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ENCADRÉ-Réactions d'analystes et stratèges à la victoire de Donald Trump (actualisé)
information fournie par Reuters 06/11/2024 à 16:31

(Ajoute les analyses de Neuberger Berman, Axa IM, Oddo BHF AM, Vontobel, abrdn, Barclays, Goldman Sachs, ING, Scope Ratings, Deutsche Bank)

Les marchés mondiaux progressaient mercredi après que le républicain Donald Trump a remporté la victoire dans la course à la Maison blanche, avec une large avance sur sa rivale démocrate Kamala Harris.

À 15h07 GMT, le Dow Jones .DJI progressait de 2,99%, contre {.SPX;PCTCHNG}% pour le Standard & Poor's 500 .SPX , et 1,72% pour le Nasdaq Composite .IXIC .

Le rendement du Treasury à dix ans US10YT=RR prend 16,9 pb à 4,4571%, tandis que le rendement du titre à deux ans

US2YT=RR progresse de 8,2 pb à 4,2846%.

SVEN JARI STEHN, CHEF ECONOMISTE POUR L'EUROPE CHEZ GOLDMAN SACHS

"Nous nous attendons à ce que le programme politique du président Trump affecte les perspectives économiques européennes via plusieurs canaux. Tout d'abord, et c'est le facteur le plus important, le regain de tensions commerciales est susceptible de peser sur la croissance".

"Ensuite, la réélection de Trump entraînera probablement une hausse des dépenses de défense en Europe. Le soutien à la croissance qui en résulterait, cependant, devrait être limité par un effet multiplicateur modeste pour les dépenses militaires, une pression à la hausse sur les rendements à long terme due à des déficits plus élevés et des effets négatifs sur la confiance dus à un risque géopolitique élevé. Troisièmement, nous nous attendons à de faibles retombées de l'évolution de la politique macroéconomique américaine et des conditions financières aux États-Unis".

"Dans l'ensemble, notre analyse suggère un impact de 0,5 points de pourcentage (pp) sur le PIB réel de la zone euro".

"Nous prévoyons que l'essentiel de l'impact sur la croissance se matérialisera entre le premier et le quatrième trimestre de l'année 2025".

EMMANUEL CAU, RESPONSABLE DE LA STRATEGIE ACTIONS EUROPEENNES CHEZ BARCLAYS

"Les inquiétudes autour des tarifs douaniers pourraient continuer à peser sur l'Europe, mais nous notons que toute décision effective sur les tarifs douaniers nécessitera probablement que le nouveau gouvernement et les secrétaires de cabinet prêtent serment, ce qui pourrait prendre jusqu'à 6 mois. Il ne s'agit donc pas d'un risque immédiat".

"En outre, nous notons qu'après les deux dernières élections de 2016 et 2020, les actions européennes ainsi que les petites capitalisations américaines ont d'abord surperformé, dans le cadre d'un mouvement plus large d'appétit pour le risque et de paris sur une reflation de l'économie".

GEORGES SARAVELOS, RESPONSABLE DE LA RECHERCHE CHANGES CHEZ DEUTSCHE BANK

"La réaction des cours et l'utilisation des corrélations historiques pour l'avenir doivent être considérées avec prudence. Le résultat des élections américaines est, selon nous, de nature historique ; il a la capacité de changer le régime des marchés et de faire disparaître des corrélations en raison de chocs idiosyncratiques et divergents entre les États-Unis et le reste du monde. Dit autrement, il est tout à fait possible qu'un marché monte (les États-Unis) et qu'un autre baisse (le reste du monde), même si cela ne s'est jamais produit auparavant dans l'Histoire".

"Le choix de politiques budgétaires et monétaires n'est pas intégré dans les prix. Selon nous, le marché reflète actuellement un 'policy mix' très modéré en termes d'ampleur de l'assouplissement budgétaire et de droits de douane".

REBEKAH MCMILLAN, GÉRANTE CHEZ NEUBERGER BERMAN

"Les grands changements politiques prendront plusieurs mois à être mis en place, il convient donc d’éviter toute réaction précipitée, alors que les marchés chercheront à se repositionner suite aux résultats des jours à venir".

"'L'exceptionnalisme américain' reste intact, voire renforcé, vis-à-vis du reste du monde. Nous pensons que le marché des actions américaines devrait continuer à se diversifier au-delà des méga-capitalisations du secteur technologique".

"En matière de politique budgétaire et de viabilité de la dette, nous pensons que les obligations pourraient être confrontées à de nouvelles difficultés".

