Le champion européen des semi-conducteurs mène tambour battant sa course à la miniaturisation des micropuces et de ses composants, qui joue désormais avec les limites de la physique. Son patron, Christophe Fouquet, se dit néanmoins confiant.

( ANP / ROB ENGELAAR )
Jusqu'où ira la course à l'infiniment petit? Hautement stratégiques, les microprocesseurs sont essentiels à la production d'une multitude d'appareils électroniques, des machines à café aux voitures électriques en passant par les smartphones, et sont aussi présents dans l'armement. Parmi les géants du secteur, le groupe néelandais ASML s'est fait une place de choix, grâce à sa maitrise technologique dans les machines de photolithographie pour l'industrie des semi-conducteurs. Ses machines EUV (Extreme Ultraviolet), de la taille d'un bus, permettent ainsi de fabriquer les puces les plus avancées.
Resserrer les transistors : le nerf de la guerre
Incontournable dans la vie de tous les jours, la puce électronique est un assemblage de plusieurs millions de transistors interconnectés. Le transistor, lui, est le plus petit élement d'une circuit électronique, qui permet de contrôler le passage du courant.
L'industrie des micropuces repose ainsi sur cette course effrenée à la miniaturisation des transistors, pour augmenter leur nombre sur une même puce, dont l'immense potentiel est aujourd'hui exploité aux frontières des capacités physiques.
En 1965, l'un des co-fondateurs de la société Intel, Gordon Earle Moore avait ainsi théorisé une loi selon laquelle le nombre de transistors présents sur une puce électronique pouvait doubler tous les ans à coût constant. Dix ans, il ajustait sa prédiction en évaluant à deux ans le temps nécessaire au progrès industriel pour doubler de la densité de transistors sur une puce. La "loi de Moore" s'est finalement arrêtée sur une extrapolation intermédiaire : entre 1970 et 2010, le nombre de transistors sur une puce a ainsi doublé tous les 18 mois environ. Cette "loi de Moore", qui s'est affranchie de son créateur avec le temps, a dicté pendant près d'un demi-siècle le rythme de l'industrie des puces. Mais l'évolution des techniques a remis en cause cette loi, devenue pour beaucoup obsolète.
"Pour la première fois, l'industrie cherche à aller plus vite que la loi de Moore. Tenir le rythme est de plus en plus compliqué, mais la demande pour la perfection ne s'arrête jamais", explique ainsi le PDG d'ASML, Christophe Fouquet, aux Echos , dans un entretien publié jeudi 6 juin.

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Son groupe a ouvert lundi 3 juin un laboratoire dans lequel ses clients pourront évaluer sa nouvelle machine, et son nouveau système baptisé High NA, qui améliore les performances de la technologue EUV.
"On parle de tailles très proches de celle de l'atome, on s'approche des limites physiques", explique l'ingénieur dans les colonnes des Echos , pour qui "le High NA va aider pour entrer dans l'ère de l'angström, dix fois plus petit que le nanomètre" .
Trois fois plus de transistors grâce au "High NA" ?
En 1945, le tout premier calculateur électronique de l'histoire contenait ainsi des transistors d'une quinzaine de centimètres. "A Taïwan, ils produiront en volume en 2 nanomètres dès l'an prochain", explique Christophe Fouquet.
Selon le PDG d'ASML, la nouvelle technologie développée par le groupe va aider pour entrer dans l'ère de l'angström (10 puissance -10 mètre, ndlr) dix fois plus petit que le nanomètre". "Ensuite, on sera à 1,4 nm soit 14 angströms et on parle déjà de 7 angströms", anticipe t-il déjà. "Aujourd'hui, il y a entre 200 et 300 milliards de transistors sur certaines puces. D'ici 2030, il y en aura mille milliards", indique t-il encore.
ASML emploie 42.000 personnes dans le monde, dont plus de la moitié sont basées dans son immense complexe de Veldhoven, au sud-ouest d'Eindhoven, et une part importante d'entre elles vient de l'étranger.
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