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Danone : trop sage dans un climat d'investisseurs trop impatients ?
information fournie par Cercle Finance 10/02/2021 à 18:45

(Crédits photo : Flickr - Anieszka Kubilus )

(Crédits photo : Flickr - Anieszka Kubilus )

Alors que l'année 2021 est rentrée dans sa 6ème semaine, les actionnaires de Danone ont enfin vu le titre repasser dans le vert, de 0,56% le mardi 9 février… car c'est exactement ce qu'il gagné ce jour-là.

Et comme le CAC40 engrange +2,5% depuis le 1er janvier, il se confirme que Danone continue de perdre du terrain par rapport la moyenne des valeurs françaises (après -26% en en 2020 contre -7,15% pour l'indice parisien) : toujours aucun signe de regain d'intérêt pour la valeur et son rendement de 4% n'a rien de spécialement attractif.

L'événement le plus commenté cette année, c'est l'inauguration le 26 janvier dernier du nouveau siège de la division française à Rueil Malmaison : 25.000M² sur 7 étages destinés à accueillir 1.700 salariés, dont ceux travaillant au siège historique du boulevard Haussmann.

Le PDG, Emmanuel Faber, en a profité pour rappeler que le groupe « recommande le télétravail 4 jours sur 5 et que les habitudes allaient se trouver durablement modifiées par la crise sanitaire ».

Une crise qui coûte cher à Danone en termes de ventes au travers de la fermeture des bars, cantines, restaurants, hôtels qui constituaient un important débouché pour ses eaux minérales (Evian/Salvetat, Volvic, Aqua…) en Europe comme aux Etats Unis.

Les autres divisions (produits laitiers, nutrition spécialisée/laits infantiles) sont moins touchées mais les analystes peinent à y déceler des relais de croissance.

La dernière grosse acquisition remonte à mi-avril 2017 : il s'agissait de WhiteWave (pour 11,3Mds$, et près de 12Mds$ au final), le géant américain de l'alimentation bio d'origine végétale, avec 22 % de parts de marché en Amérique du Nord (24% aux Etats Unis pour Silk, leader des laits végétaux).

Danone se hissait ainsi dans le top 15 mondial des entreprises « food & beverage », un virage stratégique salué à l'époque, malgré le prix jugé un peu élevé, le titre avait d'ailleurs pris plus de 15% au cours des 8 semaines qui avaient suivi l'annonce (entre 60 et 69E).

Mais 18 mois plus tard, en décembre 2018, Danone était revenu dans la zone des 60E et WhiteWave n'était parvenu à apporter le second souffle que les actionnaires attendaient.

Les dernières acquisitions ne s'avèrent pas décisives non plus, Danone était monté à hauteur de 40% (en 2016) à 95 % du capital de Michel et Augustin fin mai 2019 (déboursant 75 à 100MdsE) mais les ventes de « trublions du goût » qui auraient dû doubler de 50 à 100MnsE entre 2016 et 2021 ont peiné à décoller de la zone des 50MnsE, l'implantation aux Etats Unis s'avérant laborieuse, du fait d'un positionnement peut-être trop haut de gamme.

(NB : Danone tente aujourd'hui la diversification en lançant une ligne de pâte à tartiner « bio », concurrente du Nutella, signée « Michel et Augustin »).

Danone avait bénéficié d'une forte hausse des cours jusqu'à fin septembre 2019 (entre 61 et 82E), jusqu'au 1er gros accroc du 17/10/2019 -lors de la publication des résultats du 3ème trimestre 2019, avec une première révision à la baisse de ses objectifs de vente- dont Danone ne s'est jamais vraiment remis puisque le Covid est venu plomber la croissance au cours des trimestres suivants.

La lourde rechute du titre fin octobre est moins liée à la baisse de -9,3% des ventes publiée le 19 octobre (conforme aux anticipations) qu'à l'annonce -le 16/10- du départ de Cécile Cabanis, directrice financière, considérée comme la N°2 du groupe, une semaine avant la présentation d'un « plan d'adaptation » destiné à relancer Danone (le 23/11).

