par Patrick Vignal
PARIS, 29 juillet (Reuters) - L'or, qui vient de battre son record absolu, devrait continuer de briller sous un ciel chargé pour les marchés financiers qui lustre son éclat de valeur refuge, dit-on chez Saxo Banque.
Servi tout à la fois par le repli du dollar, des taux réels négatifs et des perspectives économiques incertaines, le cours "spot" du métal précieux XAU= a touché mardi un plus haut historique à 1.980,5662 dollars l'once pour porter sa progression à 27% depuis le début de l'année avant de reculer parallèlement à un rebond du billet vert.
"Le potentiel paraît intact jusqu'à 2.000 dollars", dit à Reuters Andrea Tueni, responsable de la relation client chez Saxo Banque. "C'est un niveau qui est clairement jouable. Le cours 'spot' pourrait atteindre ce niveau d'ici à la fin de l'année, voire le dépasser."
Le repli du dollar, qui restait sur une longue séquence de baisse l'ayant conduit vers un creux de deux ans face à un panier de devises de référence .DXY , est l'un des principaux facteurs de soutien dont a bénéficié l'or mais pas le seul, explique Andrea Tueni.
"La faiblesse du dollar est un des catalyseurs puisque l'on sait qu'il y a une corrélation inverse entre le dollar et l'or mais il y un contexte global qui explique que l'on ait grimpé petit à petit", dit-il.
"Les taux sont très faibles aux Etats-Unis, avec des taux réels négatifs, et rien n'indique que cette situation va changer", ajoute-t-il. "Il y aussi le thème de l'or comme valeur refuge qui profite des incertitudes sur la trajectoire de l'épidémie et de la crainte d'une deuxième vague, aux Etats-Unis notamment mais aussi en Europe."
Les achats massifs d'obligations de la part des grandes banques centrales, Réserve fédérale en tête, ont joué un rôle dans la flambée de l'or en faisant monter les prix et donc baisser les rendements des emprunts d'Etat, traditionnellement prisés dans les périodes de turbulences, prolonge Andrea Tueni.
LES ETF POURRAIENT AGIR COMME UN FREIN
"Il n'y a pas de rendement sur l'or, ce qui fait que lorsque les rendements sont élevés, on préfère se diriger vers un autre actif refuge comme par exemple les emprunts d'Etat américains. Mais quand les emprunts d'Etat ne rapportent rien, autant aller sur l'or", explique-t-il.
Les banques centrales, notamment celles des pays émergents, achètent aussi de l'or mais elles ne sont pas les seules, prolonge l'expert de Saxo Banque.
Les fournisseurs de fonds indiciels cotés (ETF) se sont en effet précipités à l'achat sur des ETF adossés à l'or lorsque son cours est tombé à 500 dollars l'once en 2007.
Après avoir contribué à faire grimper les cours, la gestion indicielle pourrait freiner leur progression avec des prises de profits sur les ETF pouvant entraînant un phénomène de consolidation, poursuit Andrea Tueni.
"Il y encore une possibilité de progresser", croit-il cependant. "Dès que l'on atteint des sommets, il est très difficile de les dépasser mais si le contexte économique reste compliqué, ce qui est notre scénario, il n'y a pas de raison d'avoir de grosse correction sur l'or, même si cela peut créer des mouvements un peu plus volatils sur le court terme."
L'envol de l'or peut surprendre à un moment où les actifs risqués viennent d'effectuer un rebond sectaculaire et attirent toujours les investisseurs, même s'il paraissent montrer quelques signes d'essoufflement.
"On peut très bien avoir des indices boursiers qui progressent grâce à des injections massives de liquidité et, parallèlement, un contexte qui favorise l'or comme instrument de diversification avec des taux bas, un dollar faible et des craintes pour l'économie", explique Andrea Tueni.
"L'or nous rappelle aujourd'hui qu'il y a une défiance des investisseurs, même si l'on essaye de chercher du rendement sur les marchés actions et de les tirer vers le haut."
(édité par Blandine Hénault)
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