
( AFP / ALAIN JOCARD )
L'inflation est toujours là, mais le poids lourd de l'agroalimentaire Danone a commencé au premier semestre à vendre davantage de produits, au lieu de voir sa croissance uniquement tirée par les hausses de ses prix.
Le directeur général Antoine de Saint-Affrique, cité dans un communiqué mercredi, estime que cette reprise des volumes nourrit une "croissance de qualité".
Il avait expliqué, lors d'une présentation aux investisseurs en juin, viser justement une "croissance de meilleure qualité", ce qui suppose d'augmenter les volumes de ventes, en se concentrant sur les produits les plus rentables.
Face à la forte inflation de ces dernières années, les entreprises de l'agroalimentaire ont répercuté leurs hausses de charges (matières premières, énergie, emballages, transport, salaires...) dans les prix de vente des produits finis.
La facture s'est avérée rédhibitoire pour les consommateurs qui ont réduit leurs achats et privilégié les marques propres aux enseignes de supermarché (MDD), moins chères.
Le risque pour les grandes entreprises étant de perdre durablement des parts de marché et d'aboutir à un outil de production surdimensionné.
Voir la croissance des chiffres d'affaires portée par les volumes de ventes marque donc un retournement de tendance dans le secteur.
Chez Danone, le chiffre d'affaires, hors cessions et impact des taux de change, est en hausse de 4%, à 13,7 milliards d'euros, au premier semestre.
En prenant en compte la fin des activités en Russie - précipitée par la guerre avec l'Ukraine -, la vente d'autres actifs et l'effet négatif de la conversion avec les monnaies chinoise, indonésienne ou turque, il s'affiche toutefois en repli de 2,9%.
Le bénéfice net augmente de 11,5%, à 1,2 milliard d'euros, et la marge opérationnelle courante - indicateur de rentabilité scruté par les investisseurs - progresse légèrement (de 12,24% à 12,69%).
Des volumes en hausse aussi chez Nestlé
Les analystes de Jefferies s'attendaient à une moindre augmentation de l'activité au 2e trimestre et jugent le résultat de Danone "encourageant par rapport aux contre-performances des pairs", autrement dit de ses concurrents, sur la période, dans une note.
Vers 10H20 (08H20 GMT), le titre gagnait 4,01% à 61,20 euros, dans un CAC 40 à +0,92%.
L'action reste bien en deçà des 80 euros atteints en 2019 pour la multinationale qui veut rassurer les investisseurs sur sa capacité à générer davantage de profits.
"Cette croissance de qualité portée par les volumes permet d'investir dans les gammes performantes", plus rentables, comme les yaourts et compléments nutritionnels hyperprotéinés (HiPro, Fortimel), a souligné auprès de l'AFP une porte-parole de Danone, évoquant des "résultats qui nous rendent confiants pour l'avenir".
Le groupe se réjouit singulièrement de voir les volumes de ventes croître en Europe dans sa catégorie EDP, qui inclut yaourts et boissons à l'avoine, après "une dizaine d'années" d'érosion continue, a-t-elle ajouté.
Danone maintient ses objectifs annuels d'une croissance du chiffre d'affaires en données comparables comprise entre 3% et 5% pour l'année, assortie d'une "amélioration modérée de la marge opérationnelle courante".
Le leader mondial de l'agroalimentaire Nestlé, a de son côté abaissé la semaine dernière sa prévision de croissance des ventes pour 2024, car les hausses de prix dopent beaucoup moins qu'avant son chiffre d'affaires, et même s'il commence aussi à écouler davantage de produits.
Quant au spécialiste des fromages et compotes en portion Bel (Babybel, Vache qui rit, Boursin, Materne), il s'est félicité la semaine dernière de sa performance "très saine" au premier semestre, "tirée exclusivement" par les volumes.
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