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Un nouveau programme de Facebook pose des questions de confidentialité
information fournie par Reuters 06/05/2019 à 13:43

    * Près de 200 projets d'analyse manuelle de contenus
    * Des milliers de personnes impliquées dans le programme
    * Wipro a commencé à travailler sur ce projet en avril 2018
    * Le programme pourrait enfreindre le RGPD - avocats

    par Munsif Vengattil et Paresh Dave
    HYDERABAD, Inde/SAN FRANCISCO, 6 mai (Reuters) - Facebook
 FB.O  utilise depuis l'an dernier les services d'une société
indienne, Wipro  WIPRO.NS , pour éplucher manuellement des
millions de photos, de statuts et autres contenus publiés depuis
2014 sur sa plate-forme, une pratique qui soulève de nouvelles
interrogations en matière de respect de la vie privée.
    Le personnel de Wipro classe les publications des
utilisateurs en cinq catégories afin de déterminer par exemple
le sujet (selfie ou animal), le contexte (activité quotidienne
ou événement majeur) ou l'intention de l'auteur (planifier un
événement, inspirer les autres, faire rire). 
    Selon Facebook, ce programme, jusqu'ici jamais divulgué,
vise à comprendre l'évolution des contenus publiés par les
utilisateurs sur son service. Mais il pourrait aussi permettre
au premier réseau social au monde de développer de nouvelles
fonctionnalités, augmentant ainsi potentiellement l'usage de son
service et les revenus publicitaires associés.
    Les détails du programme ont été fournis durant plusieurs
mois par plusieurs employés de la société indienne sous
condition d'anonymat.
    Facebook a par la suite confirmé de nombreux détails du
projet. Wipro pour sa part s'est refusé à tout commentaire.  
    Le travail effectué par Wipro fait partie des quelque 200
projets d'analyse de contenu lancés par Facebook, qui emploie
des milliers de personnes dans le monde à cet effet, ont déclaré
à Reuters des responsables du groupe américain. 
    Ces projets ont notamment pour but de "former" le logiciel
qui détermine ce qui apparaît dans le fil d'actualité de
l'utilisateur et d'alimenter d'autres fonctions liées à
l'intelligence artificielle, a ajouté le groupe. 
    "C'est une partie intégrante de ce dont on a besoin", a
déclaré Nipun Mathur, directeur produits pour l'intelligence
artificielle chez Facebook. "Je ne vois pas comment on pourrait
s'en passer."
    
    PROBLÈMES DE CONFIDENTIALITÉ
    Mais selon des experts juridiques consultés par Reuters, ce
programme pourrait poser de nouvelles interrogations en matière
de respect de la vie privée.
    Facebook fait déjà l'objet de multiples enquêtes dans le
monde entier en raison de problèmes liés à la confidentialité et
à la protection des données de ses utilisateurs.
    Les salariés de Wipro disent avoir pu observer la vie des
utilisateurs de Facebook en visualisant leurs photos de vacances
ou encore leurs souvenirs de proches décédés. Facebook a
lui-même reconnu que certaines publications, notamment les
captures d'écran et celles accompagnées de commentaires, peuvent
inclure des noms d'utilisateurs.
    Le groupe américain a cependant ajouté qu'il avait récemment
mis en place un système d'audit "pour s'assurer que les attentes
en matière de confidentialité soient respectées et que les
paramètres en place fonctionnent comme prévu".
    Un ancien responsable de Facebook chargé de la protection
des données personnelles a exprimé son malaise face à la
possibilité que les messages des utilisateurs soient examinés
sans leur permission explicite. 
    En Europe, le Règlement général sur la protection des
données (RGPD), entré en vigueur l'an dernier, impose des règles
strictes sur la collecte et l'utilisation des données
personnelles et requiert dans de nombreux cas un consentement
formel de l'utilisateur.
    "L'un des éléments clés du RGPD concerne les restrictions
sur le but", a déclaré John Kennedy, associé au cabinet
d'avocats Wiggin and Dana. 
    Si l'objectif est d'analyser les publications pour améliorer
la précision des services, cela devrait être indiqué
explicitement, a-t-il ajouté. Le recours à un prestataire
externe pour ce travail pourrait également nécessiter un
consentement, a-t-il ajouté.
    Une porte-parole de Facebook a déclaré: "Nous expliquons
clairement dans notre politique relative aux données que nous
utilisons les informations fournies pour améliorer l'expérience
des utilisateurs et que nous pourrions travailler avec des
fournisseurs de services pour contribuer à ce processus."
    Mark Warner, sénateur américain démocrate très critique à
l'égard des réseaux sociaux, a déclaré à Reuters travailler sur
un texte qui obligerait Facebook à "divulguer la valeur des
données des utilisateurs et indiquer précisément à ces derniers
comment leurs données sont monétisées".
    
    MESSAGES PRIVÉS
    Facebook a lancé le projet Wipro en avril 2018. Le groupe
indien a signé un contrat de quatre millions de dollars et formé
une équipe d'environ 260 personnes, selon les témoignages des
employés consultés par Reuters. L'an dernier, le travail a
consisté à analyser les publications des cinq années
précédentes. 
    Après cette mission, les effectifs de l'équipe ont été
ramenés à environ 30 personnes en décembre et le travail devrait
durer au moins jusqu'à la fin de 2019, ont-ils déclaré.
    Les données analysées par Wipro incluent les messages
publics mais également ceux partagés en privé avec un nombre
limité d'amis. Cela permet de s'assurer que l'échantillon est
conforme à l'éventail des activités sur Facebook et Instagram,
se défend Karen Courington, directrice produit de Facebook.
    Les conditions d'utilisation de Facebook ne mentionnent pas
explicitement l'analyse manuelle de données.
    Le RGPD requiert également que les entreprises suppriment
les données des utilisateurs en cas de demande. Facebook dit
disposer de la technologie pour s'y conformer. 

 (Munsif Vengattil à Hyderabad et Paresh Dave à San Francisco;
avec Douglas Busvine à Francfort
Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand
Boucey)
 

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