JAMES KNIGHLTEY, CHEF ECONOMISTE US CHEZ ING

"La victoire de Donald Trump garantira des impôts plus faibles qui devraient soutenir le sentiment et les dépenses à court terme. Toutefois, les droits de douane, le contrôle de l'immigration et les coûts d'emprunt plus élevés pèseront de plus en plus au court de son mandat présidentiel".

"Une nouvelle guerre commerciale pourrait faire passer l'économie de la zone euro d'une croissance atone à une véritable récession".

"En outre, l'incertitude quant à la position de Trump sur l'Ukraine et l'Otan pourrait saper les indicateurs de confiance économique récemment stabilisés dans l'ensemble de la zone euro".

BOUTAINA DEIXONNE, RESPONSABLE DU CREDIT EURO INVESTMENT GRADE ET HAUT RENDEMENT CHEZ AXA IM

"Dans les prochains mois, si le marché du Trésor américain continue de pâtir de la menace d'une inflation plus élevée, les investisseurs mondiaux pourraient se tourner davantage vers le marché des obligations souveraines européennes pour éviter la volatilité des bons du Trésor américain. Particulièrement si l'environnement économique en Europe est moins favorable et que la BCE est plus réactive".

MAXIME DUPUIS, CO-DIRECTEUR DE L’INVESTISSEMENT CHEZ ODDO BHF AM

"La dynamique récente des différents actifs (hausse coïncidente des actions américaines, du dollar et des taux, couplée à un retard des actions du reste du monde) suggère que les investisseurs avaient déjà intégré la forte probabilité d'une victoire républicaine au Congrès".

"Des ajustements de prix vont se produire dans les prochaines heures (...) L'impact à long terme sur les différentes classes d'actifs est purement théorique, car le calendrier et l'enchaînement des mesures politiques sera déterminant pour la trajectoire des actifs".

DENNIS SHEN, DIRECTEUR CHEZ SCOPE RATINGS

"Les résultats de l'élection pose un risque sur la notation souveraine des États-Unis. Même si les républicains obtiennent une majorité simple dans les deux chambres du Congrès, il est probable qu'il y aura des débats début 2025 pour relever ou suspendre le plafond de la dette, car les républicains n'ont pas de majorité suffisante au Sénat, ce alors que Donald Trump prévoit des dépenses fédérales supplémentaires et des réductions d'impôts".

"Le programme budgétaire expansionniste de Trump, qui devrait ajouter entre 4.100 et 5.800 milliards de dollars au déficit budgétaire au cours des dix prochaines années, affaiblira encore les indicateurs budgétaires. La mise en œuvre de politiques plus protectionnistes et anti-immigration laisse présager de freins à la croissance économique à plus long terme, et probablement d'une inflation plus élevée".

STEFAN EPPENBERGER, RESPONSABLE DE LA STRATÉGIE CHEZ VONTOBEL

"La réaction du marché à la suite de la victoire de Trump a été conforme aux attentes : largement positive, mais avec moins de volatilité qu'en 2016, car cette fois-ci, elle a été anticipée".

"La présidence de Trump devrait stimuler la croissance par l’expansion de la politique budgétaire et la déréglementation, ce qui pourrait favoriser les actions par rapport aux obligations. Cependant, une croissance excessive comporte des risques, conduisant potentiellement à une hausse des taux d'intérêt, ce qui pourrait finalement peser à la fois sur l'économie et les marchés boursiers".

LUKE BARTHOLOMEW, ÉCONOMISTE EN CHEF ADJOINT CHEZ ABRDN

"Le marché mise sur les aspects de relance des politiques de Trump, avec la perspective de baisses d’impôts (et l’évitement de certaines mesures du programme de Harris) qui renforce le goût pour le risque".

"Cependant, au fur et à mesure que les différentes priorités de son programme se préciseront, cette réaction pourrait évoluer, notamment en cas de hausse des tarifs douaniers et avec l'ampleur de la relance budgétaire dans une économie déjà proche du plein emploi".

GREG HIRT, RESPONSABLE DES INVESTISSEMENTS MULTI ACTIFS CHEZ ALLIANZ GI

"Déjà soutenus ces derniers mois par la maîtrise de l'inflation et la probabilité croissante d'un atterrissage en douceur de l'économie américaine, les marchés voudront voir une issue rapide aux élections. Le S&P 500 progresse généralement lorsque les risques liés aux élections américaines disparaissent en l'absence de récession - et nous prévoyons une tendance similaire cette fois-ci".

