* Près de 200 projets d'analyse manuelle de contenus * Des milliers de personnes impliquées dans le programme * Wipro a commencé à travailler sur ce projet en avril 2018 * Le programme pourrait enfreindre le RGPD - avocats par Munsif Vengattil et Paresh Dave HYDERABAD, Inde/SAN FRANCISCO, 6 mai (Reuters) - Facebook FB.O utilise depuis l'an dernier les services d'une société indienne, Wipro WIPRO.NS , pour éplucher manuellement des millions de photos, de statuts et autres contenus publiés depuis 2014 sur sa plate-forme, une pratique qui soulève de nouvelles interrogations en matière de respect de la vie privée. Le personnel de Wipro classe les publications des utilisateurs en cinq catégories afin de déterminer par exemple le sujet (selfie ou animal), le contexte (activité quotidienne ou événement majeur) ou l'intention de l'auteur (planifier un événement, inspirer les autres, faire rire). Selon Facebook, ce programme, jusqu'ici jamais divulgué, vise à comprendre l'évolution des contenus publiés par les utilisateurs sur son service. Mais il pourrait aussi permettre au premier réseau social au monde de développer de nouvelles fonctionnalités, augmentant ainsi potentiellement l'usage de son service et les revenus publicitaires associés. Les détails du programme ont été fournis durant plusieurs mois par plusieurs employés de la société indienne sous condition d'anonymat. Facebook a par la suite confirmé de nombreux détails du projet. Wipro pour sa part s'est refusé à tout commentaire. Le travail effectué par Wipro fait partie des quelque 200 projets d'analyse de contenu lancés par Facebook, qui emploie des milliers de personnes dans le monde à cet effet, ont déclaré à Reuters des responsables du groupe américain. Ces projets ont notamment pour but de "former" le logiciel qui détermine ce qui apparaît dans le fil d'actualité de l'utilisateur et d'alimenter d'autres fonctions liées à l'intelligence artificielle, a ajouté le groupe. "C'est une partie intégrante de ce dont on a besoin", a déclaré Nipun Mathur, directeur produits pour l'intelligence artificielle chez Facebook. "Je ne vois pas comment on pourrait s'en passer." PROBLÈMES DE CONFIDENTIALITÉ Mais selon des experts juridiques consultés par Reuters, ce programme pourrait poser de nouvelles interrogations en matière de respect de la vie privée. Facebook fait déjà l'objet de multiples enquêtes dans le monde entier en raison de problèmes liés à la confidentialité et à la protection des données de ses utilisateurs. Les salariés de Wipro disent avoir pu observer la vie des utilisateurs de Facebook en visualisant leurs photos de vacances ou encore leurs souvenirs de proches décédés. Facebook a lui-même reconnu que certaines publications, notamment les captures d'écran et celles accompagnées de commentaires, peuvent inclure des noms d'utilisateurs. Le groupe américain a cependant ajouté qu'il avait récemment mis en place un système d'audit "pour s'assurer que les attentes en matière de confidentialité soient respectées et que les paramètres en place fonctionnent comme prévu". Un ancien responsable de Facebook chargé de la protection des données personnelles a exprimé son malaise face à la possibilité que les messages des utilisateurs soient examinés sans leur permission explicite. En Europe, le Règlement général sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur l'an dernier, impose des règles strictes sur la collecte et l'utilisation des données personnelles et requiert dans de nombreux cas un consentement formel de l'utilisateur. "L'un des éléments clés du RGPD concerne les restrictions sur le but", a déclaré John Kennedy, associé au cabinet d'avocats Wiggin and Dana. Si l'objectif est d'analyser les publications pour améliorer la précision des services, cela devrait être indiqué explicitement, a-t-il ajouté. Le recours à un prestataire externe pour ce travail pourrait également nécessiter un consentement, a-t-il ajouté. Une porte-parole de Facebook a déclaré: "Nous expliquons clairement dans notre politique relative aux données que nous utilisons les informations fournies pour améliorer l'expérience des utilisateurs et que nous pourrions travailler avec des fournisseurs de services pour contribuer à ce processus." Mark Warner, sénateur américain démocrate très critique à l'égard des réseaux sociaux, a déclaré à Reuters travailler sur un texte qui obligerait Facebook à "divulguer la valeur des données des utilisateurs et indiquer précisément à ces derniers comment leurs données sont monétisées". MESSAGES PRIVÉS Facebook a lancé le projet Wipro en avril 2018. Le groupe indien a signé un contrat de quatre millions de dollars et formé une équipe d'environ 260 personnes, selon les témoignages des employés consultés par Reuters. L'an dernier, le travail a consisté à analyser les publications des cinq années précédentes. Après cette mission, les effectifs de l'équipe ont été ramenés à environ 30 personnes en décembre et le travail devrait durer au moins jusqu'à la fin de 2019, ont-ils déclaré. Les données analysées par Wipro incluent les messages publics mais également ceux partagés en privé avec un nombre limité d'amis. Cela permet de s'assurer que l'échantillon est conforme à l'éventail des activités sur Facebook et Instagram, se défend Karen Courington, directrice produit de Facebook. Les conditions d'utilisation de Facebook ne mentionnent pas explicitement l'analyse manuelle de données. Le RGPD requiert également que les entreprises suppriment les données des utilisateurs en cas de demande. Facebook dit disposer de la technologie pour s'y conformer. (Munsif Vengattil à Hyderabad et Paresh Dave à San Francisco; avec Douglas Busvine à Francfort Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)
Un nouveau programme de Facebook pose des questions de confidentialité
information fournie par Reuters 06/05/2019 à 13:43
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