 2023 et ratio sur fonds propres de 33 %.
Enjeux
- Stratégie recentrée après les cessions d’Auber & Duval et d’Eurasteel :
- croître dans les métiers attractifs -minerais de manganèse et sables minéralisés,
- élargir le portefeuille dans les métaux pour la transformation énergétique -sels de nickel et de cobalt et recyclage des piles ion-lithium;
- Stratégie d'innovation portée par le centre IDEAS à Trappes et financée à 1 % des revenus :
- déployée en interne via la Data Factory : pilotage par les business units des mines 4.0 recourant aux data, production additive, robotisation, IoT, intelligence artificielle...
- fondée sur l’open innovation : challenges de jeunes docteurs, concours de start-up, partenariats universitaires et scientifiques;
- Stratégie environnementale de contribution à la neutralité carbone en 2050 :
- réduction de 40 % des émissions de CO2 en 2035 notamment dans la décarbonation de la production métallurgique et la réhabilitation des sites miniers (gestion des résidus),
- économie circulaire et protection des ressources en eau et de la qualité de l’air,
- montée à 40 % en 2030, vs 2019, des emprunts liés au développement durable ;
- Portefeuille de ressources de classe mondiale : manganèse (Moanda au Gabon), nickel et nickel-cobalt (Nouvelle-Calédonie et Weda Bay en Indonésie), sables minéralisés (Sénégal), lithium (Argentine et France) et recyclage des batteries (France).
Défis
- Sensibilité aux risques géopolitique en Nouvelle Calédonie, au Gabon et au Sénégal ;
- Réussite du plan de réduction des coûts et d’optimisation de la production face à un marché dégradé -chute des prix de vente du manganèse et du nickel, inflation du prix des entrants et disruptions logistiques ;
- Avancée des projets :
- transition énergétique : usine pilote en France pour le recyclage des batteries et, pour 2024, lancement de la production de lithium en Argentine et finalisation de l’étude sur le nickel et le cobalt à Sonic Bay,
- élargissement du portefeuille : exploration au Chili des saumures de lithium et, en Indonésie, des limonites de nickel.
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Les multiples enjeux de la criticité environnementale
Elle fait d'abord référence à l'offre et à la disponibilité des différents métaux dans le sous-sol. L'autre élément déterminant est la demande. D'après l'Agence internationale de l'énergie, la consommation de lithium va être multipliée par plus de 40 d'ici à 2040. Le cuivre est aussi le parfait exemple de cette criticité. Selon S&P Global, la consommation de cuivre va doubler d'ici à 2035, passant de 25 millions de tonnes par an à 50 millions de tonnes. Or les investissements dans de nouvelles mines sont pénalisés par la baisse des prix et la hausse des coûts de financement et de production. Des pénuries sont donc à craindre dans dix ou quinze ans. Enfin, l'industrie minière va se heurter à l'opposition croissante des populations à cause de ses impacts (notamment en termes de déchets et de pollution de l'eau).
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