(AOF) - Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé, dimanche 27 juillet, la conclusion d’un accord commercial global entre les États-Unis et l’Union européenne (UE), visant à éviter une escalade tarifaire qui menaçait depuis plusieurs mois les échanges entre les deux blocs", introduit Edmond de Rotshchild AM.
Le compromis, présenté comme un “succès historique” par Donald Trump, impose néanmoins un droit de douane uniforme de 15 % sur la majorité des exportations européennes vers les États-Unis, incluant des secteurs clés tels que l'automobile, les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs. En contrepartie, l'UE s'engage à acheter pour des centaines de milliards de dollars de biens américains, notamment dans les domaines de l'énergie et de l'armement.
En apparence, l'accord évite le pire. Washington menaçait en effet d'imposer, dès le 1er août, des surtaxes pouvant atteindre 30 % sur une large gamme de produits européens. Le seuil retenu, 15 %, représente donc un compromis entre l'agressivité tarifaire de la Maison Blanche et les efforts de désescalade de Bruxelles. Mais cet apparent soulagement masque un déséquilibre assumé.
Les industries européennes, notamment allemandes, redoutent un impact durable sur leur compétitivité. Un tarif de 15 % sur les exportations automobiles est un coup dur selon le Fédération de l'industrie allemande. Jusqu'ici, les voitures européennes importées étaient soumises à un droit de 27,5 %, mais nombre d'industries espéraient un retour progressif à des niveaux pré-Trump — autour de 2,5% (selon Bloomberg). Elles n'auront rien de tel.
Pire. Les tarifs de 50 % sur l'acier et l'aluminium européens, mis en place en 2023, sont maintenus sans aménagement, alors même que plusieurs groupes espéraient l'établissement d'un quota à faible taxation. Enfin, des doutes persistent autour des droits de douane sectoriels sur l'industrie pharmaceutique et les semiconducteurs, U. Von der Leyen s'étant montrée confiante sur leur inclusion dans l'accord sans pour autant que Washington le confirme. Ces derniers resteraient ainsi " sous investigation " et pourraient être soumis à des tarifs plus élevés qui accentueraient la hausse du taux moyen compte tenu de leur poids important dans les exportations vers les US.
D'un point de vue économique, l'impact de l'accord devrait amputer la croissance européenne de près de -0,4% du fait d'un affaiblissement de la demande extérieure et d'un effet incertitude qui mettra du temps à se dissiper. Cette estimation pourrait être sensiblement revue à la hausse en cas de mise en place de tarifs plus importants sur l'industrie pharmaceutique.
En revanche, compte tenu de l'absence de riposte européenne, l'impact devrait être négatif sur l'inflation de l'ordre de -0,1%, ce qui constitue un élément très rassurant pour la BCE et devrait la conduire à abandonner son ton particulièrement hawkish ces dernières semaines.
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