"Les prix de l'or ont encore de beaux jours devant eux, soutenus par les achats massifs des particuliers et la demande des banques centrales des marchés émergents dans un contexte de risque géopolitique élevé. Une augmentation des droits de douane - augmentant le risque d'une guerre commerciale - pourrait également soutenir l'or".

KENNETH BROUX, RESPONSABLE DE LA RECHERCHE CORPORATE CHEZ SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CIB

"Une victoire nette des Républicains dans les deux chambres renforcerait la probabilité de réductions d'impôts, stimulerait l'optimisme autour de la croissance et raviverait les inquiétudes quant à l'inflation. Cela remet en question la voie à suivre pour la Fed. Moins de baisses de taux implique des rendements obligataires plus élevés et un dollar plus fort".

"Pour l'Europe, les tarifs douaniers pourraient accélérer les réductions de taux de la BCE pour soutenir la croissance".

SAMY CHAAR, CHEF ÉCONOMISTE DE LA BANQUE LOMBARD ODIER

"Si les Républicains remportent les deux chambres du Congrès et la Maison Blanche, nous nous attendons à une économie américaine plus dynamique, avec une croissance supérieure à son potentiel et une inflation supérieure à l'objectif de la Réserve fédérale. Les taux d'intérêt devraient alors être plus élevés qu'attendu avant l'élection".

"Les fondamentaux macroéconomiques encouragent toujours les investissements. Le crédit à haut rendement et l'or devraient afficher de bonnes performances. Les actions mondiales, y compris américaines, ont également un potentiel de hausse au cours des 12 prochains mois, car les bénéfices augmentent et les marges restent élevées".

"Sur le marché américain, les secteurs de la finance, de la technologie et de la défense devraient enregistrer de bonnes performances sous l'administration Trump".

RAPHAEL GALLARDO, CHEF ÉCONOMISTE DE CARMIGNAC

"Après huit années de surperformances cyclique et boursière, la frustration tenace des électeurs vis-à-vis de leur situation financière a engagé la campagne électorale sur la voie du populisme économique".

"La future administration du président nouvellement élu Trump héritera donc d’une économie plus fragile que ne le laissent supposer ses performances récentes, et l’irruption du populisme au centre du discours politique pourrait, en cas de gouvernement unifié, forcer les marchés à reconsidérer les perspectives de long terme de l’économie américaine, quitte à surréagir d’emblée afin de forcer les gouvernants à la tempérance".

THOMAS HEMPELL, RESPONSABLE DE LA MACRO ET DE LA RECHERCHE MARCHÉS CHEZ GENERALI ASSET MANAGEMENT

"L'incertitude politique a disparu pour l'instant (pas de recomptage, pas de troubles sociaux, pas de décision politique majeure avant janvier), ce qui pourrait soutenir l'habituel rallye de soulagement des actifs à risque après l'élection".

"En cas de victoire de Trump, le plan de relance chinois pourrait également s'avérer plus important, ce qui donnerait un coup de pouce à la croissance mondiale et compenserait en partie le choc négatif sur l'offre attendu de l'augmentation des droits de douane".

STEPHEN DOVER, DIRECTEUR DU FRANKLIN TEMPLETON INSTITUTE

"Les plus grands gagnants seront les secteurs et les industries profitant d'un environnement réglementaire plus favorable aux entreprises, notamment les sociétés d'énergie fossile, les services financiers et les sociétés à plus petite capitalisation. Les craintes d'un plafonnement des prix des médicaments sur ordonnance s'estomperont, ce qui favorisera le secteur pharmaceutique".

"Le marché obligataire, en revanche, se replie fortement, les investisseurs obligataires réagissent à la probabilité que les réductions d'impôts ne s'accompagnent pas d'une limitation significative des dépenses".

"Le dollar américain progresse sur les marchés des changes, stimulé par la combinaison de rendements obligataires américains plus élevés et de l'anticipation d'un afflux important de capitaux sur les marchés cotés et non cotés américains".

OLIVER BLACKBOURN, GÉRANT MULTI-ACTIFS CHEZ JANUS HENDERSON

"Les marchés devraient maintenant commencer à réfléchir à la manière dont la rhétorique (de Donald Trump) se traduira politiquement, et chaque déclaration au cours des prochains mois sera examinée afin d'en tirer des indices".

"Il est probable que l'économie américaine continuera de dépendre de la stimulation budgétaire. L'impact de cette situation sur la Réserve fédérale pourrait prendre un certain temps avant d'être clair, car la Fed sera réticente à prendre en compte quoi que ce soit tant que les mesures politiques demeureront incertaines".