Les investisseurs ont aussitôt conclu à une divergence de vues sur la stratégie entre Cécile Cabanis et Emmanuel Faber, car ils se sont alors souvenus de la démission brutale de Francisco Camacho, le directeur de l'activité produits laitiers et végétaux début septembre.

Un mois plus tard (fin novembre), Emmanuel Faber a présenté un plan de restructuration de 1MdE (c'est à peu de chose près l'estimation du coût de la crise sanitaire), avec à la clé 2.000 suppressions de postes dont 400 à 500 en France (il n'y aura donc pas que des départs volontaires) afin de renouer avec la croissance et augmenter la rentabilité.

Malgré cette initiative, Emmanuel Faber voit de nouveau son leadership contesté par un fonds activiste, Bluebell Capital Partners (créé à Londres en 2019) qui a ramassé 5% du capital -sans que cela fasse beaucoup décaler des cours à la hausse par ailleurs l'automne dernier- et qui réclame son départ.

Bluebell Capital demande non seulement un changement de gouvernance mais également la dissociation des fonctions de président et de directeur général.

Emmanuel Faber réplique :"Il y a des gens qui ont peut-être intérêt à ce que Danone déraille. Mais cela ne me fera pas changer de cap".

Il se dit prêt en revanche à discuter de la « dissociation des fonctions » qui relève davantage de la culture anglo-saxonne qu'Européenne.

Mais en supposant qu'il accède à cette requête de Bluebell Capital Partners, qui peut croire que cela pourrait avoir une valeur d'électrochoc à la hausse pour le titre ?

Et même s'il négociait son départ, qui pourrait lui succéder en prétendant avoir su mieux faire en 2020 ? Un résultat net de 1,9MdsE en 2020, 15% de marge, ce n'est pas blâmable ni affligeant (d'autres fonds activistes s'en sont pris à des dirigeants français dont la gestion est bien plus contestable).

Certes, Nestlé a mieux résisté, ou même Unilever… mais ces 2 groupes sont beaucoup plus internationalisés et diversifiés.

Nestlé est moins endetté (moins de 36% du CA) que Danone (environ 50%) mais se paye 24 fois les bénéfices pour un rendement de 2,8%, contre 18 fois pour le groupe français et un rendement de 3,8% (le britannique Unilever affiche 40% d'endettement pour un PE de 21).

Quels leviers Danone pourrait-il actionner pour doper son cours de bourse ?

Jouer la carte du bio et de l'éthique, ce qui s'inscrit dans l'air du temps ? Emmanuel Faber va s'efforcer d'obtenir, d'ici 5 ans, la certification "B Corp" pour l'ensemble des filiales de Danone au niveau mondial », ce qui conforte la démarche qui a conduit à faire du groupe une "entreprise à mission" (qui se fixe des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux), un statut défini par la "Loi Pacte" de 2019.

Pour Danone, il s'agira de « façonner un environnement durable", en soutenant l'agriculture régénératrice.

Aux antipodes de cette vision éthique et long-termiste, beaucoup d'investisseurs -au premier rang desquels les fonds activistes qui visent des retours sur investissement rapides- espèrent surtout l'annonce d'une reprise des "rachats de titres" afin de susciter une hausse mécanique des cours par la raréfaction du nombre de titres en circulation.

Vu la récente multiplication des cas de gains à 1.000% et plus sur des micro-entreprises dont les acheteurs ignorent jusqu'à la raison sociale et les résultats (qui peuvent d'ailleurs être nuls ou lourdement déficitaires, cela n'a pas d'importance, seul compte le "narratif"), le climat hyper-spéculatif actuel se situe aux antipodes de l'état d'esprit qui convient pour investir -au vrai sens du terme- dans des sociétés rentables -avec un dividende récurrent- mais qui ne laisse guère de place à l'imagination et des anticipations débridées.

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