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ECLAIRAGE-Pourquoi l'Allemagne veut une fusion pour renforcer Deutsche Bank
information fournie par Reuters 13/03/2019 à 18:01

    par Tom Sims et John O'Donnell
    FRANCFORT, 13 mars (Reuters) - Le gouvernement allemand,
préoccupé par la santé financière de Deutsche Bank  DBKGn.DE , a
fait pression sur la première banque d'Allemagne pour qu'elle
discute fusion avec la deuxième, Commerzbank  CBKG.DE , selon
des responsables proches du dossier. 

    POURQUOI LE GOUVERNEMENT ALLEMAND S'INQUIÈTE-T-IL POUR
DEUTSCHE BANK ?
    Deutsche Bank est sortie indemne de la crise financière de
2008 mais a ensuite perdu pied. En 2016, le Fonds monétaire
international l'a qualifiée de plus grand risque financier
potentiel en raison de ses liens avec les autres groupes
bancaires.
    Les autorités allemandes craignent qu'une récession ou une
grosse amende, par exemple, ne compromette le fragile
rétablissement de la banque. Berlin veut un champion bancaire
national fiable pour soutenir son économie axée sur les
exportations. 
    Deutsche et d'autres banques européennes ont mis plus de
temps que d'autres à se remettre de la crise financière, perdant
du terrain face à des rivaux plus puissants basés aux
Etats-Unis.
    Selon des sources parlementaires mercredi, le ministre des
Finances Olaf Scholz a minimisé le rôle du gouvernement dans ce
dossier lors d'une réunion à huis clos de la commission du
budget du Bundestag. Il a aussi dit qu'il ne pouvait pas
confirmer que des négociations étaient en cours ou avaient eu
lieu entre Deutsche et Commerzbank.
    
    POURQUOI COMMERZBANK ?
    A part Deutsche Bank, Commerzbank est la seule grande banque
d'Allemagne après une série de fusions dans le secteur. L'Etat
allemand détient une participation de 15% dans Commerzbank après
l'avoir sauvée pendant la crise, ce qui lui donne voix au
chapitre.
    A l'instar de Deutsche, Commerzbank a eu du mal à rebondir
et les autorités allemandes la disent vulnérable à une prise de
contrôle étrangère. Si un concurrent étranger s'en emparait, la
concurrence de Deutsche s'en trouverait augmentée sur son marché
domestique.
    Berlin veut également que la spécialité de Commerzbank - le
financement des moyennes entreprises, pilier de l'économie
allemande - reste entre des mains allemandes.
    
    A QUOI RESSEMBLERAIT UN ENSEMBLE COMBINANT DEUTSCHE BANK ET
COMMERZBANK ?
    Un groupe bancaire issu d'une fusion entre Deutsche et
Commerzbank serait fort d'environ 1.800 milliards d'euros
d'actifs et afficherait une valorisation boursière d'environ 25
milliards d'euros, un total qui le placerait aux alentours du
15ème rang européen, aux côtés de l'italien Unicredit  CRDI.MI 
et du belge KBC  KBC.BR . Il aurait un cinquième du marché
allemand de la banque de détail.
    Au total, Deutsche et Commerzbank disposent de 2.500 agences
en Allemagne et emploient 140.000 personnes dans le monde. Une
fusion mettrait en danger au moins 10.000 emplois, selon les
syndicats.
    
    QUI EST POUR ET QUI EST CONTRE UNE FUSION ?
    Les partisans d'une fusion comprennent le gouvernement
allemand et le fonds américain Cerberus, actionnaire des deux
banques (une part de 3% dans Deutsche Bank et de 5% dans
Commerzbank, selon des données Eikon). 
    Les opposants comprennent d'autres actionnaires de Deutsche
Bank et les syndicats.
    Le président du directoire de Deutsche Christian Sewing
préférerait disposer de plus de temps pour stabiliser la banque
avant de procéder à une fusion, selon des personnes au fait du
dossier.
    
    OÙ EN SONT LES DISCUSSIONS ?
    En février, le conseil d'administration de Deutsche a donné
son feu vert à Christian Sewing pour des discussions
exploratoires avec Commerzbank, selon une personne au fait du
dossier. Il y a eu des contacts au sein d'un petit groupe de
dirigeants. Les discussions pourraient se terminer sans accord,
a ajouté cette source.
    Maintenant que les discussions sont ouvertes - et que Berlin
cherche toujours à obtenir un accord -, les deux banques sont
sous pression pour élaborer un mécanisme de fusion et décider de
la viabilité ou non d'un rapprochement. Une décision à ce sujet
pourrait émerger dans les semaines qui viennent.
    
    QUELS SONT LES RISQUES D'UNE FUSION ?
    L'un des plus gros risques, selon des propos d'un
responsable allemand à Reuters, serait un trou financier de
plusieurs milliards d'euros qu'il faudrait combler si une fusion
déclenchait un ajustement de la valorisation de certains
investissements.
    Commerzbank, par exemple, dispose d'environ 30,8 milliards
d'euros de titres de créance, tels que des obligations
italiennes qui représentent désormais 27,7 milliards d'euros -
soit une décote de 3,1 milliards d'euros. Deutsche a des titres
similaires inscrits à leur valeur de marché dans ses comptes.
    Un accord de fusion ferait par ailleurs de l'Etat allemand
un actionnaire de la plus grande banque du pays et des
dirigeants préféreraient limiter son influence.
    Les deux banques pourraient également s'enliser dans une
restructuration, telle que l'intégration de systèmes
technologiques différents, ce qui leur ferait perdre du terrain
face à leurs concurrents.
    
    Y A-T-IL D'AUTRES OPTIONS POUR DEUTSCHE BANK ?
    Des responsables allemands ont eu des discussions
exploratoires sur une fusion entre Deutsche et UBS  UBSG.S  mais
l'idée n'a suscité que peu d'intérêt en Suisse, selon des
personnes au fait du dossier.
    Ces responsables estiment que s'en tenir au processus actuel
de Deutsche de réduction des coûts et des activités bancaires
les plus risquées ne permet guère d'espérer un redressement de
l'établissement. D'autant que la pression exercée par Berlin en
faveur d'une fusion complique la tâche de Deutsche. 
    Deutsche pourrait toujours réagir aux pressions de certains
investisseurs en réduisant encore ses activités de banque
d'investissement, en particulier aux Etats-Unis.
    
    POURQUOI DEUTSCHE A MAUVAISE PRESSE
    Deutsche a longtemps été impopulaire auprès de nombreux
Allemands qui voyaient en elle un symbole des excès du
capitalisme. Son image a été ternie par plusieurs dossiers
judiciaires. Selon son dernier rapport financier, Deutsche a
provisionné 1,2 milliard d'euros pour régler des litiges,
notamment pour des soupçons de blanchiment d'argent, soit plus
de trois fois son bénéfice de 2018.
        
    COMMENT DEUTSCHE AMÉLIORE SON IMAGE
    La banque a traité l'essentiel des actions en justice depuis
la crise financière et a amélioré ses finances.
    En annonçant son bénéfice réalisé en 2018, le premier depuis
2014, Christian Sewing a déclaré que le groupe bancaire était
"sur la bonne voie".

 (Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît
Van Overstraeten)
 

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