CHRISTOPHER DEMBIK, CONSEILLER EN STRATÉGIE D’INVESTISSEMENT CHEZ PICTET AM

"La géopolitique pourrait revenir sur le devant de la scène rapidement. La période de transition aux États-Unis, pendant laquelle le sortant est un 'lame duck' (canard boiteux du fait de son incapacité à être vraiment opérationnel) pourrait inciter des États en froid avec les États-Unis à agir préventivement avant que Trump n’entre en fonction".

"Le risque de short squeeze (vendeurs bloqués dans un marché haussier) sur le marché pétrolier n’est pas à négliger. L’or, l’argent, le dollar et les stratégies long short sur les marchés des actions pourraient être les principaux bénéficiaires de la période qui commence".

JOHN PLASSARD, DIRECTEUR CHEZ MIRABAUD

"Le deuxième mandat de Trump pourrait influencer significativement le sentiment des investisseurs. On estime que l'élection de Donald Trump pourrait avoir un impact légèrement positif sur la croissance économique à court terme, mais cet effet pourrait être rapidement annulé par une inflation importée et des tensions sur la politique monétaire".

"L'industrie automobile européenne serait particulièrement vulnérable à une potentielle guerre commerciale avec les États-Unis, à cause des droits de douane".

"De plus, le secteur du luxe et les entreprises européennes de haute technologie pourraient également souffrir des représailles commerciales américaines".

XAVIER CHAPARD, STRATÉGISTE CHEZ LBPAM

"Les paris liés à Trump pourraient continuer de bien performer dans les prochains jours, surtout si la vague rouge se confirme, même s’ils intègrent déjà en grande partie l’élection. Cela dit, il faudra être plus prudent en cas d’exagération de la hausse des taux longs ou de la hausse des actions américaines dans les prochaines semaines, car les politiques économiques de la prochaine administration sont peu précises et prendront du temps à être mise en œuvre".

ALEXANDRE BARADEZ, RESPONSABLE DE L’ANALYSE MARCHÉS CHEZ IG FRANCE

"Le 'Trump Trade' s’était un peu dégonflé les jours précédant l’élection mais a fait pleinement son retour ces dernières heures".

"Un 'sell the news' n’est pas impossible dans les jours qui viennent, un phénomène assez fréquent sur les marchés lorsqu’un évènement a déjà été travaillé en amont par les opérateurs de marché".

"La question de l’attitude de la Réserve Fédérale se pose alors que la décision est attendue demain soir. Une baisse de taux supplémentaire de 0,25% est anticipée par les marchés mais les déclarations de Jerome Powell seront scrutées avec attention car si Donald Trump, appuyé par le Congrès, poursuit une politique budgétaire expansionniste comme celle de son prédécesseur, le risque que l’inflation tarde à revenir vers les 2% est bien réel, voire que l’inflation rebondisse".

JOHN HARDY, STRATEGISTE MACRO EN CHEF CHEZ SAXO BANQUE

"L'Europe enregistre une forte hausse, avec un CAC 40 en progression de +2% à l'ouverture, malgré des premières réactions prudentes. Les marchés anticipent désormais une politique monétaire plus accommodante de la BCE, avec l’espoir d’une baisse de taux potentiellement plus agressive".

"Cette divergence par rapport à la Fed, où les investisseurs réduisent leurs prévisions de baisse de taux en raison de la politique inflationniste que Trump pourrait instaurer, profite pour l'instant aux marchés européens. Cependant, cette dynamique pourrait rapidement être freinée, car l'instauration de tarifs douaniers visant l'Europe pourrait peser".

GORDON SHANNON, GÉRANT DE PORTEFEUILLE CHEZ TWENTYFOUR ASSET MANAGEMENT

"Jusqu'à présent, les marchés suivent le même scénario de 2016 lors la victoire de Trump - les actions se redressent tandis que les obligations à long terme du Trésor américain sont liquidées en prévision d'une expansion budgétaire. Nous pensons que l'attention va se porter sur les conséquences inflationnistes des tarifs douaniers et de la réduction de l'immigration".

"La Fed s'est abstenue de tout commentaire jusqu'à présent afin de garder une position neutre et protéger son indépendance, mais sa réaction à ces politiques sera déterminante pour l'évolution des prix des actifs".

(Compilé par Corentin Chappron, édité par Kate Entringer et Sophie Louet)

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